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Le Journal D'Anne Frank

Le Journal D'Anne Frank

Titel: Le Journal D'Anne Frank Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Frank
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contraire ! Tu peux venir tranquillement au grenier ou ailleurs, où que nous soyons, tu ne nous déranges vraiment pas, car nous avons passé un accord tacite, je crois : si nous parlons, c’est le soir dans l’ombre.
    Garde courage ! Je le fais aussi, même si ce n’est pas toujours facile, ton heure viendra peut-être plus vite que tu ne penses !
     
    Bien à toi,
    Anne. »
     
     
     
    JEUDI 23 MARS 1944
     
    Chère Kitty,
     
    Ici, les choses s’arrangent tout doucement. Nos fournisseurs de tickets sont sortis de prison, heureusement !
    Miep est revenue depuis hier ; aujourd’hui c’était le tour de son époux de s’enfouir sous les couvertures. Frissons et fièvre, symptômes de grippe bien connus. Bep va mieux, malgré une toux tenace, Kleiman devra rester chez lui encore longtemps. Hier un avion a été abattu, ses occupants ont eu le temps de sauter en parachute. L’appareil est tombé sur une école où il n’y avait pas d’enfants. Il en est résulté un petit incendie et quelques morts. Les Allemands ont tiré comme des fous sur les aviateurs qui descendaient en parachute, les Amsterdamois qui regardaient le spectacle écumaient quasiment de rage devant un acte aussi lâche. Nous, je veux dire les dames, nous avons eu une belle frousse, brrr, il n’y a rien de plus horripilant que ces tirs. Maintenant parlons de moi.
    Quand j’ai rejoint Peter hier, nous en sommes venus, je ne sais plus du tout comment, à aborder le domaine sexuel. Je m’étais promis depuis longtemps de lui poser quelques questions. Il sait tout ; quand je lui ai dit que Margot et moi étions très mal informées, il était stupéfait. Je lui ai raconté beaucoup de choses sur Margot et moi, sur Papa et Maman, des choses que ces derniers temps je n’ose plus demander. Il a proposé de me renseigner et j’en ai fait un large usage : il m’a appris le fonctionnement des moyens contraceptifs et je lui ai demandé avec beaucoup d’audace à quoi les garçons s’aperçoivent qu’ils sont adultes. La question demandait réflexion ; il m’a promis de me le dire le soir. Je lui ai raconté entre autres l’histoire de Jacque, en ajoutant que les filles sont sans défense devant des garçons aussi forts : « Tu n’as rien à craindre de moi, en tout cas », dit-il.
    Quand je suis revenue le soir, nous en avons encore parlé en long et en large et il m’a répondu à propos des garçons. C’était bien un peu gênant, mais tout de même agréable d’en parler avec lui. Lui comme moi, nous ne nous croyions pas capables de parler de sujets aussi intimes avec une autre fille ou un autre garçon. Maintenant je sais tout, je pense. Il m’a beaucoup parlé des moyens « Präsentiv ». Allemand.
    Le soir, dans la salle de bains, Margot et moi avons parlé de Bram et de Drees !
    Ce matin, une très mauvaise surprise m’attendait : après le petit déjeuner, Peter m’a fait signe de le suivre en haut : « Tu m’as bien fait marcher ! dit-il, j’ai entendu ce que vous disiez hier dans la salle de bains, Margot et toi, je crois que tu voulais d’abord voir ce que Peter savait pour t’en amuser ensuite ! »
    Oh, j’étais abasourdie. J’ai employé tous les moyens pour lui ôter de la tête cette idée scandaleuse ; je comprends tellement bien dans quel état il devait être et il n’y a rien de vrai ! « Oh non, Peter, dis-je, comment pourrais-je être aussi méchante, j’ai promis de tenir ma langue et je le ferai. Jouer la comédie et me conduire ensuite pour de bon aussi méchamment, non Peter, où serait la plaisanterie, c’est déloyal. Je n’ai rien répété, tout ce que je t’ai dit est vrai, tu me crois ? »
    Il m’a assuré qu’il me croyait, mais il faut que je lui en reparle, cette histoire me trotte dans la tête toute la journée. Heureusement qu’il m’a dit tout de suite ce qu’il pensait, tu te rends compte, s’il avait gardé pour lui une idée si moche de moi. Ce cher Peter !
    A partir de maintenant, je dois tout lui raconter et je le ferai !
     
    Bien à toi,
    Anne
     
     
     
    VENDREDI 24 MARS 1944
     
    Ma chère Kitty,
     
    En ce moment, je vais souvent là-haut le soir humer un peu d’air frais dans la chambre de Peter. Dans une pièce sombre, on arrive beaucoup plus vite à de vraies conversations que lorsque le soleil vous chatouille le visage. C’est bien agréable de rester là-haut assise sur une chaise à côté de lui et de regarder dehors. Les Van Daan

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