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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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Bien entendu, des moyens aussi simples présentaient aussi des dangers. Aux yeux du tueur, ce labyrinthe était l'endroit parfait. Sir Walter était un ancien soldat, il n'aurait ni porté d'arme ni appelé à l'aide. Elle retourna à ses notes.
    Quarto : Que s'est-il donc passé ? Si l'assassin, lui ou elle, était resté dans le dédale après le meurtre, Gurnell l'aurait vu quand on a installé les planches en travers des haies. Le criminel avait deux solutions : se cacher ou s'enfuir sur-le-champ, même s'il portait une tête coupée et une épée sanguinolente et même si ses bottes et sa chape étaient éclaboussées de sang.

    L'apothicaire se caressa les lèvres de sa plume et contempla la flamme de la chandelle. Son père lui avait confié que, chaque fois qu'il en regardait une longtemps, il tombait dans une espèce de transe.
    — Paix à ton âme ! murmura-t-elle.
    Elle se demanda ce que son père aurait pensé de Colum et de son projet de l'épouser. Elle posa sa plume, se leva et se dirigea vers la fenêtre. Il faisait nuit. On avait allumé des braseros sur le perron. Des torches, au bout de longues perches, brillaient dans les ténèbres et illuminaient l'orée de la grande prairie. La jeune femme pouvait encore apercevoir la masse sombre du labyrinthe. La tête de Sir Walter s'y trouvait-elle toujours ? Sous l'une des haies par exemple, avec l'épée ou la hache enveloppée dans une chape trempée de sang ? Et les coupables ? Lady Elizabeth et sa suivante avaient fait de la musique sous la tonnelle jusqu'à ce qu'on donne l'alarme. Elles avaient vu Gurnell et Gurnell les avait vues. Les gardes, eux, n'auraient pas manqué de remarquer l'absence de leur capitaine si elle s'était prolongée. Et le père John dans sa bibliothèque ? Kathryn appuya sa joue brûlante contre le verre. Un passage secret ou un tunnel reliait-il le manoir au labyrinthe ? La vieille tour en ruine attestait que la propriété était cultivée depuis des siècles. Ingoldby remplaçait sans doute un petit château, une ferme ou un castel. Alors que s'était-il passé ? Quelle était la raison de cet horrible méfait ?
    — La haine, murmura Kathryn.

    La haine bouillonnait dans l'âme de celui, quel qu'il fût, qui avait décapité Maltravers. Elle s'apprêtait à reprendre son travail quand on frappa à l'huis.
    — Qui est là ?
    — Ce n'est que moi, Maîtresse Swinbrooke, le père John.
    Elle tira les verrous, ouvrit l'huis et le chapelain entra dans sa chambre.
    — Ne craignez-vous point pour votre réputation, Maîtresse ?
    — Je m'inquiète davantage pour mon âme, mon père.
    Le prêtre éclata de rire. Kathryn le fit asseoir sur le petit tabouret adossé au mur près de la table et lui proposa sa coupe de vin.
    — M'attendiez-vous, Maîtresse Swinbrooke ?
    — Oui et non ; vous m'intriguez, mon père. Votre maître est mort. Vous avez l'air fatigué et avez les yeux rougis, et pourtant vous ne semblez pas éperdu de chagrin.
    — Je vous ai observée pendant que vous nous interrogiez, dit le père John. Notre retenue vous a-t-elle surprise ?
    Il haussa les épaules.
    — Ne vous étonnez pas : vous avez pris la juste mesure de Sir Walter. C'était un homme bon qui cachait son cœur et ses sentiments derrière l'armure la plus épaisse. Il m'arrivait de penser qu'il désirait mourir.

    — Qu'est-ce qui le tourmentait tant ? s'enquit la jeune femme en s'asseyant sur la marche. Était-il très soucieux ?
    — Il l'était toujours, répondit le chapelain.
    Il prit le gobelet, sirota une gorgée de vin et reposa le récipient sur la table.
    — J'ai violé ma propre loi, commenta-t-il avec un sourire : Ne jamais boire de vin quand la nuit est tombée. Oui, c'est vrai, Sir Walter était anxieux. Ce n'est que des années après avoir fui Constantinople, quand l'ultime résistance de son empereur fit partie de l'histoire de la chevalerie en Europe, qu'il se rendit tout à fait compte de ce qu'il avait fait.
    — Mais vous ne croyez pas aux Athanatoi, n'est-ce pas ?
    Le père John hocha la tête.
    — Selon la légende et les fables, Maîtresse, la plus grande cité chrétienne de l'Orient est tombée par traîtrise et couardise. C'est absurde : Constantinople était condamnée depuis le début du siège. Son empire s'était réduit et ne s'étendait pas au-delà d'une portée de flèche tirée de ses propres murailles. L'Occident ne la soutint pas et les Turcs étaient aussi nombreux que des grains de sable sur un rivage.

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