Le lever du soleil
faisaient procès à Gondi au nom de qui, sinon du Roi ? A Gondi et ses amis, et au conseiller Broussel ! M. le Prince se plaignait qu'on avait voulu le tuer ! Le procès était faux et truqué, et la Reine donc prenait parti pour la justice, f˚t-elle en faveur de ses anciens ennemis. Du moins était-ce la noble apparence donnée. Il était si facile de pousser Condé à la rage, grand nerveux qu'il était, et, partant, à la sottise.
La Reine, après avoir acheté en vain les Bourbons, acheta les frondeurs parlementaires et il fut décidé, devant Gondi soi-même, que les princes seraient arrêtés. A Guitaut, Condé ; à son neveu Comminges, Conti ; à Villequier, le duc de Longueville.
Ce 18 janvier 1650, Conseil à la Cour. Les carrosses des princes se font attendre. Par principe : des Bourbon-Condé viennent de leur plein gré, on ne les convoque pas. La Reine a la migraine, diplomatique ou réelle ? Dans ce tumulte on l'aurait à moins.
Aussi ferme-t-on les portes de son appartement pour lui épargner tout bruit. La princesse douairière de Condé la visite, inquiète de sa santé. La Reine rougit, bredouille, semble fort malade. Condé
les aperçoit ensemble, cherche dans un couloir Mazarin pour lui extorquer une nouvelle requête. Arrivent alors Conti et Longueville enchiffrené qui ne cesse de moucher. Le Conseil de régence est enfin réuni.
On ouvre les portes de la grande salle, à son habitude Louis de Bourbon Condé passe le premier, suivi de ses frère et beau-frère.
S'approche alors, venant d'une fenêtre o˘ il attendait, le capitaine Guitaut. Condé l'accueille très honnêtement, enfin un brave dans cette engeance de poulailler.
que Guitaut lui demande une gr‚ce, un de ses régiments de chevau-légers, il l'aura de suite. M. le Prince n'a cessé de distribuer des gr‚ces depuis la fin du siège de Paris. Il fait le roi.
- Ah, Guitaut, je suis aise de vous rencontrer. que me voulez-vous ? vous l'aurez ! Enfant sachez que je vous ai admiré, adulte il plairait de vous avoir à mes côtés dans nos futures batailles.
- Monseigneur, ce que je veux c'est que j'ai ordre de vous arrêter.
- Moi, monsieur Guitaut ! Vous, vous m'arrêtez !
- Oui, Monseigneur. Ordre de la reine régente de France.
Dans la suite de Condé qui est resté à la porte, Jarzay surgit l'épée à la main.
Guitaut lui saisit le bras, sans dégainer :
- Marquis, n'en avez-vous pas assez fait ? Une sottise de plus, et je vous casse la tête. Voilà o˘ nous en sommes gr‚ce à vos poulets.
Guitaut tient un pistolet.
Condé éloigne Jarzay, demande à voir la Reine. Guitaut promet de la trouver et laisse le prince seul, dans la galerie. Il pourrait s'évader. Guitaut n'est pas contre ; vilain métier que d'arrêter un héros.
La Reine est guérie, certainement par gr‚ce divine, toute migraine l'a quittée ; en grande robe d'apparat, tenant Louis près d'elle, elle reste dans l'encoignure d'une porte et regarde. Elle ne recevra pas Condé.
Guitaut revient, Condé n'a pas bougé.
- Monsieur le Prince, veuillez me remettre votre glorieuse épée.
- A vous, Guitaut, je le veux bien. Mais je ne comprends pas.
N'ai-je pas été le plus fidèle soutien de mon cousin le Roi, et le ministre ne m'a-t-il pas assuré de son amitié ?
Guitaut prend l'épée du valeureux soldat comme une sainte relique. Condé lui sourit :
- Eh bien, obéissons ; o˘ m'allez-vous mener ? J'espère en un lieu chaud. Il gèle en ce janvier.
- Monseigneur, au ch‚teau de Vincennes.
- Demeure royale et forteresse. C'est un bon lieu pour un soldat. J'y pourrai parfaire mes connaissances en architecture militaire.
Condé s'approche de Guitaut et lui prend le bras.
- Vous m'accompagnez dans mon carrosse, j'espère. On arrê-tera aussi ma súur ? Elle a des talents pour faire passer le temps.
- Mme de Longueville doit être à cette heure en route vers la Normandie, qui est du gouvernement de son mari.
Condé regarde le capitaine. Guitaut lève le sourcil.
- Vous êtes bon soldat, capitaine, vrai gentilhomme, et de plus galant homme. Cette affaire terminée, revenez me voir, je vous donnerai un régiment.
- Pas à moi, Monseigneur, mais pour un mien neveu j'y consens.
Ainsi ce prince qui affama Paris fréquente les rats de Vincennes. Du moins c'est ce que pense le peuple. Condé et ses frère et beau-frère sont plutôt bien logés. Mazarin a fait b‚tir deux gracieuses ailes dans les cours.
Paris allume des feux de joie, crie "
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