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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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une femme étrange. Sa mère est anglaise, son père du nord de l'Espagne, de Burgos je crois. Les Redvers y vendaient de la laine. Le monde du commerce est aussi fermé que celui des soldats. Eleanora a été élevée avec Lady Elizabeth. C'est sa compagne et sa principale suivante. Elle aide Thurston à tenir la maison.
    Kathryn se carra dans sa chaire.
    — Et vous ? Pourquoi êtes-vous venu me narrer tout cela, mon père ?
    — En réalité, je ne sais pas. Si ce n'est, ajouta-t-il en plissant les yeux, que j'ai deviné que vous vouliez me voir, Maîtresse Swinbrooke. Je l'ai lu sur votre visage. Puis cette malheureuse Veronica a été assassinée. Ingold- by était un havre de tranquillité, mais même ici le mal a fait irruption.
    — Même ici ?

    — C'était un refuge, ou du moins l'avais-je cru, pour Sir Walter, pourtant...
    Il se tapota la tempe.
    — ... mon maître ne trouvait pas la paix. Il ne narrait comment les anciens Grecs pensaient que les Furies poursuivaient ceux qui avaient offensé les dieux. Il était persuadé qu'elles le pourchassaient aussi et on dirait bien qu'elles l'ont rattrapé...
    Il soupira, se leva et donna une petite tape sur l'épaule de son interlocutrice.
    Il avait presque atteint la porte quand cette dernière le rappela.
    — Père John !
    Il se retourna, la main sur la poignée.
    — Pourquoi êtes-vous resté avec Sir Walter ?
    Le chapelain sourit.
    — Vous auriez dû être prêtre, Kathryn ! Vous avez envie de poser deux questions, n'est-ce pas ? Voyons.
    Il revint sur ses pas, la tête penchée de côté, le regard plus dur.
    — Vous m'en avez déjà posé une : Pourquoi suis-je resté chez Maltravers ? Parce qu'il m'a sauvé la vie à Constantinople. S'il n'avait pas été là, j'aurais été capturé ou tué. Les Turcs auraient été sans merci envers un prêtre.
    Et votre seconde question, Maîtresse, est : Que faisais-je à Constantinople ? J'aimerais pouvoir répondre que j'étais en pèlerinage mais ce serait faux. J'ai été soldat. Moi aussi je me suis battu aux côtés des grands seigneurs.
    Il cilla.
    — J'ai tué un homme, aussi ai-je traversé la Manche.
    — Étiez-vous prêtre à cette époque ?
    Le père John acquiesça.
    — Dans ma jeunesse, Kathryn, je suis allé aux collèges de Cambridge. J'ai étudié le trivium, le quadrivium, la logique, la philosophie et la théologie. Je suis devenu professeur, mais ai toujours eu envie de porter les armes.
    L'homme que j'ai occis avait une puissante parentèle.
    J'étais amer. Je me suis enfui, ai débarqué à Constantinople et ai servi dans une église, non en tant que prêtre, mais plutôt comme assistant, comme aide. Le Patriarche n'aurait pas permis à un prêtre de rite latin d'exercer ses fonctions. Quoi qu'il en soit, j'ai donc servi dans cette église et, chaque jour, j'allais admirer le Lacrima Christi.
    Il sourit.
    — Et je complotais de le dérober.
    — Quoi ? s'écria la jeune femme.
    — Oh, ce n'était point pour sa valeur ! Je voyais bien que la ville allait tomber : toutes ses icônes, ses tableaux, ses statues, ses reliques sacrées seraient alors détruites. J'ai pensé que si je pouvais m'emparer du Lacrima Christi, fuir et gagner Rome, je pourrais ensuite m'en servir pour arriver à mes propres fins. Peut-être obtenir le pardon et l'absolution du roi et de l'Église.
    — Mais Sir Walter l'a-t-il volé ?
    — Non : il l'a mis en lieu plus sûr. Il a juré de ne jamais le vendre pour en tirer profit. Les autres trésors étaient différents. En tout cas, Sir Walter m'a sauvé la vie. Nous nous sommes rendus à Rome et je suis rentré en Angleterre.
    Il sourit.
    — Pourvu de tant de lettres de cardinaux qu'on m'aurait pris pour un saint ! J'ai obtenu la grâce royale.
    Il fit un grand geste.
    — Voilà, vous connaissez mon histoire.
    Il s'apprêtait à partir mais reprit soudain son discours :
    — J'ai lu, un jour, que nous étions tous attachés par des liens invisibles. Est-il vrai, Maîtresse Swinbrooke, que vous avez été mariée à Alexander Wyville, un partisan des Lancastre ?
    Kathryn ne détourna pas les yeux.
    — Alexander Wyville soutenait les Lancastre, les York, tout ce que vous voulez, mon père. C'était aussi un ivrogne et un homme qui battait sa femme, un homme qui se cachait derrière un masque. À présent son corps gît dans la fosse commune, quelque part dans l'Ouest, et son âme est retournée à Dieu.
    Le chapelain fit demi-tour.

    — Votre allusion aux masques

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