Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
Vom Netzwerk:
perdu l'esprit.
    Elle ne sait même pas qui était Sir Walter. Elle croit que son amant et son fils reviendront de la guerre et elle s'aventure souvent ici en demandant à les voir.

    — Sir Walter avait exigé qu'on ne la tourmente point, déclara Lady Elizabeth. Et cependant quand il sortait et voulait qu'on l'écarté elle le menaçait et l'injuriait. Elle est persuadée que son amant et son fils sont ici et même que mon époux les a tués. Bien, Maîtresse Swinbrooke...
    Elle s'interrompit tout d'un coup et se leva.
    Kathryn, imitée par Colum et Luberon, fit de même. Lady Elizabeth passa la main sur son front et ses doigts effleurèrent la bande blanche qui entourait sa belle gorge.
    — Je ne me sens pas bien et il y a moult affaires à régler.
    — Je comprends.
    La châtelaine fit un signe de tête, glissa quelques mots à Thurston et quitta la pièce avec dignité.
    Quelques instants plus tard, l'apothicaire était assise en haut de l'escalier qui descendait à la grande prairie, les yeux posés sur l'entrée du labyrinthe.
    — Je n'ai jamais vu rien de semblable, chuchota-t-elle.
    — J'ai entendu dire qu'il y en a de pareils en France et aux Pays-Bas, répondit Colum en se grattant le menton.
    Il huma l'air.
    — Qu'est-ce qui sent bon comme ça ?
    — Ça vient de la cuisine. On prépare de la terrine de cygne, dit Luberon en claquant des lèvres. Avec du clairet, du beurre, du macis, de la muscade et de petites bardes de lard bien cuit.
    — Vous avez faim, Luberon, le taquina Kathryn.

    — Je suis aussi curieux, répondit le clerc en mâchonnant un morceau de pain dérobé aux cuisines. Les histoires que nous avons entendues sont vraies. Ils étaient tous là où ils le disent. Thurston, dans la resserre, où il vérifiait que le lait et la crème étaient au frais. Une servante a apporté une coupe de malvoisie au père John dans la bibliothèque.
    Mawsby est bien allé à Cantorbéry ; Lady Elizabeth et Gurnell n'ont pas quitté la grande prairie.
    — Vous ne devriez pas rester ici, ma mie, déclara Colum en changeant soudain de sujet. Et, si vous le faites, je ferai de même. Vous souvenez-vous de cette vilaine affaire chez les frères du Sac3 ? Personne n'est là pour vous protéger.
    La jeune femme serra sa main calleuse.
    — Tout doux, mon bouillant Irlandais ! Les gens de Sir Walter étaient censés le défendre mais il est pourtant mort.
    Je n'aurai rien à craindre. De toute façon vous devez aller réparer la corne à purger pour la jument malade.
    — C'est vrai, acquiesça Colum. Et les maréchaux-ferrants s'apprêtent à ferrer les poulains d'un an. Il faut que je surveille leur travail et que je m'assure qu'ils ne boivent pas trop de bière du maréchal.
    —. Qu'est-ce donc ? s'étonna Luberon.
    — Une coutume, répondit Colum. Quand ils ferrent un jeune cheval pour la première fois, les maréchaux- ferrants 3 Voir La Rose de Raby, 10/18, n° 3406.

    demandent un quart de pinte. Ils sont parfois si soûls qu'ils tiennent à peine debout !
    — Pourquoi ? interrogea l'apothicaire. Non, non, je ne parle pas de la bière du maréchal. Pourquoi a-t-on occis Maltravers d'une si horrible manière ? Décapité ! Et en emportant sa tête ! Le meurtrier devait être pétri de haine.
    — Pourrait-il s'agir d'un tueur à gages ? suggéra le clerc.
    C'était sans doute un homme.
    — Absurde ! intervint Colum. En Irlande, j'ai vu des femmes munies de faux ou de lames aiguisées trancher une tête d'un seul coup. Le sang ! continua-t-il. Le meurtrier devait être trempé de sang !
    Il ne tint pas compte de l'exclamation dégoûtée de Luberon qui repoussa son pain.
    — Quand on coupe le cou, le sang jaillit en hauteur comme l'eau d'une fontaine.
    — Et pourtant, observa Kathryn, nous n'avons trouvé de vêtements ensanglantés ni dans le labyrinthe ni autour.
    Pas plus que de traces de l'assassin. Ce sont les serviteurs qui cherchaient leur maître et ont apporté les planches pour marcher au sommet des haies qui ont dû écraser et piétiner l'herbe.
    Luberon se remit à manger. Kathryn embrassa la prairie du regard. L'après-midi devait toucher à sa fin. Le soleil disparaissait à l'ouest, teintant le ciel d'éclats d'or empourpré, et les ombres des arbres s'allongeaient sur l'herbe. Elle réprima un frisson en se remémorant un conte pour enfants : au crépuscule, les gargouilles se glissaient en bas de leur pilier et rampaient dans le cimetière pour aller retrouver les gobelins

Weitere Kostenlose Bücher