Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le jardin d'Adélie

Le jardin d'Adélie

Titel: Le jardin d'Adélie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
Vom Netzwerk:
présent.
    Son cœur battait la chamade. Il eut l’impression que son poing serré cognait trop fort à la porte. Il retint son souffle et y colla l’oreille. Le bois qui résonna juste à sa hauteur le fit presque bondir en arrière ; on eût dit qu’Églantine avait attendu son arrivée, qu’elle s’était postée sur le seuil pour l’attendre. La porte s’ouvrit. Ils restèrent plantés là tous les deux et se dévisagèrent, soudain intimidés. Il n’y avait personne d’autre en vue dans la meunerie. Églantine ouvrit grand la porte et se déplaça, en disant :
    — Entre.
    — Merci.
    Guindés comme ils ne l’avaient jamais été auparavant, ils se firent à nouveau face, ne sachant que faire pour briser cette réserve inopportune. Louis inspira profondément et prit son courage à deux mains pour rompre la glace :
    — J’ai un cadeau pour toi. Tiens, dit-il.
    Et il lui remit son petit paquet après avoir accroché la grappe de muguet fatiguée dans ses cheveux.
    — Oh, c’est ravissant !
    Églantine admira le présent un peu avant d’en dénouer le ruban.
    — Des petites douceurs, dit-elle avant d’en goûter une.
    — Elles sont parfumées à l’anis, précisa-t-il, au moment où elle avait déjà pu s’en rendre compte par elle-même.
    — J’adore l’anis. Et la musique.
    La jeune fille s’approcha et prit les mains de Louis. Elle dit, d’une voix émue :
    — Tu es comme une musique pour moi. Tu sais, l’une de ces mélodies que l’on est incapable d’oublier, même après ne l’avoir entendue qu’une seule fois. C’est parce que ce sont des mélodies que l’on a en soi. Depuis toujours.
    — Alors… alors cela veut vraiment dire que… tu acceptes ? demanda-t-il, incrédule.
    — Ai-je l’air de quelqu’un qui refuse ? Louis, toute notre vie sera une mélodie.
    Des larmes brouillèrent la vue du jeune prétendant. Les deux amoureux s’étreignirent.
    — J’aime bien la musique, moi aussi, dit Louis d’une voix rauque en clignant des paupières.
    Il ne s’était jamais vraiment soucié de musique auparavant, et chez lui personne ne chantait plus. Mais parce qu’Églantine l’acceptait, lui, parce qu’elle était si gentille et qu’elle aimait la musique, il se sentit lui aussi disposé à l’aimer.
    — Églantine…
    C’était la première fois qu’il prononçait son nom à voix haute, comme pour se gaver de sa présence. Ce nom lui était devenu si plaisant à l’oreille qu’il s’en voulut de l’avoir déjà appelée Coquelicot. Un tel sentiment de plénitude déferla en lui qu’il crut défaillir. Le monde semblait n’avoir pas tout à fait existé avant cette minute. Il demanda :
    — C’est vrai que tu m’aimes ? Tu m’aimes vraiment ? Je suis mauvais.
    Églantine lui prit le visage à deux mains et lui sourit :
    — Non, tu ne l’es plus. Parce que je t’aime.
    Jamais de sa vie il n’avait éprouvé une telle satisfaction. Une vie pleine, durable et bien réelle s’offrait à lui, comme un fruit mûr sur sa branche. Il n’avait qu’à tendre la main pour y goûter. Mais il se garda bien de le cueillir tout de suite ; il désirait d’abord admirer le fruit, il se délectait rêveusement de sa beauté, de sa perfection, savourant déjà sur sa langue son jus tiède. Il songea que s’il précipitait les choses et rompait cette bienheureuse attente, quelque chose allait voler en éclats, quelque chose qu’il ne souhaitait pas perdre.
    Les Bonnefoy trépignaient de joie derrière la porte close de l’étage. Fripon, le meunier sourit à sa femme et chuchota :
    — Notre princesse a enfin trouvé son roi.
    Pour les convenances, ils durent se résoudre à envoyer Edmonde au rez-de-chaussée afin de séparer le jeune couple.
    *
    La température, cette vilaine farceuse, avait choisi ce lundi pour exhiber sa première véritable journée de printemps. Presque toute la neige avait déjà fondu et certains cours d’eau avaient semé les retailles de leurs sculptures grisâtres dans les champs avoisinants. Mais, ce jour-là, le soleil avait enfin daigné montrer sa figure bien nettoyée à l’aide de sa touaille* de nuages.
    — Donne, je m’en occupe, dit Louis.
    Un peu surpris d’être intercepté à la fin de ses livraisons, Hugues se dépêtra de sa hotte presque vide et la lui remit, en disant :
    — Ça va à la taverne du Cerf royal.
    — Je m’en charge. Tu peux partir. À demain.
    Louis remit quelques

Weitere Kostenlose Bücher