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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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autrefois. Il m'avait oublié mais moi je ne l'avais pas oublié. Je suivais les armées en tant qu'armurier. Je gagnais bien ma vie. C'est étonnant tout ce qu'on peut alors entendre et apprendre au sujet des puissants, y compris Maltravers. Étant allé sur le champ de bataille de Towton, où les morts s'entassaient presque à hauteur d'épaule, je fus profondément navré. Je suis entré dans l'ordre des franciscains. Bien que j'aie été un fort bon artisan, j'ai prévenu mes frères : cette vie-là était derrière moi. Je me suis rendu en Italie et ai séjourné quelque temps dans notre maison mère à Assise. J'ai entendu parler du Lacrima Christi et me suis souvenu de Sir Walter Maltravers. Tout cela m'était sorti de l'esprit quand je suis venu ici il y a dix- huit mois. J'étais courroucé, comme je le suis toujours devant les grands seigneurs. Comment Maltravers osait-il détenir le rubis qui aurait dû appartenir à mon ordre ? J'ai d'abord pensé à en discuter avec lui, puis j'ai décidé de n'en rien faire. J'ai prié pour recevoir un signe et il m'a été envoyé. Au début du carême, Sir Walter a voulu se confesser. Il a ouvert une fenêtre de son âme. Je n'ai pu résister à la tentation de lui rappeler en secret son passé.
    Je possède un petit livre de méditation et en ai découpé des bandes.
    — Et vous avez rédigé les messages attribués aux Athanatoi ?
    — Oui, bien sûr, acquiesça Barnabas en cillant et en s'humectant les lèvres. Ensuite, je remontais mon capuchon et parcourais les rues de Cantorbéry. C'était si simple de délivrer les avertissements ! Je savais bien qu'on les apporterait sur-le-champ à Sir Walter. Quand il a fait appel aux soins de notre infirmier, j'y ai vu un signe de saint François.
    Il leva la main.
    — Quant au reste, c'est exact, à quelques détails près.
    Il eut un petit sourire à son endroit.
    — Les gonds, la serrure et les verrous de la porte de la chapelle ont été discrètement graissés. J'ai fait semblant de fermer l'huis puis, à la faveur des ténèbres, me suis glissé ici et ai dérobé le Lacrima Christi. Il ne m'a fallu qu'une fraction de seconde. Je me suis demandé ce que Laus Tibi avait pu voir, aussi ai-je préparé sa fuite : nourriture, habits, argent et réceptacle. Je portais une bure ordinaire, ma capuche relevée et un masque sur le visage. Frère Ralph me guidait. Laus Tibi était aux anges. Je lui ai dit de vendre le réceptacle puis de disparaître à tout jamais. Il m'a demandé pourquoi j'agissais ainsi. J'ai menti et ai prétendu qu'il me rappelait un ami très proche.
    Barnabas haussa les épaules.
    — Quand Sir Walter a été assassiné, je me suis dit que c'était un nouveau signe, que, peut-être, dans la confusion, on oublierait le vol du joyau et que les années passeraient.
    Je retournerais à notre maison mère et rendrais, en restant anonyme, la relique à notre père général.
    — Où est-elle à présent ? questionna Kathryn.
    — Attendez. Accompagnez-moi, frère Ralph.
    Les deux hommes quittèrent la chapelle.
    — Vous en tiendrez-vous là ? chuchota Colum.
    Il prit les mains de Kathryn entre les siennes et la contempla longuement.
    — Vous ressemblez à une colombe, ma mie, mais vous êtes, en fait, un faucon pèlerin qui fond du ciel sur sa proie insouciante.
    — Alors nous sommes fort bien assortis ! rétorqua-t-elle en se hissant sur la pointe des pieds pour l'embrasser sur les lèvres. Le père prieur n'est pas un malfaiteur, juste un franciscain qui a de la justice une notion erronée. Il n'a, en dehors de Maltravers qu'il a terrorisé, fait de mal à personne. Son but n'était pas le profit personnel et, qui sait, peut-être a-t-il sauvé le malheureux Laus Tibi de la pendaison ?
    Elle embrassa Colum derechef et s'écarta en voyant Barnabas et l'infirmier entrer dans la chapelle. Le prieur déboucla un sac de cuir et Kathryn retint son souffle devant l'éclatant rubis qu'il en sortit. Elle le lui prit avec précaution et le fit miroiter dans la lumière déclinante qui passait par la fenêtre. Assez lourde, la pierre ressemblait, en forme et en taille, à un gros œuf de pigeon. D'un rouge vif avec une nuance plus foncée à l'intérieur comme s'il y avait eu deux rubis l'un dans l'autre, elle rutilait comme du sang. Elle était polie et parfaite.
    — Splendide ! chuchota-t-elle. Exquise ! Un homme ou une femme, ajouta-t-elle avec un grand sourire, pourrait perdre son âme pour elle !
    Elle

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