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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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céans ou pour conter fleurette à Thomasina ?
    Il leva la tête en souriant bien que ses yeux fussent tristes.
    — Kathryn, nous sommes prisonniers de notre passé ; ce sont les termes de saint Augustin qui voit en nous des âmes hantées par des rêves, des images, des souvenirs, non seulement de la vie sur terre mais aussi de ce que Dieu veut que nous soyons.
    — Êtes-vous affligé ? Voulez-vous partager votre mélancolie ? dit-elle d'un ton qu'elle voulait léger.
    — Non, non, j'ai ouï parler de l'affaire d'Ingoldby Hall.
    Vous savez ce qu'il en est des caquets des serviteurs. Vous m'en avez dépêché un.
    — Ah, c'est vrai !
    Cuthbert posa sa chope par terre à côté de lui et, se penchant en avant, il prit les mains de la jeune femme entre les siennes.

    — Je m'inquiète pour vous, Kathryn, surtout quand vous enquêtez sur ces brutales malemorts. Il paraît qu'on vous a agressée. Non, non, écoutez-moi !
    Il la lâcha et reprit sa chope de bière.
    — Je suis un vieux prêtre, Kathryn. J'ai ouï des centaines, voire des milliers de confessions. J'ai remis des péchés dont vous n'avez même pas idée, j'ai entendu narrer d'horribles cruautés, mais j'ai toujours admis un fait capital : les hommes et les femmes qui viennent à moi savent qu'ils ont péché et demandent l'absolution. Ils veulent réparer. J'ai pourtant aussi rencontré des gens qui n'ont cure ni de Dieu ni du Diable, ni du bien ni du mal. On dirait qu'ils sont dépourvus de conscience. Ils obéiront à leurs désirs, accompliront n'importe quelle terrible action pour en venir à leur fin. C'est ce qui s'est passé à Ingoldby Hall. Sir Walter a été assassiné de façon barbare et vous vous en êtes mêlée : il faut donc vous empêcher de continuer.
    — Savez-vous quelque chose sur Maltravers ? s'enquit Kathryn.
    — Non, rien, mais ne changez pas de sujet ! releva Cuthbert en souriant. J'ai entendu parler de sa mort dans le labyrinthe et là-dessus, par contre, je sais quelque chose.
    Il leva la main.
    — Ah, vous voilà enfin intéressée ! Mais vous ne tiendrez pas compte de mes conseils, n'est-ce pas ?
    — Qu'en est-il du dédale ?

    — Il ne s'agit pas de ce dédale-là, rétorqua-t-il. Vous souvenez-vous de Peterkin, le braconnier ?
    Kathryn s'esclaffa.
    — Comment aurais-je pu l'oublier? C'est une intarissable source de viande fraîche ! Lorsqu'on l'a arrêté avec deux lapins dans sa besace, il a affirmé qu'ils avaient dû s'y glisser tout seuls pour mourir !
    Le prêtre se mit à rire lui aussi.
    — Êh bien, maintenant il est très malade. Il crache du sang mais je l'ai installé confortablement à l'hospice. Nous avons de longues conversations, Kathryn. Quelles histoires il peut raconter sur la vie à la campagne ! On m'avait parlé du labyrinthe. Et comme Peterkin peut se faufiler à travers n'importe quelle haie, n'importe quelle palissade, je lui ai demandé comment il s'y prendrait pour pénétrer dans un dédale, mais pas par l'entrée.
    — Et ? le pressa l'apothicaire.
    — Il a ri. Il a dit que si on grimpait sur la haie on serait vu et que passer à travers était impossible ! Il m'a expliqué que la partie la moins solide en était la base.
    — Mais c'est faux, corrigea Kathryn. Les racines sont profondes et serrées.
    — Pas toujours, Kathryn. Peterkin a prétendu qu'il pouvait traverser n'importe quelle haie. D'abord, il n'est pas rare qu'il y ait un vide entre le sol et le bas du buisson.

    Ensuite, les racines semblent enlacées, mais c'est souvent une illusion.
    Kathryn se remémora ce qu'elle avait vu à Ingoldby Hall et, incrédule, hocha la tête.
    — Peut-être qu'un être fluet comme Peterkin pourrait s'y couler, mais un homme avec une épée... ?
    — Non, non, Kathryn, Peterkin a précisé qu'il faut cherchez deux failles : une entre les racines, une entre le bas de la haie et le sol. N'oubliez pas qu'elles sont souvent cachées par les herbes hautes et la végétation qui poussent entre les buissons. Ce qu'il faut faire alors, c'est scier chaque racine, l'écarter de force et élargir le trou.
    La jeune femme ferma les yeux.
    — Mais ce sont des haies de persistants. La sève monte toute l'année et il doit être difficile de couper le tronc.
    — Pas plus qu'un tronc de chêne pour un bûcheron, remarqua le père Cuthbert. À votre place j'examinerais cette haie derechef, Kathryn. Peterkin a ajouté qu'il arrive qu'un arbuste commence à mourir et que le tronc soit alors plus facile à

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