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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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Kathryn alla tout de suite s'asseoir sur les marches du chœur. Colum s'adossa à l'huis et, cédant à l'insistance de la jeune femme, le prieur et frère Ralph s'installèrent sur de petits tabourets près de lui.
    — Vous savez où est le Lacrima Christi ? s'enquit frère Ralph.
    — Non, je l'ignore, dit Kathryn en hochant la tête. Mais je sais comment on l'a volé !
    L'air affolé, le prieur écarquilla les yeux. Frère Ralph, mal à l'aise, s'agita sur son siège.
    — Mon père et moi, continua Kathryn, débattions souvent, comme le font les étudiants aux collèges d'Oxford.
    Je posais une question, par exemple Dieu existe-t-il ?
    Prouvez-le. Mon père exposait un autre point de vue. S'il pouvait le prouver, alors Dieu aurait cessé d'exister, car comment un esprit fini pourrait-il saisir ce qui est infini ?
    Vous avez bien ouï parler de ces célèbres disputes, n'est-ce pas ?
    Barnabas acquiesça.
    — Ou, reprit Kathryn, si vous étiez mis au défi de prouver l'existence de Dieu, vous preniez le contre-pied en posant une question semblable pour que le contradicteur justifie la non-existence de Dieu.
    — Quel rapport avec le Lacrima Christi ?
    — Oh, je souligne seulement ce fait très important, mon père, que tout dépend de la façon dont on aborde une question afin de la résoudre.
    Elle se frotta les mains.

    — Prenez Laus Tibi : tout le monde est convaincu qu'il a disparu de l'église.
    — Oui, c'est bien ce qu'il a fait !
    — Non, mon père, c'est faux. Il a disparu du prieuré et vous devriez le savoir. Après tout, vous l'y avez aidé, tout comme vous avez pris le Lacrima Christi !

CHAPITRE X
    « Mon thème toujours fut et demeure Radix malorum est Cupiditas... »
    Chaucer, « Prologue du conte du Pardonneur », Les Contes de Cantorbéry, 1387
    — Quoi?
    Le prieur allait bondir, mais Kathryn le repoussa avec douceur sur son tabouret. Colum s'avança et frère Ralph, blême, posa la main sur le bras de son supérieur pour le calmer.
    — C'est mon hypothèse et je vais l'expliquer, déclara l'apothicaire. Prenons notre coquin, Laus Tibi, un coupe-bourse, un larron, un malandrin que les baillis voulaient pendre par les talons. Il était destiné soit à l'exil soit à la pendaison ; à cette dernière, sans doute. Sans argent, affamé, sale et terrorisé, il s'était réfugié dans cette église. Mais il a pourtant eu, semble-t-il, l'audace et l'adresse de traverser un solide mur de brique et d'échapper à la vigilance de ses prétendus poursuivants.
    Le prieur, assis les mains posées sur les genoux, ne la quittait pas des yeux. Par moments, il bougeait la tête comme s'il redoutait Colum qui se tenait derrière lui.
    — Quand Laus Tibi a disparu, poursuivit Kathryn, on a tout de suite pensé qu'il s'était évadé de l'église. Un si rusé pendard ! Un si habile filou ! Et, s'il avait pu sortir du chœur et tromper la vigilance des baillis, c'était lui, bien sûr, qui avait dû dérober le rubis. Ce soupçon fut renforcé quand, un peu plus tard, le réceptacle du joyau sacré fut vendu à un orfèvre de la ville pour une forte somme. Tout paraissait accabler Laus Tibi, mais reprenons les choses à la base.
    La jeune femme s'interrompit et releva les manches de sa robe. Elle était contente de s'exprimer, de laisser libre cours à ses idées même si les événements sanglants qui s'étaient déroulés au pavillon de chasse l'obsédaient encore.
    — Laus Tibi ne s'est pas enfui de l'église, expliqua-t-elle, parce qu'il ne pouvait sortir d'un bâtiment fermé, barré et gardé ! Tout le monde a cherché ici car c'est là qu'il s'était abrité.
    — Que voulez-vous dire ? interrogea Barnabas d'une voix rauque, mais Kathryn vit bien qu'elle avait marqué un point.
    — Il ne s'est pas échappé de l'église, insista-t-elle en soulignant ses propos de la main. Laus Tibi s'est échappé du prieuré.
    — Kathryn ! l'avertit Colum.
    — Réfléchissez, Colum. Il est là, frissonnant dans la chaire de Miséricorde. Toutes les portes sont verrouillées, barrées et surveillées. Mais le prieuré, lui, ne l'est pas.
    — Mais l'huis de la sacristie ? bafouilla frère Ralph. Il est clos.

    — Oui, de l'extérieur, admit Kathryn. Et la nuit où Laus Tibi a disparu, quelqu'un a tout simplement enlevé les barres, l'a ouvert et, portant robe et profond capuchon, peut-être même masqué, s'est faufilé dans le chœur et a approché notre coquin. D'une voix spectrale, l'apparition a ordonné à

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