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Le Journal D'Anne Frank

Le Journal D'Anne Frank

Titel: Le Journal D'Anne Frank Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Frank
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sujets de conversation. D’abord nous avons parlé des querelles et de mon changement complet de point de vue ; puis de notre éloignement croissant pour nos parents. J’ai parlé à Peter de Maman et Papa, de Margot et moi. A un moment donné, il a demandé : « Vous vous donnez sûrement toujours un baiser pour vous souhaiter bonne nuit ?
    — Un baiser ? Un tas, tu veux dire, pas toi, je crois ?
    — Non, je n’ai pratiquement jamais embrassé personne !
    — Pas même pour ton anniversaire ?
    — Là, si, c’est vrai. »
    Nous nous sommes dit que tous les deux nous avions refusé notre confiance à nos parents. Que ses parents s’aimaient beaucoup et auraient bien voulu avoir sa confiance, mais que lui ne voulait pas. Que moi je laisse libre cours à mon chagrin une fois couchée et que lui se réfugie sous les combles pour lancer des jurons. Que Margot et moi ne nous connaissons à vrai dire que depuis très peu de temps et qu’en fin de compte nous ne nous racontons pas grand-chose, parce que nous sommes toujours ensemble. Enfin nous avons parlé un peu de tout, de la confiance, du sentiment et de nous-mêmes, oh ! il était exactement comme je prévoyais qu’il serait.
    Puis nous nous sommes mis à parler de 1942, nous nous sommes dit à quel point nous étions différents à l’époque. Nous ne nous reconnaissons ni l’un ni l’autre dans cette période. Comme nous avions du mal à nous supporter au début. Il me trouvait agitée et casse-pieds, et de mon côté je n’avais pas tardé à le trouver totalement sans intérêt. Je ne pouvais pas comprendre qu’il ne flirte pas, mais maintenant j’en suis heureuse. Il a parlé aussi de son besoin de s’isoler. Je lui ai dit aussi qu’entre mon côté bruyant et exubérant et son silence, il n’y avait pas tellement de différence. Que moi aussi j’aime la tranquillité et que je n’ai rien à moi seule, à part mon journal, que tout le monde a envie de m’envoyer promener, à commencer par M. Dussel, et que je ne veux pas passer mon temps à côté. Qu’il est si heureux que mes parents aient des enfants et que je suis heureuse qu’il soit ici. Qu’à présent je le comprends, je comprends sa réserve et ses rapports avec ses parents et que j’aimerais beaucoup l’aider à l’occasion de ces querelles.
    « Mais tu m’aides déjà sans arrêt ! répondit-il.
    En quoi faisant ? lui demandai-je tout étonnée.
    — Par ta gaieté ! »
    C’est certainement la plus jolie chose qu’il m’ait dite. Il a ajouté que cela ne le dérangeait plus du tout que je vienne près de lui comme autrefois, au contraire, il aimait bien. Je lui ai raconté aussi que tous les petits surnoms affectueux de Papa et Maman n’avaient aucun contenu. Et qu’il ne suffit pas d’un bisou par-ci et d’un baiser par-là pour créer la confiance. Nous avons parlé encore de notre indépendance, du journal et de la solitude, de la différence entre l’être intérieur et l’être apparent que l’on retrouve chez tout le monde. De mon masque, etc.
    C’était merveilleux, il s’est sans doute mis à m’aimer comme une camarade et pour le moment, cela me suffit. Je ne trouve pas de mots pour exprimer ma gratitude et mon bonheur et je te dois des excuses, Kitty, car mon style est en dessous de tout aujourd’hui. Je n’ai fait que noter ce qui me venait à l’esprit !
    A présent j’ai le sentiment que Peter et moi partageons un secret, quand il me lance ce regard-là, avec un sourire et un clin d’œil, une petite lumière s’allume en moi. J’espère que cela durera, qu’il nous sera donné de passer ensemble beaucoup, beaucoup de belles heures.
     
    Bien à toi,
    Anne, reconnaissante et heureuse
     
     
     
    LUNDI 20 MARS 1944
     
    Chère Kitty,
     
    Ce matin Peter m’a demandé si je revenais ce soir, ajoutant que je ne le dérangeais pas du tout et que dans sa chambre, s’il y avait place pour un, il y en avait pour deux. J’ai-répondu que je ne pouvais pas venir tous les soirs, qu’en bas ils n’étaient pas d’accord, mais il a estimé que je ne devais pas en tenir compte. Je lui ai dit alors que j’aimerais bien venir le samedi soir et lui ai demandé surtout de m’avertir des nuits de lune. « Alors, nous irons en bas, dit-il, regarder la lune. » J’étais tout à fait d’accord, au fond je n’ai pas tellement peur des voleurs.
    Entre-temps, une ombre est descendue sur mon bonheur, je m’en doutais depuis

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