Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le jour des reines

Le jour des reines

Titel: Le jour des reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
qu’il avait remué. Il l’avait poussé à droite ? Cette fois, il l’enfonça dans la gorge opposée, dégageant une fente de l’épaisseur d’une lame d’épée. Mieux valait tout de même, avant d’entrer, jeter par cet interstice un coup d’œil préalable.
    La disposition des meubles semblait la même qu’à l’étage supérieur mais au-dessus du lit, au lieu d’une tapisserie, on avait accroché un massacre de cerf.
    « Où sont-elles ? »
    Il vit un peu de chair remuer sur le lit et perçut le faible heurt de quelqu’un qui s’asseyait sur un matelas de paille fine. Son cœur battit avec une espèce d’angoisse. Il appuya davantage son front sur le bois puis tenta d’agrandir la faille trop étroite, poussant le relief du panneau de ses ongles.
    « Holà ! »
    Éthelinde se mouvait, toute proche, remuant ses bras comme des ailes et respirant à grands traits pour le plaisir de voir se gonfler sa poitrine opulente, blondie à force d’avoir été exposée au soleil dans ce refuge où, sans doute, jamais aucun homme n’entrait. Ces deux bourgeons sertis d’une corolle rose, et ces nobles contours, en avait-il rêvé !… Sa coiffure, réunie en une seule tresse, lui coulait dans le dos comme un serpent d’argent dont la queue fourchue oscillait sur ses reins… Belle ? Non, mieux encore ! Était-ce cette magnificence accomplie que Zénon appelait la Fleur de la Vertu quand il voulait louer la beauté d’une femme ?
    « Bon sang ! Je succéderais volontiers à Henry de Ringwood ! »
    Des jambes longues aux jarrets soyeux, pleins de vigueur ; des hanches bien rondes embellissant le creusement de la taille… Des copeaux de soleil dansaient sur les fesses dures ; comme s’ils la brûlaient, Éthelinde y passa ses paumes puis se détourna d’une torsion, face à la porte.
    Mousse blafarde qui, plutôt que de la cacher, soulignait la brève ténèbre de sa féminité… Toucher, effleurer cette chair ; poser ses lèvres où que ce fût et se perdre aux tréfonds de tant de vénusté pour s’y liquéfier à coups de reins drus et voluptueux…
    Éthelinde renonça aux mouvements qui l’habillaient d’ombres et de nacrures, bouchant la vue d’Ogier. Il ne put qu’enrager tandis qu’un petit rire, celui d’Odile, bruissait comme un feuillage à la brise.
    — Elle n’est pas sa cousine. C’est elle-même qui l’a dit à Maude. Elle se partage entre Dartford et sa femme… Eh là ! que te prend-il ? Je te vois bien rêveuse !
    — Tu ne cesses de m’en parler ! On dirait que tu en es amourée.
    D’une voix amusée, sûre d’un avantage, Odile demanda :
    — Cela te courrouce ?
    Éthelinde fit un pas de côté. Sa sœur apparut, étendue sur le lit, nue, la nuque sur un oreiller où elle s’enfonçait à peine. Il y eut quelques mots coléreux chuchotés, puis :
    — Et ta trahison, Éthelinde chérie ? Ringwood fut un membre de trop dans notre affection. Tu pouvais, souviens-t’en, refuser ce mariage. Mais non : il était beau et tu voulais savoir… J’ai fleureté avec Maude pour te punir. Tu m’avais… émerveillée et tu m’abandonnais !
    — Ta mémoire défaille, Odile !… Sitôt que s’absentait Henry, tu me voyais accourir. À peine s’était-il éloigné de cent toises que je te languotais à te tirer des larmes.
    Un rire, puis un second : roucoulades de colombes.
    — Tu n’avais alors ni tétons ni rondeurs et des lèvres d’honneur sans plus de duvet que ta bouche. Maude était presque ainsi quand elle s’est jointe à nous.
    Ogier doutait de ce qu’il entendait. Après la révélation de son meurtre en instance, voilà qu’il violait l’intimité de deux filles en rut. Dans les luxuriances de cet après-midi d’or et de touffeur mêlés, cette luxure, dévoilée tout aussi crûment que ces corps si beaux à entrevoir, le laissait pantois, indiciblement gêné d’être ce qu’il était : un homme seul ; un homme en mal d’amour sinon d’accouplement. Odile était belle, elle aussi, une jambe repliée, l’autre allongée, puis inversement, dans une sorte d’excitation née de la seule contemplation de son aînée. Deux courants circulaient en elle, semblait-il : une envie de commencer ou de recommencer quelque chose dont elle était friande, et celle de sombrer dans une quiétude qui participerait du sommeil. Un plaisir, une démangeaison, une invite fit glisser ses doigts entre ses cuisses. Éthelinde aussitôt

Weitere Kostenlose Bücher