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Le Japon

Le Japon

Titel: Le Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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ensuite remettre les versions japonaise et anglaise du texte.
    Parmi les journaux mis en vente dans les rues ce jour-là, on trouvait un nouveau titre au nom frappant de simplicité, Nihon – le Japon. Son fondateur était un jeune journaliste ambitieux de 31 ans, Kuga Katsunan, qui aspirait à résoudre la question qui tourmentait sa génération : que signifie être Japonais dans le monde moderne ?
    Si Kuga choisit le 11 février pour lancer son journal, c’était pour signifier que la Constitution marquait bien le succès de la modernisation, mais qu’elle symbolisait également l’ouverture d’un nouveau chapitre dans lequel le Japon devrait exprimer sa spécificité. En ce 11 février 1889, cependant, peu nombreux étaient ceux qui saisissaient la véritable portée des événements de la journée, ou comprenaient réellement le contenu de la Constitution. « Cette Constitution que l’on nous octroie, personne ne sait encore si c’est une pierre précieuse ou une tuile, et pourtant, tous s’enivrent déjà de son appellation. Ceci montre bien la stupidité de notre peuple », s’indignait déjà, quelques jours auparavant, Nakae Chômin, le traducteur de Rousseau en japonais.
    La Constitution était pourtant le fruit d’un long processus. Depuis le milieu des années 1870, les dirigeants de Meiji avaient été soumis à la pression d’une opposition libérale représentant des couches sociales rurales ayant bénéficié de l’amélioration de la situation économique, qui revendiquaient un droit de regard sur l’usage de leurs impôts. En outre, Constitution et élections étaient considérées par les gouvernants japonais comme des développements inéluctables, indissociables de l’avancée de la civilisation, et également indispensables pour mobiliser un véritable soutien populaire au régime.
    L’établissement d’un système constitutionnel dans les dix ans avait été annoncé dès 1881. La promesse fut tenue : la Constitution fut promulguée en 1889, et les premières élections se tinrent en 1890. La Constitution de Meiji fut un mariage de constitutionnalisme et d’absolutisme, destiné à renforcer l’unité nationale autour de l’empereur. Elle permit l’émergence de luttes politiques nouvelles, d’une ampleur sans précédent. Plus tard, dans les années 1920, elle servirait la diffusion d’idéaux et d’institutions démocratiques. Mais, dans le même temps, la séparation extrême des pouvoirs qu’elle institua devait également ouvrir la voie au renforcement du poids des armées, et à l’ascension du militarisme dans les années 1930. La Constitution de Meiji constituerait ainsi le cadre légal de la guerre et de la défaite. Et l’une des principales réformes de l’occupation américaine serait la promulgation, en 1947, d’une nouvelle Constitution.

Comment le Japon a envahi la Corée
    « Une guerre entre la civilisation et la barbarie » : voilà comment l’un des plus fameux penseurs japonais de la fin du XIX e  siècle, Fukuzawa Yukichi, définit le conflit qui, en 1894-1895, oppose le Japon à la Chine. Cette première guerre moderne menée par l’empire du Soleil-Levant, si elle eut bien pour enjeu principal la domination de la péninsule coréenne, fut en effet avant tout, pour le Japon, un moyen de s’élever au rang des grandes puissances occidentales.
    Dès le début de l’ère Meiji (1868), le Japon avait manifesté une volonté interventionniste en Corée, placée sous la suzeraineté traditionnelle de la Chine. Les années 1870-1880 avaient ainsi été marquées par la rivalité entre les prétentions japonaises et chinoises sur la péninsule. Finalement, en 1885, les deux pays avaient signé le traité de Tianjin, prévoyant un retrait militaire des deux puissances et la notification mutuelle de tout envoi futur de troupes. Traité qui signifia en fait la reprise en main de la péninsule par la Chine, grâce à son tout-puissant représentant à Séoul, Yuan Shikai.
    Début 1894, cependant, le gouvernement coréen se trouve confronté à une révolte paysanne de grande ampleur, encadrée par une nouvelle religion syncrétiste locale, le tonghak . L’armée est rapidement débordée, etplusieurs villes tombent aux mains des rebelles. Enfin, le 4 juin 1894, le roi Kojong appelle la Chine à la rescousse. Trois jours plus tard, celle-ci, conformément au traité de Tianjin, informe Tokyo qu’elle s’apprête à répondre

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