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Le Japon

Le Japon

Titel: Le Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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Ainsi, à Saipan, île desMariannes du Nord, au sud-est du Japon, en juillet 1944, alors que les Américains viennent de débarquer, les civils se jettent par milliers du haut des falaises. C’est aussi à Saipan que quelques pilotes japonais, conscients de l’enjeu stratégique de l’île – depuis laquelle un bombardement du sol japonais est possible –, lucides aussi quant à l’infériorité de leurs forces, décident d’aller s’écraser sur les navires ennemis.
    C’est donc au milieu de l’année 1944 que le suicide devient, au Japon, une stratégie systématique. Certes, ce n’est pas la première fois dans l’histoire que l’on a recours aux missions-suicides offensives, désignées par le terme de jibaku (littéralement, « autoexplosion »). Tout le monde connaît, au Japon, le nom des trois héros qui, en 1932, dans les combats de Shanghai, se précipitèrent, chargés de dynamite, contre les barbelés chinois afin d’y ouvrir une brèche 41 . Ce qui est nouveau, cependant, c’est que de tels exploits improvisés deviennent réguliers, massifs, planifiés. L’armée japonaise songe à l’arme absolue qui terroriserait l’ennemi et permettrait de desserrer son étreinte : la mort volontaire.
    Mi-juillet 1944, Tokyo apprend que les forces américaines ont repris le contrôle absolu de l’ensemble des Mariannes du Nord, qu’elles s’y regroupent et préparent une puissante offensive en direction des Philippines. Or ces îles constituent le dernier bastion important sur la route des îles japonaises. Leur contrôle par les Américains signifierait l’interruption définitive de l’approvisionnement du Japon en carburant et en combustible,l’asphyxie de l’industrie de guerre et l’obligation de reporter la défense sur les îles métropolitaines.
    La guerre sous-marine à outrance menée par les États-Unis prend, dès l’été 1944, une tournure catastrophique pour le Japon : la flotte de commerce nipponne, indispensable pour l’acheminement en matières premières, subit une destruction systématique. Le Japon se doit d’assurer la continuité d’une mince voie maritime de transport vers la métropole et de tout tenter pour conserver les Philippines. Chaque jour, à partir du début du mois de septembre, des pilotes d’avions de reconnaissance japonais scrutent le ciel afin d’y découvrir l’armada ennemie annoncée. Le 15 octobre, enfin, on repère la Task Force américaine à 450 kilomètres au nord-est de Manille. Aussitôt alerté, le commandement aérien décide de lancer une attaque massive à partir de l’aérodrome de Clark Fields, situé près de Manille.
    Cependant, comme c’est le cas depuis de nombreux mois, la supériorité américaine dans le combat aérien, tant numérique que qualitative, interdit aux aviateurs japonais l’approche des porte-avions. Un des bombardiers de l’escadrille japonaise, celui de l’amiral Arima, réussit pourtant, à la faveur d’un nuage, à s’approcher sans être vu, puis à piquer soudainement droit sur le Franklin , qu’il percute de plein fouet. Le porte-avions, hors d’usage, est retiré des zones de combat, tandis qu’au Japon la disparition héroïque de l’amiral Arima reportée par Radio Tokyo, apparaît comme la révélation d’une arme nouvelle.
    L’idée fait bientôt son chemin et, le 19 octobre 1944, le vice-amiral Onishi, qui commande les forces aéronavales des Philippines, arrive sur le terrain d’aviation de Mabalacat, à 100 km de Manille, avec l’intention deconvaincre ses hommes de l’infaillibilité et de l’honorabilité de cette nouvelle méthode d’attaque.
    Les Américains viennent de réussir un débarquement à Peleliu (à mi-chemin entre les Mariannes et les Philippines) et pilonnent les aérodromes du nord des Philippines. La destruction d’un grand nombre d’appareils au sol et la bataille navale qui se prépare ont persuadé le commandement japonais que les méthodes ordinaires sont insuffisantes. C’est ce qu’Onishi explique aux officiers qu’il a fait rassembler. Il s’agit donc désormais de charger les chasseurs Zero d’une seule bombe de 250 kilos et de s’écraser avec sur les porte-avions américains.
    La guerre du Pacifique entre dans la phase de «  la planification de la mort volontaire  » 42 . Ce plan correspond bien à la personnalité d’Onishi, homme fanatique et violent qui a participé à l’élaboration de l’attaque contre Pearl Harbor

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