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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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malfaisants et les esprits des bois descendus des arbres. Elle se demanda si son père avait eu l'occasion de venir à Ingoldby. À présent qu'elle était là, elle se souvint des bruits qui couraient sur sa splendeur et sur le dédale, mais jusqu'alors l'endroit n'avait été qu'un nom pour elle.
    — « La vérité sur le meurtre finit toujours par se découvrir
    », déclara Colum.
    — Ne commencez pas à citer Chaucer, le tança Kathryn.
    — Les femmes veulent régner en maître, repartit Colum, taquin.
    — Je ne suis point la Bourgeoise de Bath, rétorqua la jeune femme. Mais, pour reprendre les mots du poète : «
    l'épée du chagrin » pend sans nul doute sur Ingoldby. C'est si étrange, réfléchit-elle à haute voix, ils sont tous sous le choc, écœurés par la mort de Sir Walter mais...
    Elle regarda un corbeau qui piquait vers l'herbe et se posait à quelques pieds pour creuser la terre de son bec jaune pointu comme une épée.
    — Vous pensez que Maltravers n'était point aimé ?
    suggéra Luberon en s'empressant d'avaler sa bouchée de pain.
    — Je crois qu'il était respecté, répondit-elle. Mais c'était un étranger dans sa propre maison. Il me semble que plus il vieillissait, plus il vivait dans le passé.

    Elle fit une pause. « C'est ce que je faisais, se dit- elle, après mon mariage avec cet ivrogne d'Alexander Wyville. »
    Son père était mort et Wyville était parti à la guerre aux côtés des Lancastre. Elle avait alors vécu dans un rêve jusqu'à l'arrivée fracassante de Colum dans sa maison comme un rayon de soleil éclatant dans une pièce sombre.
    Mais, même maintenant, alors qu'elle était promise à cet homme qu'elle aimait si passionnément, qu'elle préparait son mariage, les ombres du passé la ramenaient parfois en arrière. Elle se rappelait avec beaucoup de clarté le visage empourpré de Wyville, son haleine chargée de bière et les taraudants soupçons, bien que le contraire lui eût été confirmé, qu'il n'était pas mort et enterré dans la tombe des indigents, à l'ouest du royaume. Elle se leva.
    — Colum, laissez le petit cheval ici et retournez à Cantorbéry. Racontez à Thomasina ce que je fais et ne vous laissez pas importuner par ses protestations.
    Demandez-lui de mettre quelques habits propres - ma mante de laine verte par exemple - et mon écritoire dans une besace.
    Murtagh se releva et, avec douceur, fit pivoter son visage vers lui du bout des doigts. Luberon, gêné, détourna le regard : Kathryn l'avait toujours fasciné et il adorait en silence chacun de ses mots et chacun de ses gestes.
    La perplexité de Colum s'accrut.
    — Kathryn, vous êtes pâle.
    Elle secoua la tête.

    — Ce n'est rien, rien du tout. Ça va passer. Hâtez- vous à présent.
    Quelques instants plus tard, empruntant l'allée sinueuse, elle accompagnait Colum et Luberon vers le grand portail. Il était ouvert maintenant et ils s'écartèrent pour laisser un haquet chargé de barriques, tiré par deux chevaux à la crinière courte et dressée, passer dans un train d'enfer.
    Kathryn donnait d'autres instructions à Colum au sujet d'Ottemelle quand elle entendit crier. Une femme apparut à la grille. Elle portait une longue robe rouge aux manches déchirées ; l'ourlet effrangé pendait sur ses pieds nus et sales. Ses cheveux gris hirsutes lui tombaient à la taille.
    Elle avait le visage émacié, la peau jaunâtre et de hautes pommettes. Alors qu'elle courait vers eux, Kathryn remarqua la salive à la commissure de ses lèvres et l'expression égarée, frénétique, de son regard fixe. Une autre femme, capuche remontée sur la tête, la poursuivait.
    — Par le ciel ! souffla Colum.
    La femme aux cheveux gris s'arrêta et se jeta à leurs pieds, tête baissée. L'apothicaire aperçut des feuilles et des brindilles collées aux mèches de sa chevelure.
    — L'avez-vous vu ? interrogea la femme en relevant la tête.
    Elle s'essuya la bouche d'un revers de main.
    — L'avez-vous vu ? Mon fils ? Mon maître ? Il y a tant de cavaliers dans les parages, ajouta-t-elle en cillant. Ont-ils apporté des messages de la guerre ?

    Kathryn tendit la main pour lui caresser la joue mais la femme recula.
    — Vous êtes sans doute la Vaudoise, dit Kathryn en se baissant et en plongeant son regard dans ses yeux farouches et injectés de sang. Nous n'avons point de nouvelles.
    La main décharnée de l'arrivante agrippa celle de l'apothicaire.
    — Si ! Il y a tant d'agitation !
    — Elle

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