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Le Japon

Le Japon

Titel: Le Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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Le protocole de Kyôto, qui comme son nom l’indique, a été proposé par les Japonais et adopté en 1997, va dans ce sens.
    Surtout, en 1992, la loi sur les opérations de maintien de la paix (PKO, Peace Keeping Operations ) est votée : l’aide humanitaire japonaise peut prendre la forme d’interventions « militaires ». Le Japon a ainsi pu participer à plusieurs missions de l’ONU, la première au Cambodge à partir de septembre 1992 85 .
    Au lendemain du 11 septembre 2001, une loi antiterroriste est votée, permettant d’accroître le champ d’action des forces d’autodéfense japonaises mais toujours dans un cadre strictement humanitaire. Cela a permis d’apporter un soutien logistique aux États-Unis durant leur attaque contre l’Irak. Cette mesure a été voulue par le Premier ministre très pro-américain de l’époque, Koizumi Junichirô, qui était prêt à soutenir inconditionnellement l’administration Bush – l’opinion publique était, elle, majoritairement défavorable à l’intervention en Irak. L’ensemble de sources de pouvoir non-militaires (économiques, humanitaire mais aussi culturel) représente ce qu’on appelle le « soft power ».
    L’H.  : Diriez-vous que le Japon aujourd’hui est une puissance ?

    K. P.-V.  : S’il y a une puissance japonaise, c’est une puissance « postmoderne », qui n’est pas fondée sur le rapport de force. Elle se fonde sur l’économie, la culture, la capacité d’intervention dans les institutions internationales sur les questions d’environnement, d’aide humanitaire, de promotion de la démocratie. Le Japon est très présent à l’ONU dont il est un des très gros contributeurs (il n’a d’ailleurs pas renoncé à obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité). L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Haut-Commissariat aux réfugiés ont longtemps été tenus par des Japonais ; l’envoyé spécial de l’ONU en ex-Yougoslavie était un Japonais.
    Les Japonais agissent souvent dans les coulisses, avec discrétion. Ainsi dans les comités parallèles aux réunions de l’Asean+3 (l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est à laquelle se joignent le Japon, la Chine, la Corée du Sud 86 ). Ils y discutent des manières de soutenir les ONG, la société civile pour aider les mouvements démocratiques.
    Mais est-ce que le monde est prêt pour cette forme d’intervention ? Pour une puissance qui fonctionne par la loi, par le droit, par la consultation, et non par la force ? Je n’en suis pas sûre. On a pu le penser durant une courte période, entre la chute du mur de Berlin et le 11 Septembre : on a cru à la gouvernance globale, au triomphe du multilatéralisme. Sur ce plan, le Japon est proche de l’Union européenne (UE) : l’un et l’autre croient au pouvoir par la norme (imposer au monde des normes économiques, financières, écologiques). En ce sens, le Japon, comme l’UE sont ce que j’appelle des « puissances paradoxales ».

    L’H.  : Le Japon ne souhaite-t-il pas devenir une puissance « normale », dotée d’une véritable armée ?
    K. P.-V.  : Les Japonais peuvent aujourd’hui discuter de l’article 9 de la Constitution, de son interprétation, de ses amendements possibles – c’est nouveau. Mais ils ne sont pas prêts, dans leur grande majorité, à abandonner le pacifisme. Année après année les sondages d’opinion montrent que la majorité des Japonais reste attachée à l’article 9. Je ne crois pas possible de mobiliser la population japonaise sur une position de puissance classique. Et le spectre d’une guerre avec la Chine n’est simplement pas possible.
    Notes
    81 . Cf. K. Postel-Vinay, L’Occident et sa bonne parole , Flammarion, 2005.
    82 . Ce traité ouvre la voie de la domination japonaise de la Corée et apporte à la Grande-Bretagne le soutien des Japonais dans sa rivalité contre la Russie.
    83 . Rappelons qu’ils ne disposent aujourd’hui que d’une armée défensive de 250 000 hommes environ ainsi que de forces d’interposition généralement déployées sous l’égide de l’ONU.
    84 . Cf. K. Postel-Vinay, « Le Japon, une puissance paradoxale », Questions internationales n o  30, mars-avril 2008.
    85 . Un Japonais y a trouvé la mort, créant un grand choc dans l’opinion (c’était le premier soldat japonais mort depuis 1945).
    86 . Créée en 1967, l’ASEAN regroupe l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines,

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