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Le Journal D'Anne Frank

Le Journal D'Anne Frank

Titel: Le Journal D'Anne Frank Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Frank
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longtemps, Peter ne déplaît pas à Margot, pour ne pas dire plus. Jusqu’à quel point elle l’aime, je l’ignore, mais je trouve la situation très pénible. Chaque fois que je rencontre Peter, je dois lui faire sciemment de la peine, et le plus beau, c’est qu’elle n’en laisse rien paraître. Je sais bien qu’à sa place je serais au désespoir à force de jalousie, mais Margot dit seulement qu’il ne faut pas avoir pitié d’elle. « C’est si moche pour toi, je trouve, de jouer les laissées-pour-compte », ai-je ajouté. Elle a répondu non sans amertume : « J’en ai l’habitude. »
    Je n’ose pas en parler à Peter, ce sera pour plus tard peut-être, pour l’instant nous avons encore tellement de sujets à épuiser.
    Hier soir, Maman m’a donné une petite baffe, que j’avais bien méritée, je dois dire. Je ne dois pas aller trop loin dans mon indifférence et mon mépris pour elle. Donc, essayons de nouveau, malgré tout, d’être aimable et de garder pour nous nos critiques !
    Pim n’est plus aussi affectueux, lui non plus. Il essaie encore une fois de se défaire de ses manières trop enfantines avec moi et est soudain beaucoup trop froid. On verra bien ce que ça va donner ! Si je ne fais pas d’algèbre, il m’a menacée de ne pas me payer plus tard de leçons particulières. Je pourrais attendre et voir venir, mais je veux bien faire un nouvel essai ; à condition qu’on me donne un autre livre.
    C’est tout pour le moment, je ne sais rien faire d’autre que regarder Peter, j’ai le cœur plein de lui !
     
    Bien à toi,
    Anne M. Frank
     
    Preuve de la bonté de Margot, cette lettre que j’ai reçue aujourd’hui, 20 mars 1944 :
    « Anne, quand je t’ai dit hier que je n’étais pas jalouse de toi, je n’étais franche qu’à 50 %. En vérité, je ne suis jalouse ni de toi, ni de Peter. Je trouve seulement un peu dommage pour moi-même de n’avoir encore trouvé personne avec qui je pourrais parler de mes pensées et de mes sentiments, et de n’avoir aucune chance de trouver quelqu’un pour le moment. Mais pour autant, je vous souhaiterais de tout cœur à tous les deux de pouvoir vous accorder mutuellement un peu de votre confiance ; il te manque déjà suffisamment de choses qui vont de soi pour beaucoup d’autres.
    D’un autre côté, je suis sûre que je ne serais jamais parvenue aussi loin avec Peter, parce que j’ai le sentiment que je devrais être sur un certain pied d’intimité avec la personne avec qui je voudrais parler de beaucoup de choses. Il faudrait que j’aie l’impression qu’il me comprend parfaitement sans que j’aie besoin de beaucoup parler, mais pour cela il faudrait que je sente qu’il me domine intellectuellement, ce qui n’est jamais le cas chez Peter. Avec toi, il ne me paraît pas impensable que Peter remplisse cette condition.
    Tu n’as donc absolument pas à te reprocher de me faire du tort et de profiter de quelque chose qui me revenait, rien n’est moins vrai. Peter et toi avez tout à gagner à vous fréquenter. »
     
    Ma réponse :
    « Chère Margot,
    J’ai trouvé ton petit mot extrêmement gentil, mais il ne m’a pas tout à fait tranquillisée et je continuerai à m’inquiéter.
    Une confiance aussi profonde que celle dont tu parles n’existe pas encore pour l’instant entre Peter et moi, mais à une fenêtre ouverte, et dans le noir, on se dit plus de choses qu’en plein soleil. Il est aussi plus facile d’épancher ses sentiments en les chuchotant qu’en les claironnant. Je crois qu’à la longue, tu t’es mise à éprouver pour Peter un peu l’affection d’une sœur et que tu as envie de l’aider, au moins autant que moi. Peut-être pourras-tu aussi le faire un jour, bien que ce ne soit pas là de la confiance au sens où nous l’entendons. Car j’estime que la confiance doit venir des deux côtés ; je crois que c’est aussi la raison pour laquelle elle n’a jamais pu vraiment s’établir entre Papa et moi. Laissons donc ce sujet et ne m’en parle plus non plus, si tu veux encore me demander quelque chose, fais-le par écrit, s’il te plaît, car de la sorte je sais beaucoup mieux exprimer ce que je veux qu’oralement. Tu ne sais pas à quel point je t’admire, et j’espère seulement qu’un jour j’aurai un peu de la bonté de Papa et de la tienne, car je ne vois plus beaucoup de différence entre les deux.
     
    Bien à toi,
    Anne. »
     
     
     
    MERCREDI 22 MARS

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