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Le jour des barbares

Le jour des barbares

Titel: Le jour des barbares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alessandro Barbero
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condamner à mort et exécuter. Le fils du
général avait eu la vie sauve, à condition toutefois qu’il prenne sa retraite, et
il était retourné vivre sur ses terres, en Espagne.
    Ces derniers événements avaient eu lieu en 376. Deux ans
plus tard, Gratien devait trouver un candidat pour l’empire d’Orient, quelqu’un
dont les épaules seraient assez robustes pour se charger d’une tâche effrayante,
étant donné le point où en étaient les choses. Il fallait en outre que ce choix
fût populaire auprès des soldats, sans quoi Gratien lui-même aurait commencé à
voir son autorité remise en question. Il se souvint donc de Théodose, le fit
revenir d’Espagne et, en janvier 379, le proclama Auguste et lui confia l’Orient.
Ce choix se révéla tout de suite excellent. Théodose était un militaire, mais
pas du genre obtus ; il était cruel s’il le fallait, mais il avait le sens
politique ; il savait accepter le compromis lorsque c’était inévitable, mais
il savait aussi résoudre les problèmes à la racine quand il pensait que la situation
l’exigeait. Il simplifia brutalement, par exemple, la question religieuse. Au moment
de sa nomination à la tête de l’empire, il n’était même pas chrétien, mais il
se fit aussitôt baptiser et se rangea du côté des catholiques plutôt que des
ariens. C’était probablement un choix obligatoire pour un Occidental, parce qu’en
Occident l’arianisme était quasi inexistant, mais Théodose en tira les
conséquences politiques. Le nouvel empereur allait mettre fin, une bonne fois
pour toutes, aux controverses religieuses qui semaient la discorde chez ses
sujets et qui, à l’époque de Valens, avaient affaibli l’autorité impériale ;
il ne tolérerait plus que ces disputes théologiques pour intellectuels grecs
menacent la stabilité de l’empire d’Orient. Un an après avoir pris le pouvoir, Théodose
publia un édit de trois lignes, décrétant que les sujets de l’empire étaient
désormais tenus d’observer la seule vraie religion, à savoir la religion catholique ;
toutes les autres sectes chrétiennes étaient dissoutes d’office, ne pouvaient
plus posséder d’édifices religieux ni pratiquer leur culte, et si quelqu’un n’était
pas d’accord, il serait puni non seulement par Dieu dans l’autre vie, mais
aussi par les autorités dans celle-ci.
    L’édit par lequel Théodose imposa le catholicisme comme
religion d’État fut promulgué à Thessalonique en 380. Il est emblématique de la
méthode expéditive que le nouvel empereur entendait mettre en œuvre, caractérisée
par une simplification drastique des problèmes. Ce texte visait avant tout les
ariens, condamnant pratiquement leur église à mourir d’une lente asphyxie. Avec
les païens, Théodose fut d’abord un peu plus circonspect, mais quand il se
sentit suffisamment fort pour le faire, il intervint là aussi de façon radicale.
Les sacrifices étaient déjà interdits depuis longtemps ; en 391, l’empereur
supprima définitivement tous les cultes païens, ferma les temples et interdit
sous peine de mort de professer le polythéisme ; l’année suivante, il
étendit cette interdiction aux cultes privés des Lares et des Pénates.

3.
    Avec les Goths, il était impossible d’adopter une approche
aussi monolithique, et Théodose sut gérer la crise de façon beaucoup plus
souple. Une guerre était en cours ; la première chose à faire était par
conséquent de reconstituer une armée et de reprendre les opérations contre les
Goths, pour faire comprendre aux barbares que, malgré leur grande victoire à
Andrinople, l’Empire romain n’était pas encore vaincu. Sans perdre de temps, Théodose
édicta des lois très sévères, aux termes desquelles les bureaux de recrutement
devaient enrôler séance tenante tous les conscrits, en ne tolérant plus ni
exemptions ni pots-de-vin ; tous les propriétaires d’exploitations
agricoles devaient fournir leur quota d’hommes choisis parmi les ouvriers qui
travaillaient pour eux ; tous les déserteurs, et aussi tous les hommes
légalement assujettis au service militaire mais qui, d’une façon ou d’une autre,
avaient évité de l’effectuer, devaient se présenter dans leur régiment sous
peine de mort. Les bureaux de recrutement étaient autorisés à appréhender sans
la moindre formalité les fils de soldats, les vagabonds et les chômeurs sans
domicile fixe, ainsi que tous les immigrés capables de

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