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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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ne vous veut pas de mal !
    Kathryn leva la tête. L'autre femme avait repoussé son capuchon et laissait voir une figure au teint très mat encadrée d'une masse de cheveux roux ébouriffés. Elle était avenante malgré son regard plutôt vague et sa bouche entrouverte. Elle était mieux vêtue, chaussée de sandales, et Kathryn sentit un parfum d'herbes fraîches.
    — C'est la Vaudoise, n'est-ce pas ? demanda-t-elle en relâchant la main de la vieille femme et en se relevant.
    — Oui.
    La plus jeune des femmes avait un accent marqué du Kent.
    Elle semblait à présent plus circonspecte et déterminée.
    — Elle a été surexcitée toute la journée. Elle a parlé de messagers qui allaient et venaient, de nouvelles dans le manoir.
    — Savez-vous ce qui est arrivé ? s'enquit Colum.
    — Je l'ai ouï dire. Je m'appelle Ursula.

    Elle eut un sourire contraint.
    — Parfois ma mère est calme et m'aide, mais aujourd'hui...
    — La nouvelle a dû vous troubler, non ? interrogea Kathryn.
    — Je haïssais Ingoldby ! cracha Ursula. Sir Thomas, le précédent propriétaire, s'est servi de ma mère. Lui et mon frère n'étaient que des étrangers pour moi. Leur inonde était un monde d'hommes, de fer et de feu, d'armure et d'épée.
    Elle grimaça.
    — Mais la mort de Sir Walter me navre. Il se montrait plutôt bienveillant. Il nous envoyait des sucreries et de l'argent. La nouvelle s'est répandue partout maintenant.
    C'est un trépas terrible mais c'est ce qui arrive aux guerriers : ils meurent tous de mort sanglante. Ceux qui vivront par l'épée périront par l'épée.
    — Et vous ne savez rien sur la malemort de Sir Walter ?
    questionna Luberon, plein de zèle.
    — Rondouillard ! Maquereau ! chantonna-t-elle.
    Ursula releva sa mère et s'éloigna.
    — Je vis en paix et je vais en paix. Qu'ont à faire des gens comme nous avec Sir Walter ?
    Elle se retourna et commença à descendre l'allée, puis elle s'arrêta et jeta un regard par-dessus son épaule.

    — Les guerres éclatent et les guerres cessent, entonna-t-elle. Et là où tombe l'arbre il gît !
    Sa mère tenta de se libérer, mais Ursula la tenait bien et lui parla à voix basse.
    — Dit-elle la vérité ? murmura Luberon.
    — Je crois.
    L'apothicaire regarda les femmes franchir le portail.
    — Ursula s'occupe de sa mère. Je parierais qu'elle en sait long sur les hommes. Sur les soldats venant au milieu de la nuit, la panse remplie de bière et le cœur plein de luxure.
    Elle saisit le bras de Colum.
    — Pas comme vous !
    Ils se mirent en marche et, arrivée à la grille, Kathryn fit ses adieux. Luberon marmonna qu'il partait devant en emmenant à la fois sa monture et celle de Murtagh.
    L'Irlandais prit le visage de la jeune femme entre ses mains et l'embrassa sur les lèvres avec passion.
    — Serez-vous vraiment en sécurité ?
    Son haleine était chaude sur les joues de Kathryn et ses yeux ne pétillaient plus de gaieté.
    — Je vous fais confiance, ma mie. Si les Athanatoi existaient, et s'ils voulaient le trépas de Sir Walter, ils auraient pu frapper auparavant.
    Il lâcha son visage et, saisissant sa main, l'attira plus près.

    — Ce qui signifie qu'en ce manoir il y a quelqu'un qui a le cœur dur comme l'acier et noir comme l'Enfer. Il tuera et tuera à nouveau, mais Dieu seul sait pourquoi. Prenez soin de vous.
    Il leva la main.
    — Je crois que je devrais...
    — Je crois que vous devriez partir, Colum.
    Elle lui envoya un baiser et, pivotant sur ses talons, regagna l'allée. De chaque côté, les arbres étaient à présent immobiles, les ombres plus profondes, le silence vespéral du soir rompu par les bruits de la nuit qui approchait. Elle fut heureuse d'atteindre la pelouse et elle était sur le point de monter l'escalier quand une trompe résonna. Un palefrenier, encore chargé d'un seau de cuir débordant, arriva en courant. Il laissa tomber son fardeau et se figea quelques secondes, le regard fixe.
    — Qu'y a-t-il, mon garçon ?
    — Vous feriez mieux de venir, Maîtresse. C'est maître Thurston qui m'envoie. Il y a eu une autre mort !
    Kathryn se précipita en haut des marches et attrapa la main du valet.
    — Une autre mort ?
    — Une servante, bégaya ce dernier, le visage ravagé par la peur. Dans l'étang, sous la vieille tour. Noyée, qu'ils disent !

CHAPITRE III
    « Qu'est ce monde ? Que veut l'homme ? Un jour avec son amour, le lendemain dans sa froide tombe... »
    Chaucer, « Le conte du Chevalier », Les Contes

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