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Le Japon

Le Japon

Titel: Le Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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Dans chacune de ces ambassades, une place est accordée à des jeunes gens déterminés capables de retirer un très haut profit de leur séjour. À l’origine limité le plus souvent aux questions militaires, leur intérêt débordevite sur les questions techniques, la pensée, les mœurs, les institutions et même la culture.
    Le contact avec l’Occident provoque chez les Japonais un double réajustement des points de vue : les idées qu’ils se font de la Chine et du Japon évoluent considérablement en quelques années. Ils découvrent leur propre pays pour autant qu’ils découvrent les autres. La naissance d’un sentiment national débouche sur l’idée que le régime Tokugawa n’est plus un horizon politique indépassable. Les guerriers reconsidèrent le sentiment de loyauté qu’ils éprouvent vis-à-vis de leur seigneur. Nombreux sont, dans ces années, les jeunes samouraïs qui coupent le lien avec leur fief pour aller étudier à leur gré dans telle ou telle école, ou encore pour se mettre au service d’une cause. Ils deviennent des rônin , des guerriers sans maître.
    Le sentiment de crise donne aussi conscience à ces guerriers que les statuts sociaux figés tels qu’ils existaient dans le Japon des Tokugawa, un système où chacun est maintenu à son rang par une foule de prescriptions, sont obsolètes. Pour les samouraïs militants de la cause nationale, la marginalisation sociale est intolérable. L’abolition des statuts y remédierait. Ils seraient enfin reconnus pour ce qu’ils sont. Non pas de pauvres samouraïs de statut médiocre mais des talents au service du pays. L’abolition des anciens statuts de la société féodale permettrait aussi la prospérité. Sakamoto Ryoma, l’une des figures historiques de la restauration Meiji, explique : « Ce ne sont pas les antécédents familiaux mais la sagesse qui fait qu’un homme est noble ou vil, c’est son intelligence qui fait qu’on doit le respecter ou le mépriser. » L’abolition des anciens statuts sociaux constituera l’une des premières réformes d’envergure du nouvel État.

    Vers 1867-1868, la plupart des anciens partisans de l’expulsion des barbares sont désormais convaincus que la seule politique possible pour le pays, c’est son ouverture maîtrisée et l’assimilation rapide des technologies occidentales. Deux slogans de l’époque résument le problème. Faire du Japon « Un pays riche avec une armée forte » capable de tenir enfin tête aux pays occidentaux. « Assimiler les technologies occidentales en maintenant un esprit japonais », c’est-à-dire prendre aux Occidentaux ce qui fait leur force sans y laisser son âme. Les samouraïs hostiles aux étrangers et partisans de leur expulsion vers 1850 sont, moins de vingt ans plus tard, ceux qui portent à bout de bras la modernisation accélérée du pays.
    Dans les cinq ou six années qui suivent la restauration impériale, les réformes administratives et politiques s’enchaînent. Elles détruisent les fondements de l’ancien régime et contribuent à la création d’un ordre nouveau. Le gouvernement proclame l’ouverture du pays comme politique officielle. Il faut « dépasser les anciennes coutumes, se fonder sur la voie dans laquelle s’est engagée le monde », fait-on dire au jeune empereur. Les fiefs, seigneuries et principautés sont supprimés. Ils sont remplacés par des départements à la tête desquels sont nommés des préfets, fonctionnaires du nouvel État (1871). Les grands seigneurs, les daimyos, sont appelés par l’empereur à venir résider à Edo qui, en 1869, prend le nom de Tokyo, « la capitale de l’Est », et devient la nouvelle capitale impériale.
    Les anciens statuts sociaux sont également supprimés, levant les réglementations qui gênaient la vie quotidienne (des lois somptuaires par exemple limitaient, selon le statut social, le type de tissu et les couleurs portés ou encore certains types de coiffure). Laliberté de circulation est officiellement rétablie. Les gens du peuple désormais porteront un nom de famille, seront autorisés à monter à cheval. Ils ne salueront plus le front dans la poussière le cortège d’un grand, fût-il l’empereur lui-même. En 1876, le port du sabre est interdit, sauf pour les officiers de l’armée ou de la police.
    En 1872, une grande réforme de l’éducation vise à la création d’un enseignement obligatoire pour les garçons et les filles. L’année

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