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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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travers la ville. Ils pénétrèrent dans l'église par la porte du cimetière. Après le tohu-bohu de la cité, la nef imprégnée d'encens parut rafraîchissante à Kathryn. Le soleil ruisselait à travers les vitraux qui scintillaient et s'enflammaient en une palette de couleurs : rouge vif, vert foncé, bleu clair et nacre. Des cierges à la lueur tremblante avaient été allumés devant les autels et les statues qui contemplaient de leurs yeux de pierre ce festival de lumières à leurs pieds.
    Kathryn et Colum traversèrent l'église, firent une génuflexion devant la pyxide et se dirigèrent vers la chapelle Saint-Michel. L'église était déserte à présent.
    Quelques visiteurs se trouvaient encore sur le seuil, mais les frères lais avaient sonné la cloche et, plus haut dans la nef, le chœur s'exerçait à un chant bas et mélodieux. Les paroles du Magnificat résonnaient doucement dans l'air chargé d'encens comme des chuchotements venus d'un autre monde : « Mon âme glorifie le Seigneur. Mon esprit se réjouit et Dieu est mon Sauveur. » La grande fête de l'Assomption se préparait. Kathryn, honteuse, se rendit compte que, trop absorbée par les affaires d'Ingoldby Hall, elle avait manqué la messe. Elle appuya sur la porte de la chapelle. Elle était encore fermée et verrouillée aussi jeta-t-elle un coup d'œil à travers la grille. L'endroit, avec ses tapis turcs rouges et ses linges d'autel, n'avait pas changé. La chaîne d'argent pendait toujours, vide, aux poutres et son crochet en forme de « S » scintillait dans un rayon de lumière. La jeune femme le regarda avec grande attention.
    — Pourquoi, Colum ?
    — Pourquoi quoi, ma mie ?
    — Pourquoi a-t-on volé le réceptacle ?
    — Peut-être avait-il de la valeur, lui aussi. Peut-être le larron a-t-il trouvé cela plus facile ?

    Ils ouïrent un bruit de pas plus loin dans l'église. Le père Barnabas, frère Ralph s'empressant sur ses talons, descendait la nef à pas feutrés dans leur direction. Il avait glissé ses mains dans les manches de son ample bure grise qui voletait autour de lui. Il était manifeste que ces visiteurs inattendus n'étaient guère les bienvenus.
    — Si vous nous aviez annoncé votre venue, Maîtresse Swinbrooke... dit le prieur en s'arrêtant et en s'inclinant.
    Mais j'ai cru comprendre que vous vous trouviez à Ingoldby Hall. Quelle terrible affaire ! D'autres trépas, n'est-ce pas ?
    Il précisa que les serviteurs de Lady Elizabeth étaient déjà venus pour voir si l'enquête sur le Lacrima Christi avait progressé.
    — Et a-t-elle avancé ?
    Les yeux du prieur dans son visage ridé et parcheminé ne perdirent rien de leur dureté. Il fit un signe de dénégation.
    — Comment cela se pourrait-il ? intervint frère Ralph, sa figure au teint terreux reflétant sa contrariété. Si nous savions où est le Lacrima Christi...
    Il ne termina pas sa phrase.
    — Pouvez-vous ouvrir la chapelle ? demanda l'apothicaire.
    — Oui, j'ai la clé à présent.
    Barnabas déverrouilla la porte. Kathryn entra et ses bottes s'enfoncèrent profondément dans l'épais tapis moelleux.
    Elle eut l'impression d'être dans un univers différent ; le tapis rouge semblait rayonner et étouffer les bruits. Elle monta les marches de l'autel et examina de près la chaîne d'argent. Elle tira un peu dessus et constata qu'elle était solide et bien attachée. Il en allait de même pour le crochet dont un bout passait dans la chaîne et dont l'autre servait à suspendre la précieuse relique.
    — Cette chaîne a-t-elle été forgée pour l'occasion ?
    — Bien sûr, répondit le prieur. Frère Crispin, notre cellérier, l'a commandée tout exprès à un artisan de la ville.
    — Et le réceptacle ?
    — Là encore, frère...
    — ... Crispin en a fait l'acquisition, termina Kathryn. Je me demandais, continua-t-elle, pourquoi le voleur n'a pas tout simplement ôté le rubis de son support.
    — Il était bien fixé, expliqua Barnabas. Le larron aurait dû tirer.
    — Par conséquent, observa la jeune femme, il était plus aisé de décrocher et le réceptacle et le rubis ?
    — Bien entendu, se hâta d'acquiescer le prieur.
    — Et vous, frère Ralph ? questionna Kathryn en quittant des yeux son interlocuteur pour regarder l'infirmier.
    Ce dernier, qui se tenait près de l'entrée, scrutait la nef comme s'il lui tardait de s'en aller.
    — Avez-vous, vous ou l'un de vos frères, la moindre idée de la façon dont ce joyau a été dérobé

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