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Le Journal D'Anne Frank

Le Journal D'Anne Frank

Titel: Le Journal D'Anne Frank Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Frank
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de la pièce quand les conversations roulent sur ces sujets, et les enfants n’ont plus qu’à aller prendre leur science où ils peuvent. Ensuite, quand les parents s’aperçoivent que les enfants ont tout de même appris quelque chose, ils croient que les enfants en savent plus ou moins que ce n’est le cas en réalité. Pourquoi n’essaient-ils pas alors de se rattraper en demandant ce qu’il en est exactement ?
    Il y a un obstacle important pour les adultes, mais pour ma part j’estime qu’il ne s’agit que d’une minuscule barrière, c’est qu’ils pensent que les enfants considèrent plus le mariage, paraît-il, comme sacré et inviolable s’ils savent que cette inviolabilité, dans la plupart des cas, n’est que du vent. Quant à moi, je ne trouve pas grave du tout, pour un homme, d’apporter un peu d’expérience dans le mariage, et le mariage lui-même n’a rien à voir là-dedans, il me semble ? Quand j’ai eu onze ans, ils m’ont renseignée sur l’existence des règles, mais j’étais encore loin de savoir d’où venait ce liquide ou ce qu’il signifiait. A douze ans et demi, j’en ai appris plus long, dans la mesure où Jacque était beaucoup moins sotte que moi. Ce qu’un homme et une femme font ensemble, mon instinct me l’a suggéré ; au début, l’idée me paraissait bizarre, mais quand Jacque me l’a confirmé, j’étais fière de mon intuition ! Que les enfants ne naissent pas par le ventre, c’est encore de Jacque que je le tiens, elle m’a dit : « Là où la matière première entre, le produit fini ressort ! » Un petit livre d’éducation sexuelle nous renseigna, Jacque et moi, sur l’hymen et d’autres particularités. Je savais déjà que l’on pouvait éviter d’avoir des enfants, mais la méthode m’était encore un mystère. A mon arrivée ici, Papa m’a parlé de l’existence des prostituées, etc., mais en fin de compte il me reste toujours des questions sans réponses, Quand une mère ne dit pas tout à ses enfants, ils s’informent par bribes et c’est sûrement mauvais !
    On est samedi, mais pour une fois je ne suis pas embêtante. C’est que j’ai été au grenier avec Peter, j’ai fermé les yeux et me suis mise à rêver ; c’était merveilleux !
     
    Bien à toi,
    Anne M. Frank
     
     
     
    DIMANCHE 19 MARS 1944
     
    Chère Kitty,
     
    Hier a été une journée très importante pour moi. Après le déjeuner tout s’est déroulé normalement, à cinq heure!) je suis allée faire bouillir les pommes de terre et Maman m’a donné un peu de boudin pour l’apporter à Peter. Au début, je ne voulais pas, mais j’ai fini par y aller. Mais il a refusé et j’avais le sentiment navrant que cela venait toujours de notre querelle sur la méfiance. Soudain, je n’y tins plus, les larmes me vinrent aux yeux, et sans plus insister je reposai la soucoupe près de Maman et j’allai aux toilettes pour laisser libre cours à mon chagrin. Au point où j’en étais, j’avais décidé de vider la question avec Peter. Avant le dîner, nous étions chez lui tous les quatre pour l’aider à faire des mots croisés, je ne pouvais donc rien dire, mais juste avant de passer à table, je lui chuchotai : « Tu fais de la sténo ce soir. Peter ? » « Non », répondit-il. « Alors je voudrais bien te parler tout à l’heure ! », il accepta.
    Après la vaisselle, je suis donc allée dans sa chambre et lui ai demandé si c’était à cause de notre dernière dispute qu’il n’avait pas voulu du boudin. Mais heureusement, ce n’était pas la raison, seulement il ne trouvait pas convenable de céder trop vite. J’avais eu très chaud dans la grande pièce et j’étais rouge comme un homard, aussi, après avoir apporté son eau à Margot, je suis remontée pour prendre un peu l’air. Par politesse, je suis d’abord restée à la fenêtre des Van Daan, mais je n’ai pas tardé à aller chez Peter. Il se tenait à gauche de la fenêtre ouverte ; je me suis placée à droite et nous avons parlé. Près de la fenêtre ouverte, dans la pénombre, il était beaucoup plus facile de parler qu’en pleine lumière et je crois que c’était aussi l’avis de Peter.
    Nous nous sommes dit tant de choses, une foule de choses, je serais bien incapable de les rapporter toutes, mais c’était délicieux, c’était le plus beau soir que j’aie jamais connu à l’Annexe. Je vais tout de même t’énumérer rapidement nos différents

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