Le jeu de dupes
enfin pourquoi ce duel serait si scandaleux qu'il en soit réduit à l'assassinat pour qu'on ne l'apprenne pas ? Tout le monde sait qu'un combat est susceptible d'entraîner la mort de l'un des participants et tous acceptent le principe de la nécessité du caractère secret de tels affrontements : un bretteur peut succomber, conclut-il, excédé.
Aussitôt il vit la porte s'entrouvrir pour laisser passer l'eunuque de la dame à l'expression hostile. Mizgin rit en lui intimant l'ordre de se retirer, s'abstenant de rectifier son décolleté mis à mal par la poigne de son visiteur qui laissait apercevoir une gorge voluptueuse.
– Un homme peut mourir… mais certainement pas une novice échappée d'un couvent ayant usurpé l'identité de son frère pour se soustraire aux recherches entreprises par sa famille. Pour quelqu'un ne supportant pas les railleries et qui veut recevoir la plus haute distinction ecclésiastique ainsi que l'approbation de la haute société, avouez qu'il y a mieux que d'occire une damoiselle. Bien sûr il ne le savait pas, néanmoins cela n'aurait rien changé aux yeux de ses détracteurs et à l'opprobre que cela aurait engendré. Il a tout fait pour étouffer l'affaire, grandement aidé par la famille de la victime qui voulait éviter le scandale. Il faut croire qu'un curieux, et je soupçonne Violette de Goyon, ait eu vent de l'affaire et ait réuni des preuves pour le faire chanter.
François se laissa aller sur les coussins. Il comprenait mieux ce qui avait pu pousser Gondi à s'associer avec le Crochu pour retrouver Violette. La situation avait certainement dégénéré. Il fallait lui apprendre la vérité au plus vite car si le portrait qu'en avait dressé Mizgin était fidèle au personnage, il restait un réel espoir de sauver Nolwenn.
– Vous m'avez dit que vous savez où il se cache ?
– Se cacher est un grand mot. On m'a rapporté qu'il s'est enfermé à l'archevêché pour rédiger un des pamphlets dont il a le secret, visant certainement cette fois-ci le Grand Condé dans l'espoir de gagner le cœur de la reine. Vous l'y trouverez là-bas à n'en point douter, son cloître est son refuge favori.
François réfléchissait déjà aux hommes qu'il emmènerait et au nombre qu'il fallait réunir pour affronter Gondi quand il sentit la main de la Persane agripper son bras.
– Et votre promesse, Chevalier, il faut vous acquitter de votre dette.
– Je l'honorerai, Madame. Annoncez-moi la somme qui vous semble juste et je vous la fais parvenir dans l'heure.
– Il me semble, Seigneur, que vous avez tout ce qu'il faut ici.
Sur ce la belle dégrafa le manteau d'intérieur qui la recouvrait et le laissa lentement glisser jusqu'au sol. Sous l'effet de la fraîcheur les pointes de ses seins durcirent et elle profita de la stupéfaction de François pour s'emparer de son poignet afin de l'obliger à se rapprocher de la cheminée dissimulée au bout de la pièce devant laquelle étaient étalées plusieurs peaux de bête. Uniquement vêtue d'un dessous transparent, elle s'offrit à son invité sidéré par son comportement,partagé entre l'envie de la quitter au plus vite et le désir impérieux de prendre possession de cette femme qui se livrait sans retenue, l'indécision le figeant sur place.
Alors que son esprit lui intimait l'ordre de se ressaisir, son corps réagissait à la chaleur de sa tentatrice occasionnant une pulsion violente presque douloureuse. La tension insoutenable qu'il ressentait exigeait qu'il se laisse aller à cet élan et, sans pensée réellement consciente, il tendit la main vers celle qui se donnait sans fausse pudeur et l'attira, collant ses lèvres sur cette bouche entrouverte. Elle le débarrassa de sa redingote puis de sa chemise avec un petit rugissement de victoire.
La première étreinte fut violente avec des baisers qui tenaient plus de la morsure, François ne ménageant pas une partenaire qui ne souhaitait pas l'être, la pénétrant brutalement, leurs cris rauques se mêlant à l'unisson. Enfin François la laissa pantelante sur les coussins. Il crut pouvoir se relever lorsqu'elle l'agrippa en le faisant retomber sur elle.
– Frappe-moi, exigea-t-elle.
François ne comprenant pas assez vite à son goût, elle le griffa au cou jusqu'au sang.
– Frappe-moi, réitéra-t-elle en faisant mine de faire un geste menaçant vers sa virilité.
François eut alors l'impression qu'on ouvrait une digue à l'intérieur de lui permettant
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