Le Huitième Péché
sang !
— Et alors, rien. Rien du tout.
— Qu’est-ce que vous voulez dire ?
— Je veux dire que l’appartement n’existe plus. Il n’aurait d’ailleurs jamais existé, et Marlène n’aurait jamais habité dans cette maison.
— C’est que vous vous êtes trompé d’adresse. C’est tout à fait possible, vu les circonstances. D’ailleurs, dans certains quartiers de Rome, toutes les maisons se ressemblent.
— Possible, mais je connais la maison, je connais l’appartement dans lequel Marlène vivait. Je l’ai vu de mes propres yeux !
— Quand ?
— Le jour où Marlène a été assassinée…
Après un silence qui lui sembla éternel, Malberg entendit la voix préoccupée de Caterina.
— Vous voulez dire que…
— Oui, j’ai vu Marlène. Elle était dans sa baignoire. Elle était morte.
— Ce n’est pas vrai.
— Si.
— Pourquoi ne me l’avez-vous pas dit tout de suite ?
Malberg avala sa salive.
— Vous voulez entendre la vérité ?
— Naturellement. Vous êtes encore là ? s’enquit-elle après un bref silence.
— Je ne savais pas si je pouvais vous faire confiance. Voilà la vérité.
Caterina se tut un instant avant de reprendre :
— Je comprends. Et qu’est-ce qui vous a conduit à réviser votre opinion ? demanda-t-elle sur un ton où l’on pouvait déceler une certaine déception.
— Je ne pense pas que ce soit vraiment le moment de me confesser ou de me repentir. Mais, si vous voulez, je vous fais mes excuses.
— Pas la peine, répondit Caterina avec moquerie, avant d’ajouter, très sérieusement : le procureur de la République vient de délivrer le permis d’inhumer. J’ai appris par hasard que Marlène sera enterrée aujourd’hui à quatorze heures dans le cimetière Campo Verano.
— Tout cela est bien précipité. Vous ne trouvez pas ?
— Trop rapide. Je vais me rendre sur place pour observer de loin ce qui se passe.
— Vous n’imaginez tout de même pas sérieusement que vous allez trouver l’assassin de Marlène au cimetière.
— Non, mais la façon dont les choses se dérouleront là-bas m’intéresse. D’ailleurs, on rencontre des gens très intéressants lors des enterrements.
Les propos de Caterina lui parurent bien ironiques, mais peut-être se faisait-il tout simplement des idées.
— J’aimerais bien y assister moi aussi, juste pour voir, dit Malberg après avoir réfléchi un moment.
Il jeta un regard sur le cadran de sa montre. Il était presque quatorze heures.
— Où l’enterrement a-t-il lieu ?
— Au Campo Verano. C’est près de San Lorenzo fuori le Mura. Vous devriez vous mettre en route immédiatement. Je vous attends près de l’entrée principale.
Malberg dut traverser en taxi tout le centre-ville. À cette heure, dans les parages de la Stazione Termini, la circulation était dense. Il n’arriva à destination qu’au bout d’une heure environ.
De nombreuses personnes se pressaient devant le cimetière où les enterrements se succédaient toutes les demi-heures. Caterina semblait nerveuse. Malberg ne comprenait pas pourquoi.
— Il faut que je vous montre quelque chose, dit-elle en l’entraînant par le bras.
Ils arrivèrent devant un panneau posé à côté de l’entrée principale, sur lequel étaient répertoriés tous les enterrements de la journée, ainsi que les numéros des tombes.
— Vous ne remarquez rien ? demanda Caterina pendant que Malberg cherchait le nom de Marlène dans la liste.
Malberg hocha la tête.
— Êtes-vous sûre que nous sommes au bon endroit ?
Du bout du doigt, Caterina lui désigna une ligne de la liste : 14 h, Sconosciuto , 312 E .
— « Inconnu » ? Pourquoi inconnu ? demanda Malberg en se tournant vers Caterina.
— Quelqu’un semble avoir intérêt à ce que l’installation de la signora Marlène Hammer dans sa dernière demeure s’effectue dans la plus grande discrétion. Venez !
La tombe 312 E se trouvait dans la partie la plus reculée du cimetière.
Après être passés devant les mausolées pompeux de familles romaines influentes, ils arrivèrent, au bout d’une assez longue marche, à travers le désert des pierres tombales, à la concession indiquée.
Caterina tira Malberg par la manche.
— Regardez !
À quelques mètres d’eux, une douzaine d’hommes distingués, en noir, se tenaient devant une tombe ouverte.
Un prêtre en chasuble, flanqué de deux enfants de chœur qui balançaient
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