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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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labyrinthe et tourna. Elle sentit un souffle d'air chaud et une désagréable odeur d'huile. Des cendres qui voltigeaient lui entrèrent dans la gorge et les narines. Une bouffée de fumée la fit tousser et crachoter. Elle s'éloigna en se frottant les yeux.
    Un autre coup d'œil confirma ses premiers soupçons : la haie du fond avait été enduite d'huile et enflammée comme un fermier l'aurait fait pour se débarrasser des chaumes.
    Des valets jetaient déjà des seaux d'eau sur les flammes ; d'autres apportaient des draps et de vieilles couvertures, des râteaux et des pelles pour étouffer les flammes. À cet instant, et à cet instant seulement, la jeune femme se rendit compte d'autre chose. Trois serviteurs s'étaient écartés du feu et se tenaient, bouche bée, dans les ténèbres. L'un d'entre eux leva la main et hurla. Kathryn ne comprenait pas son accent. Elle suivit ses directives et constata que Gurnell et Thurston se trouvaient près d'elle. Juste au- delà de la flaque de lumière jetée par l'incendie, elle distingua une hampe de javelot - ou une perche - fichée en profondeur dans le sol et sommée d'une tête coupée. Le feu faisait rage, la lumière vacillait. Kathryn aperçut le cou déchiqueté, la bouche grande ouverte, les yeux à moitié fermés, les cheveux hirsutes encadrant une face blême.
    — Ô mon Dieu ! souffla-t-elle.
    Le père John l'écarta. Il ôta sa chape et, au moment où toute la maisonnée se pressait vers l'horrible spectacle, il enleva la tête. Il arracha la pique, la jeta dans les ténèbres et enveloppa le crâne avec douceur. Comme, avec son sinistre fardeau, il se hâtait vers le château, les efforts pour éteindre l'incendie se relâchèrent. Un petit groupe s'était assemblé sur les marches du porche. Kathryn vit Lady Elizabeth et Eleanora entourées de serviteurs armés. Le chapelain passa près d'elles en grande hâte. Kathryn entendit crier à l'arrivée de Thurston qui ordonna que l'on reprenne la lutte contre le feu.
    S'emmitouflant dans sa mante, elle s'avança dans le noir.
    Elle retrouva la perche, dont un bout était appointé et l'autre encroûté de sang. Elle la ramassa
    avec précaution. C'était un de ces piquets dont les fermiers usent comme tuteurs pour permettre aux plantes fragiles de pousser.
    — Comment vous sentez-vous, Maîtresse ?
    L'apothicaire se retourna. Thurston se tenait derrière elle, ses grandes mains ballantes. Dans la faible lumière, il avait un air inquiétant et menaçant.
    — Mal, je vais mal, répondit la jeune femme qui s'avança et lança le piquet à ses pieds.
    L'incendie était à présent maîtrisé mais une grande partie de la haie du fond avait été calcinée et détruite.
    — Comment est-ce arrivé ? demanda Kathryn.
    — Je faisais ma ronde de nuit, expliqua l'intendant qui toussa et cracha. J'ai senti une odeur de brûlé et j'ai vu de la fumée, mais c'est la saison des moissons, Maîtresse, et les feux ne sont pas rares. Ce n'est qu'un peu plus tard que j'ai vu les flammes et ai donné l'alarme. Le feu a pris avec de l'huile, continua-t-il d'un ton précipité. La haie est sèche.
    Après tout, le soleil est haut et il n'a pas plu depuis des semaines.

    — Donc, quelqu'un, qui que ce soit, a pris un petit récipient d'huile.
    Elle remarqua que l'herbe avait brûlé et ajouta :
    — Oui, ce devait être sec comme de l'amadou. On a versé l'huile et jeté une torche. On nous a tous attirés ici pour assister à cet épouvantable spectacle.
    — J'ignore qui a fait ça, gémit Thurston. Je n'ai vu personne et rien d'insolite. J'ai à faire.
    L'intendant parlait à son bonnet ; Kathryn se demanda s'il faisait semblant ou s'il avait vraiment la cervelle tourneboulée.
    Gurnell, armé d'une épée et d'une dague comme s'il s'attendait à quelque assaut, surgit des ténèbres.
    — Lady Elizabeth est retournée dans sa chambre.
    Kathryn baissa les yeux sur l'épée. Le capitaine présenta ses excuses, la rengaina et tendit la main.
    — Maîtresse, vous ne pouvez rien faire ici. Vous feriez mieux de rentrer.
    La jeune femme scruta ce combattant. Il haletait un peu, les yeux brillant d'excitation. Sa chemise desserrée, ouverte au col, laissait voir des gouttes de sueur. Elle se remémora les paroles de frère John. Elle était entourée d'hommes de guerre, de soldats qui avaient passé l'essentiel de leur vie à se battre.
    — L'ardeur de la bataille vous manque-t-elle, Maître Gurnell ?

    Elle avait parlé sans

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