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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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pensé qu'elle s'était trompée, que ce n'était qu'un effet du soleil. Mais, en scrutant à nouveau l'endroit, elle le distingua encore, entre deux buissons. Puis il s'évanouit. Agrippant son écritoire, elle dévala le talus et traversa la grande prairie, Colum, criant son inquiétude, sur ses talons. Ils dépassèrent le dédale et parvinrent au rideau d'arbres et de broussailles. Kathryn leva la main. D'abord il ne se passa rien, puis Colum entendit des craquements de rameaux et des froissements de fougères.
    — Je croyais que c'était impénétrable ?
    — J'ai toute confiance en Peterkin le braconnier. Il n'existe pas de haie qu'on ne puisse traverser, repartit Kathryn.
    Elle quitta la pelouse et se mit à écarter les buissons. Des fougères, des ronces et des orties lui barraient le passage.
    Kathryn s'arrêta, se remémora ce qu'elle avait vu et tenta, une fois encore, de se frayer un chemin dans le sous-bois vers les deux épineux entre lesquels elle avait aperçu la tache rouge. Les fougères se prirent dans sa robe. Colum, grommelant et bougonnant, tira son épée et commença à dégager un sentier. Kathryn arriva près d'un des buissons et en fit le tour.
    — C'est bien ce qu'il me semblait !
    Le petit espace entre les plantes était piétiné. Kathryn s'y faufila et se retrouva sur une sente sinueuse d'un peu plus d'un pied de large, bien visible dans la végétation. En hiver, s'il avait neigé ou plu, elle devait être boueuse et glissante, mais à présent le sol était ferme. La jeune femme avait l'impression de pénétrer dans une ancienne forêt avec des trouées de lumière, quelques chants d'oiseaux et de sinistres bruissements sous la fraîche verdure sombre bien à l'abri de l'ardeur du soleil. Colum, perplexe, la talonnait.
    Le sentier tournait sans cesse. Kathryn devait parfois marcher de côté pour éviter les ronces. Le chemin déboucha sur une petite clairière au sol couvert de mousse qui s'étendait jusqu'au mur d'enceinte d'Ingoldby Hall.
    Kathryn le suivit puis s'immobilisa.
    — Regardez ces fentes et ces crevasses, Colum. Même moi je pourrais monter sur cette muraille.
    Ce qu'elle se mit en demeure de faire avec précaution.
    — Kathryn, supplia Colum, descendez, de grâce ! Je m'en charge !
    — Il est rare que j'escalade un mur, lui répondit-elle.
    Quand j'étais enfant, je gravissais celui du verger de la veuve Gumple. Les pommes étaient acides, mais j'aimais qu'elle me poursuive.

    Égratignée et en sueur, elle se hissa enfin au sommet et se redressa. Elle vit une autre étendue herbeuse, des arbres et des broussailles et, à travers, elle distingua le chemin qui menait au carrefour et à la route de Cantorbéry. Elle allait faire demi-tour quand elle aperçut des fils rouges accrochés aux pierres rugueuses du haut du mur. Elle s'en empara, les serra dans sa main moite et redescendit.
    Colum, impatient, l'attrapa par la taille et l'aida puis, la faisant pivoter, l'enlaça.
    — Cela vous a plu, n'est-ce pas ? Ça vous a mis les joues en feu et fait briller les yeux.
    — Ce n'est pas le mur, Irlandais, mais vous !
    Colum l'embrassa sur les lèvres et lui caressa le dos avec douceur. Incapable de résister, Kathryn appuya sa tête contre sa poitrine.
    — Heureusement que personne ne nous a vus !
    murmura-t-elle.
    — Oh, je n'en suis pas si sûr !
    — Alors, Irlandais, je ne tiens pas à être surprise à polissonner avec vous dans un bois, plaisanta-t-elle en le repoussant avec tendresse.
    Colum n'aurait pas demandé mieux que de poursuivre ses taquineries, mais la jeune femme tendit la main pour lui montrer les fils rouges.
    — La Vaudoise ?

    — Oui, la Vaudoise. Je suis certaine qu'elle était là à l'instant. Je parierais qu'elle connaît cette sente aussi bien que Sir Walter connaissait le labyrinthe. C'est un sentier utilisé par les braconniers ou, du moins, par quiconque désire quitter le château ou y entrer sans être remarqué.
    — Pourrait-elle avoir commis le meurtre ?
    Kathryn rangea les fils rouges dans son escarcelle et rajusta sa coiffe.
    — N'oubliez pas ce que vous avez dit, Colum : une femme peut manier une épée ou une hache avec autant de dextérité qu'un homme. La Vaudoise est-elle aussi folle qu'elle en a l'air ? Éprouvait-elle de la rancune envers Maltravers ? Peut-elle se diriger dans le dédale ?
    — Mais si c'est le cas, dit Colum en se penchant pour ramasser l'écritoire de Kathryn qu'il lui tendit, comment y est-elle entrée

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