Le Japon
politiques : entre 1926 et 1945, trois Premiers ministres et une douzaine de ministres sont assassinés…
58 . Ce pacte lie les trois puissances par un accord de défense commun, contre toute puissance non encore engagée dans la guerre européenne ou dans le conflit sino-japonais.
59 . Akira Kurosawa, Comme une autobiographie , Paris, Le Seuil/Cahiers du cinéma, 1985.
60 . Robert Guillain, J’ai vu brûler Tokyo , Paris, Arléa, 1990.
61 . MacArthur dirige le SCAP (Supreme Command of Allied Power) et a en fait tous les pouvoirs dans l’Archipel.
62 . Kazuo Kawaï, Japans’American Interlude , Chicago Press, 1960.
IV
QUAND LE JAPON S’ÉVEILLERA
Deux cents ans de fermeture ?
De 1639 à 1854, le shogunat des Tokugawa (époque aussi désignée sous le nom de leur capitale, Edo) refusa obstinément de rentrer en relation avec d’autres nations que les Hollandais, les Coréens et les marchands chinois, et interdit plus longtemps encore à ses ressortissants de quitter l’archipel : une longue période de « fermeture des pays » (sakoku) qui, à vrai dire, n’était pas une exception en Asie orientale, mais qui eut une influence déterminante sur l’évolution de ce pays. Que s’était-il passé ?
C’est la Chine des Ming qui, au XIV e - XVI e siècle, avait montré l’exemple en instaurant « l’interdiction maritime », une politique restreignant sévèrement le commerce maritime et la navigation pour mieux contrôler les populations côtières. Mais depuis les années 1530, l’exploitation de leurs gisements d’argent avait fourni aux Japonais une marchandise avidement recherchée par les marchands chinois. Des réseaux florissants de contrebandiers et de pirates, ainsi que les Portugais installés à Macao à partir des années 1550, permirent de tourner les interdictions des Ming pour échanger clandestinement l’argent japonais contre de la soie de Chine ; du coup, les autorités impériales chinoises elles-mêmes finirent par assouplir l’« interdiction maritime » en 1567. Surtout, après la période d’anarchie que traversa l’archipel japonais aucours du XVI e siècle, la renaissance d’un pouvoir fort avec la réunification du pays par Toyotomi Hideyoshi en 1590, puis la victoire de Tokugawa Ieyasu dix ans plus tard modifièrent la donne des relations internationales en Asie orientale.
Toyotomi Hideyoshi, très intéressé par les profits de ce commerce au long cours, souhaitait le développer encore davantage. Mais il aurait fallu pour cela en passer par les conditions du système de commerce tributaire des Ming, c’est-à-dire se reconnaître formellement vassal de la cour de Pékin. Le nouvel hégémon, qui avait conquis le pouvoir les armes à la main, n’envisageait nullement de s’humilier devant quelque souverain que ce fût, et ambitionnait au contraire de prolonger ses conquêtes hors de l’archipel. Son dessein grandiose n’aboutit cependant qu’à deux agressions désastreuses de la Corée en 1592 et 1597, et sa mort en 1598 mit un terme définitif aux tentatives pour réaliser ces rêves d’expansion.
Dès qu’il eut triomphé de ses rivaux en 1600, Tokugawa Ieyasu fit du rétablissement des relations avec la Corée et la Chine un des objectifs prioritaires de sa diplomatie. Mais les tentatives d’approche de la cour des Ming butèrent toujours sur des questions de préséance, et n’aboutirent jamais. Toutefois, des solutions de contournement permirent de continuer à s’approvisionner en marchandises chinoises : le Japon d’Ieyasu noua des liens avec la Corée et les royaumes vietnamiens ou des principautés du Sud-Est asiatique qui participaient officiellement au système de commerce tributaire avec les Ming, et offraient ainsi un accès indirect aux coûteux articles chinois. L’invasion et la transformation en protectorat de l’archipel des Ryûkyû par le fief de Satsuma en 1609 concouraient au même dessein : en prenant le contrôle de ce petit royaume tributaire de laChine, dont ils laissèrent en place la dynastie, les dirigeants japonais mettaient surtout la main sur ses échanges commerciaux avec la cour des Ming.
À partir des années 1600, les Hollandais puis les Anglais vinrent à leur tour offrir leurs services d’intermédiaires dans les trafics avec la Chine et le reste de l’Asie. C’est alors qu’Ieyasu établit son contrôle sur le commerce entre le Japon et l’étranger, en le réglementant par
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