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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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rendit compte de la puissance de son regard profond et pénétrant.
    — Permettez-moi de lire dans vos pensées. Ces vingt dernières années j'étais le chapelain, le confesseur et le compagnon de Sir Walter. Pourtant, il est vrai que je ne le pleure peut-être pas comme je le devrais.
    — J'y ai pensé, mon père. Mais on pourrait en dire autant de vous tous, bien que je soupçonne Maltravers d'en être en partie responsable.
    Le père John évita son regard.
    — Je ne le pleure pas comme je le devrais. Je suis prêtre. D'autres préparent à la vie, moi je prépare à la mort et à ce qui nous attend ensuite.
    — Mais vous vous êtes bien querellé avec Sir Walter ?

    Il la dévisagea.
    — En juillet dernier, continua Kathryn, il paraît que vous avez échangé d'amers propos ?
    — Parce que je l'avais prié de me laisser partir, s'empressa d'expliquer le père John. J'ai vécu ma vie, Maîtresse. Je voulais me préparer au trépas. J'ai annoncé à Sir Walter que je désirais entrer dans un monastère et prononcer mes vœux. Je voulais m'éloigner du tohu-bohu, du fracas des armes, du tintement des coupes. Je veux être prêt. Ne pouvez-vous le comprendre ?
    Et, sans attendre de réponse, il traversa la pièce à grands pas. Il s'arrêta pourtant sur le seuil, se signa et fit demi-tour.
    — Je ne cherche point à vous offenser, Maîtresse.
    — Il n'y a pas d'offense.
    Le père John désigna le cadavre.
    — L'une des sept œuvres de miséricorde consiste à enterrer les morts. Pour rendre justice à cet homme et par loyauté envers ma maîtresse...
    — Vous pouvez le faire enlever, déclara Kathryn. Je n'ai plus rien à faire ici.
    Colum sur ses talons, elle quitta le cabinet de travail. Ils suivirent la galerie au parquet ciré et montèrent l'escalier tout au bout. L'huis de la chambre du secrétaire était entrebâillé. Kathryn le poussa et entra. Propre et en ordre comme celle d'un soldat, la chambre lui rappela par bien des détails celle de Colum. Une couverture brodée d'or était tirée sur les oreillers. Une petite table en bois noir, supportant un candélabre à six branches, était installée près du lit. Des pots et des coffrets s'alignaient sur des étagères fixées au mur et, au- dessous, on avait disposé deux grands coffres, une table et une chaire. Parmi les livres qui s'empilaient sur la table se trouvaient une Bible, un psautier, et une copie de chroniques que Mawsby avait sans doute empruntée à la bibliothèque. Kathryn et Colum fouillèrent à fond les coffres et les arches. L'apothicaire se sentait plutôt gênée, mais elle ne découvrit que quelques lettres et quelques souvenirs. Le reste était sans intérêt.
    — Cherchez-vous quelque chose en particulier ?
    interrogea Colum.
    La jeune femme alla ouvrir les volets de la fenêtre, puis prit un luth et un rouleau de parchemin sur une étagère d'angle.
    — Non, rien, répondit-elle. C'est la chanson que Mawsby fredonnait dans la bibliothèque.
    — Comment a-t-il été empoisonné, à votre avis ?
    — Je l'ignore.
    Elle quitta la pièce et continua jusqu'à la galerie des serviteurs. Elle n'était pas aussi somptueuse : ce n'était qu'un long couloir percé de fenêtres à chaque bout. Les murs chaulés étaient nus, mis à part le crucifix de rigueur. À
    gauche s'ouvraient de petites pièces étroites. Kathryn jeta un coup d'œil dans l'une d'entre elles. Elle n'était meublée que d'une couche étroite, d'un tabouret, d'une table, d'un coffre et de patères au mur. La plupart des chambres étaient vides : les serviteurs s'activaient pour accueillir leur maîtresse revenant de Cantorbéry. Tout d'un coup une porte s'ouvrit et Amelia parut.
    — Maîtresse ? s'enquit-elle en s'essuyant les mains sur sa robe.
    — Ah, Amelia, je vous croyais occupée en bas ?
    — J'ai demandé à Maître Thurston l'autorisation de ranger ma chambre, bredouilla-t-elle.
    — Puis-je la voir ?
    Amelia recula et poussa la porte. Kathryn entra. La pièce était semblable aux autres : murs chaulés, petit lit et quelques méchants meubles. La fenêtre, percée haut dans la paroi, était carrée. Kathryn dut monter sur une petite saillie au-dessous pour regarder dehors. Sous ses yeux s'étendait la grande prairie et la masse sombre du labyrinthe. Elle distingua le sommet de la Croix des pleurs et le pré, au-delà, qui descendait vers la rangée d'arbres et de buissons. Elle comprit que, même d'ici, le dédale restait un mystère

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