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Le jardin d'Adélie

Le jardin d'Adélie

Titel: Le jardin d'Adélie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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qu’ils s’étaient fait bousculer dans des rues étroites et encombrées, couvertes de crasse. Dire qu’il allait lui falloir abandonner l’enfant bien-aimée dans cet univers ignoble. Il se pencha en avant et lui rappela une phrase qu’il avait puisée dans la sagesse orientale :
    — Avant de parler, assure-toi que ce que tu vas dire est plus beau que le silence.
    Un jeune homme bien mis s’approcha et se découvrit, avant de dire :
    — Veuillez m’excuser, mais je n’ai pu m’empêcher d’entendre votre requête auprès de cette jeune personne qui est, ma foi, d’un tempérament fort irascible. Il se trouve que je possède justement un hôtel rue de Montmorency. Je n’y connais aucune dame Garnier. Par contre, je connais bien une librairie, c’est-à-dire la mienne, mais qui est sise au carrefour des rues de Marivaux et des Écrivains. Il me sera très agréable de vous y accompagner. Après votre dîner, bien sûr, et seulement si vous y consentez.
    — Messire, j’accepte votre offre avec toute ma reconnaissance, dit Lionel qui se leva et se découvrit à son tour. Les yeux vifs de l’homme pétillèrent avec malice et il murmura :
    — Oh, je comprends maintenant pourquoi vous ne vous êtes pas décoiffé devant la vacelle. Peut-être auriez-vous dû.
    — Je ne vous cache pas que j’en ai eu très envie… Vous joindrez-vous à nous ?
    — D’accord. J’ai déjà dîné, mais il me reste encore un peu de ce bon vin que j’ai d’ailleurs payé fort cher.
    Le gobelet de l’homme changea de table.
    — Bonjour, petite, dit-il aimablement.
    — Bonjour, messire. Vous au moins, vous êtes bien, même s’il y a des cheveux sur le dessus de votre tête.
    — Jehanne, dit Lionel.
    — Eh ! eh ! Laissez, laissez. Elle a tout à fait raison, dit l’homme en se flattant le crâne.
    Il fit un clin d’œil à Jehanne et lui dit :
    — La tonsure rend l’homme sage. J’en aurai une moi aussi un jour, lorsque mes cheveux deviendront tout blancs.
    — Moi aussi, j’en veux une, dit Jehanne.
    Comme ils éclataient de rire, elle fronça les sourcils.
    — Les femmes n’ont pas de tonsure, voulut préciser Lionel.
    Il se plaqua une main sur la bouche. Jehanne se renfrogna et croisa les bras. Elle dit, la mine boudeuse :
    — Ça veut dire que je ne serai jamais sage ? Je veux redevenir un garçon.
    — C’est une longue histoire, dit le moine à l’homme qui haussait les sourcils.
    — Je vous crois. Étant libraire, je raffole des longues histoires. Cela dit, ne vous sentez pas obligé envers moi.
    — Libraire, vraiment ? J’ai peine à le croire. Je suis, quant à moi, bibliothécaire. Du moins, je l’étais jusqu’à tout récemment.
    — Décidément, la Providence a voulu que nos routes se croisent. Si le cœur vous en dit, je vous invite à venir passer un moment chez moi. Je viens d’acquérir quelques précieux ouvrages qui, j’en suis persuadé, sauront émoustiller votre intérêt de connaisseur.
    — Ce sera avec grand plaisir. Car, voyez-vous, c’est à cette dame Garnier que je devais conduire l’enfant.
    — Ce nom ne me dit, hélas, rien du tout. On vous aura mal informé.
    — Mange, Jehanne, dit Lionel à l’enfant qui les regardait d’un air sombre.
    Il s’adressa de nouveau au libraire.
    — Il faut pourtant que je la trouve. Je ne suis pas en mesure de garder l’enfant avec moi ce soir.
    — Je vois. Écoutez, il sera toujours temps d’entreprendre des recherches demain, après-demain ou lorsque cela vous conviendra le mieux. En attendant, la petite pourrait loger chez moi. Ma maison est spacieuse et paisible. Du moins elle l’est lorsque aucune de mes expériences ne tourne mal. Seigneur, le nombre de fois où je suis obligé d’y passer le balai ! Quoi qu’il en soit, l’enfant y sera bien tout le temps qu’il faudra en attendant votre retour.
    — Soyez remercié, messire, mais je ne veux pas abuser de votre générosité. Nous pouvons toujours nous rendre chez les religieuses.
    — Mais puisque je vous offre mon hospitalité de grand cœur ! Permettez-moi d’insister. Mon épouse, Pernelle, adore les enfants. Elle sera ravie.
    — Dans ce cas…
    — Nous y allons ? La soupe était bonne, à ce que je vois. Ils se levèrent. L’homme se retourna soudain et dit :
    — Au fait, j’ai oublié de me présenter. Mon nom est Nicolas Flamel.
    *
    Ils descendirent à la file indienne l’escalier de pierre rendu glissant

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