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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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capitaine. Je m'intéresse aux chevaux, à leurs écuries, leur élevage, leur nourriture, les différentes périodes de leur vie, mais en fin de compte je suis un soldat et je tue. Et parce que je tue, il m'arrive de reconnaître les autres tueurs quand je les croise. Ursula et sa mère, même si au premier abord elles le cachaient bien, étaient pleines de haine et de ressentiment. Peut-être n'avaient-elles pas tort, peut-être avaient-elles de bonnes raisons, ajouta-t-il avec une petite grimace. Elles couvaient leurs griefs comme le fait un homme affligé d'une blessure inguérissable.
    — Je ne vous reproche pas d'avoir abattu Ursula.
    Colum détourna le regard.
    — C'était une femme, dit-il à voix basse, bien que cela ne change rien. Elle allait me tuer et, surtout, elle allait vous tuer. Je l'ai compris dès qu'elle a franchi la porte.
    Il fit un geste.
    — J'ai fouillé derrière le pavillon. J'ai découvert au moins trois corps enterrés dans la chaux vive. Ursula voulait vous transpercer le cœur et, si elle l'avait pu, transpercer aussi le mien. Elles auraient dévêtu nos cadavres...
    Il ne termina pas sa phrase.

    — Mais pourquoi ? insista l'apothicaire.
    — J'ai fouillé ce lieu déshérité, répondit Colum.
    Il se leva et lui tendit la main pour l'aider à faire de même.
    — Vous sentez-vous bien ?
    Kathryn inspira profondément.
    — Où sont les chevaux ?
    — L'odeur du sang les a troublés. Je les ai conduits plus loin sur le chemin. Ils broutent. Venez, je veux vous montrer quelque chose.
    Kathryn enfila ses bottines et suivit Murtagh derrière la maison. Ils passèrent devant les deux dépouilles recouvertes d'un grossier drap de toile usé. Les mouches bourdonnaient déjà sur les taches de sang noir qui suintait.
    Le jardin, à l'arrière, était envahi par la végétation mais, par-ci par-là, quelques carrés et plates-ban- des avaient été cultivées. Au fond, dans le petit taillis, Kathryn aperçut des monticules de terre sur lesquels traînaient une pioche et une binette.
    — Vous avez fait du bon travail.
    — Je voulais être sûr, expliqua Colum en l'enlaçant. Je me sentais coupable. Je me demandais si Ursula ne s'était pas vantée. C'est pourtant vrai : elles avaient déjà tué. Et à présent, venez voir !
    Colum fit faire à Kathryn le tour d'un buisson d'aubépine rampant. L'herbe était roussie par le feu. Un tas de résidus calcinés et de cendres blanches, d'où quelques volutes de poussière et de fumée s'élevaient encore, se dressait au centre. Il prit un bâton et farfouilla dans les débris d'où il sortit le fer d'une hache à double tranchant. Son manche en bois avait brûlé. Il recommença à fouiller et tira des morceaux de tissu noirci, quelques-uns complètement carbonisés et d'autres consumés en partie seulement.
    Kathryn se pencha et ramassa le fer de hache. Il mesurait environ un pied de large et ses ailes neuf pouces de long.
    — Du bon acier, observa Colum. Elles ont fait brûler le manche et avaient sans doute l'intention de jeter le fer dans un étang ou de l'enterrer dans le jardin.
    Kathryn prit un pan de tissu à demi calciné. Il était fort grossier et un bout en était renforcé par des points de couture très serrés.
    — Stephen, le fabricant de sacs, murmura-t-elle. Je reconnaîtrais son travail n'importe où. C'est lui qui a fait celui-ci.
    Elle lança un coup d'œil à Colum.
    — Bien sûr, souffla-t-elle, on s'est servi de la hache pour tuer Maltravers et on a mis la tête coupée dans un sac qu'Ursula a essayé de réduire en cendres.
    — Ce sont donc elles, les meurtrières ? interrogea Murtagh.
    — Il se peut que la Vaudoise ait escaladé le mur avec la hache et le sac. Elle s'est débrouillée pour entrer dans le labyrinthe et, aidée par sa fille, a tué Sir Walter. Plus tard, cette même nuit, elles ont rapporté la tête, l'ont fichée sur un piquet et ont incendié la haie du fond pour faire disparaître l'entrée secrète.
    Elle s'éloigna et regarda le ciel dont le bleu s'assombrissait.
    Ce devait être le milieu de l'après-midi et elle ne se rendit compte qu'à cet instant qu'il faisait chaud et que les oiseaux chantaient. Elle ferma les yeux. L'attaque avait été si soudaine ! Elle maudit sa propre imprudence. Elle devrait ne jamais oublier, chaque fois qu'elle interrogeait quelqu'un sur un meurtre, un acte sanglant, qu'elle s'adressait peut-être à l 'assassin qui tuerait et tuerait derechef pour dissimuler

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