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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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me plaît, Maîtresse. Nous en portons tous, mais ils ne peuvent dissimuler la vérité.
    — Pilate a demandé ce qu'était la vérité. Avec l'aide du Christ, répondit l'apothicaire, je la trouverai.
    Le père John esquissa un signe de croix et sortit sans bruit.
    Kathryn s'assit et médita sur ce qu'il venait de lui apprendre. Pouvait-on tirer un fil de cette trame ? La moindre chose qui permettrait de démêler ce mystère ? Ce qu'elle avait appris ne l'étonnait pas. Maltravers avait caparaçonné son âme et ses sentiments contre le monde extérieur. Son péché le hantait. Mais qui l'avait assassiné ?
    Elle se leva, se dirigea vers l'huis, l'ouvrit et se glissa dans le couloir. Elle lança un coup d'œil dans la galerie. Sur des étagères ou des saillies, d'autres chandelles brillaient, abritées sous des capuchons ou derrière des poteries ou des verres. Elles seraient bientôt consumées. Le corridor était désert, bien qu'elle entendît détaler des souris et qu'elle aperçût la silhouette sombre d'un chat qui se faufilait dans l'escalier et avançait à pas feutrés dans la galerie. Elle referma la porte et la verrouilla. Elle se sentait en sécurité, son enquête étant incomplète. Elle avait déjà affronté des attaques mais pour le moment elle ne risquait rien. Après tout, elle n'avait rien appris qui mettrait en cause ou accuserait un suspect possible, alors quel danger pouvait-elle représenter ? Elle traversa la pièce et s'assit au bord du lit. Pour se calmer, elle se mit à penser aux préparatifs de son mariage. Il faudrait décorer l'église et fleurir les fonts baptismaux et le chœur. C'est elle qui avait choisi l'église : Sainte- Mildred, là où elle avait été baptisée et où ses parents avaient été enterrés. La liste des invités était fort longue. La jeune femme essaya de se souvenir si elle n'avait pas oublié quelqu'un. Pour une raison ou pour une autre, elle ne cessait de penser à Alexander Wyville.
    — Va-t'en! chuchota-t-elle. Va-t'en et laisse-moi tranquille !
    Elle avait mal à l'estomac. Trop de viande et de vin, conclut-elle. Elle écarta les courtines, s'étendit sur le lit et s'adossa contre les oreillers, les yeux grands ouverts dans le noir. Sa maison d'Ottemelle Lane lui manquait avec le claquement des souliers de Thomasina, Wulf et Agnes qui se pourchassaient dans l'escalier, Colum qui cousait une pièce de harnais ou, mieux encore, qui tentait de mettre de l'ordre dans les comptes de Kingsmead. Les chiffres et les lettres ne lui donnaient aucun mal, mais il tirait toujours la langue quand il écrivait. Kathryn sombra dans le sommeil.
    Quand elle se réveilla elle crut que le fracas métallique, le bruit de course, les cris et les hurlements qui venaient à la fois de la galerie et de dehors faisaient partie d'un cauchemar. Elle s'empressa de sortir du lit et se précipita à la fenêtre. Des serviteurs munis de torches se hâtaient vers le labyrinthe où brûlait un grand feu. Des langues de flammes orange jaillissaient vers le ciel noir. Elle entendit tambouriner à la porte et alla prestement tirer les verrous.
    Amelia, les yeux lourds de sommeil, était adossée au chambranle, une couverture enroulée autour de ses épaules.
    — Venez vite, Maîtresse.

    — Un incendie ? demanda l'apothicaire.
    — Oui, un incendie, Maîtresse ! Et il a pris on ne sait comment !

CHAPITRE IV
    « Bénie soit la Fortune et sa trompeuse roue, Qui le succès n'assure quel que soit votre rang... »
    Chaucer, « Le conte du Chevalier », Les Contes de Cantorbéry, 1387
    Kathryn saisit sa chape au vol, enfila ses souples bottines et suivit Amelia en bas de l'escalier. L'agitation avait à présent gagné toute la maison. Serviteurs et valets, à moitié endormis, s'habillaient en hâte. Kathryn franchit la porte principale et sortit sur le perron. Gurnell et quelques gardes s'y trouvaient, l'épée au clair. Le père John, l'air plutôt pitoyable dans sa chemise de nuit blanche, surgit lui aussi. Gurnell lui prêta sa chape. Thurston tempêtait et criait aux valets d'aller quérir de l'eau au puits. Kathryn, près des marches, scrutait les ténèbres. La haie, au fond du dédale, était en feu et les flammes rugissaient sous le ciel nocturne. Elle se rendit dans la prairie et sursauta quand un hibou, dérangé par l'incendie et le bruit, descendit en piqué au-dessus de sa tête, une souris morte dans le bec. Quelqu'un la heurta ; elle longea en vitesse le côté du

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