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Le Japon

Le Japon

Titel: Le Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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d’Iemitsu, la sévère restriction des relations des Japonais avec l’extérieur fut considérée par les gouvernants comme l’une des lois fondatrices du régime des Tokugawa. Et de fait, la « fermeture du pays » constitua indéniablement un des fondements de la longévité et de la stabilité de la suprématie shogunale, en permettant sa coexistence pacifique avec de fortes autonomies régionales issues de la féodalité de la fin du Moyen Âge.
    Mais cette « Grande Paix » (taihei) de deux cent cinquante ans succédant aux luttes intestines de la période médiévale, et dont les shoguns Tokugawa firent une des principales justifications de leur hégémonie, ne doit pas faire oublier l’inspiration fondamentalement militairequi régentait l’ordre social et politique. Le sakoku était bien la condition sine qua non pour établir un contrôle idéologique et politique parfois assez pesant sur les populations japonaises. Sous couvert de traquer les « chrétiens cachés », on institutionnalisa la surveillance entre voisins et la responsabilité collective, les importations d’ouvrages étrangers furent étroitement contrôlés.
    Cependant, comme ses prédécesseurs, Iemitsu chercha, en réalité, à trouver un équilibre entre le prestige et la stabilité de son régime, et l’alimentation de l’archipel en productions venues de l’outremer. Car le volume des importations de marchandises chinoises ou exotiques, tout comme celui des exportations d’argent, continua à rester très élevé jusqu’à la fin du XVII e  siècle. La domination mandchoue sur la Chine ouvrit même une ère de stabilité et de prospérité en Asie orientale. Les Qing laissèrent les marchands chinois commercer avec l’archipel et, en feignant d’ignorer la mainmise des Japonais sur le royaume des Ryûkyû, maintinrent un commerce tributaire avec lui.
    En cette fin de XVII e  siècle, le Japon conservait trois ouvertures principales sur le monde extérieur : Nagasaki, Okinawa (la principale île de l’archipel de Ryûkû), Tsushima (une île au milieu du détroit de Corée). Il faut y ajouter les confins septentrionaux, dans les parages de l’île d’Ezo (actuelle Hokkaidô) et de la mer d’Okhotsk : les Japonais s’y procuraient auprès des Aïnous toutes sortes de marchandises très recherchées, des fourrures ou des produits de la mer par exemple, et même des soieries chinoises usagées.
    De son côté, le Japon continua à être, avec le Pérou, le plus grand pourvoyeur mondial d’argent, avant que ses gisements ne se tarissent à partir des années 1660 ; par la suite, ce fut son cuivre qui irrigua des courantsmonétaires jusqu’à la Baltique. Par l’intermédiaire de la Compagnie des Indes orientales hollandaise, les porcelaines japonaises se vendaient en Perse et en Europe, où les artisans de Delft ou de Meissen se mirent à les imiter. On le voit : la « fermeture » du Japon ne signifia nullement son retrait d’un commerce mondialisé depuis l’époque des Grandes Découvertes.
    En 1668, le gouvernement du quatrième shogun, Tokugawa Ietsuna, commença cependant à endiguer les exportations d’un argent devenu de plus en plus rare, avant que son successeur, Tsunayoshi, ne restreigne les importations de soie chinoise. Mais tout au long du XVII e  siècle, dans le contexte de la « Grande Paix » imposé par les Tokugawa, le Japon connut une formidable croissance. L’essor de la population, qui passa de peut-être 12 ou 15 millions d’individus au début de la période d’Edo à environ 31 millions en 1721, l’extension des terres cultivées, la prospérité des villes nouvelles, nourrirent l’augmentation et la diversification de la production, ainsi que l’intensification des échanges internes.
    C’est ainsi qu’au cours du XVII e  siècle, le coton, qui au Moyen Âge faisait encore figure de textile de luxe importé de Corée ou de Chine, fut produit au Japon en quantité suffisante pour devenir le principal textile d’habillement dans toutes les couches de la population. La diminution des importations de soie chinoise imposée par le shogunat stimula la production japonaise qui ne cessa d’accroître son volume et d’améliorer sa qualité pour répondre à la demande interne. Il en alla de même avec le sucre de canne, importé à grands frais au début de la période d’Edo mais produit en quantité au Japon dans la première moitié du XIX e  siècle.
    Dans ces

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