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Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
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coiffait si bien. Pour Jarzay...
    Devant ses dames, elle s'écria :
    - Il paraît que j'ai un amant ! Un jeune muguet, sans doute en mal de mère.
    On se moqua fort du jeune capitaine et marquis. Les traits de ces dames, dont certains de Mme de Sénecey qui y prit, d˚t-elle en convenir, grand plaisir dans la férocité, furent bien s˚r rapportés.
    Jarzay ne désarma pas pour autant. Bravant le ridicule, cette arme fatale des cours souveraines, et ce depuis les siècles des Valois, il se présenta encore au particulier de la Reine.
    Là, la Reine, qui avait appris son texte sur une lettre de Mazarin, tint son rôle de grande comédienne.
    - Voyez-moi ce joli galant ! Vous me faites pitié avec vos soupirs. Il faudrait vous enfermer avec les fous des Petites Maisons, mais il est vrai qu'il ne faut pas s'étonner de votre folie présente, car vous la tenez de race. Un de vos oncles n'a-t-il pas courtisé Marie de Médicis jusqu'à l'exil !
    C'était une insulte publique. Jarzay fit front, se redressa :
    - L'aventure était belle, le crime honorable, et je ne suis nullement honteux d'en être accusé.
    Il quitta les lieux, rendit sa charge. Condé entra en rage !
    " Le vieux galant italien a chassé le jeune Français ! " hurlait M. Le Prince à qui voulait l'entendre, ou ne voulait pas d'ailleurs, tant il criait haut. Le prince commanda des mazarinades immondes qui ne lui firent pas honneur sur la sexualité du " bougre de Calabre " et divers aspects de ses rapports charnels avec la souveraine... et les fils d'icelle.
    Insultant à foison, il se clama insulté. Fort d'avoir sauvé la monarchie, il l'attaqua. Il entra chez la Reine comme en place forte, demanda explication : comment osait-on chasser de la Cour le protégé d'un prince du sang ?
    La Reine plaida que le marquis n'avait rien voulu entendre, et qu'elle avait donc d˚ recourir à certaine sévérité, toute femme ayant le souci de sa réputation.
    Condé opina mais rugit et exigea le pardon de Sa Majesté et cousine à son ami et féal Jarzay.
    Jarzay revint aux gardes mais non au particulier.
    Condé avait cherché et trouvé la rupture. Poussé par sa súur amoureuse, Anne Geneviève de Longueville, mauvais ange mais fougueuse maîtresse, qui exigeait que la famille qui avait sauvé la monarchie et le bougre de Calabre chapeauté de rouge obtînt plus.
    La Reine avait déjà donné le gouvernement de Champagne à
    Conti, celui de Damvillers à Marcillac, duc de La Rochefoucauld, cousin de Mme de Sènecey dont il fit l'amoureux et amant de la duchesse de Longueville, dont le mari deux fois cocu obtint celui de Pont-de-l'Arche, place forte clé de la Normandie.
    Condé se montre insociable, insultant, ignore " Louison ", baptisé ainsi d'un nom de servante alors qu'il s'agit de son Roi, ne salue personne, bouscule les gardes du Cardinal, fait imprimer dans ses caves des horreurs à placarder dans Paris.
    Peuple, n'en doutez plus il est vrai qu'il la fout, Et que c'est par ce trou que Jules nous canarde ; Les grands et les petits s'en vont à la moutarde : Respect bas, il est temps qu'on le sache partout.
    Son crime est bien plus noir que l'on ne pense pas ; Elle consent l'inf‚me au vice d'Italie,
    Et croirait sa débauche être moins accomplie, Si son cul n'avait part à ses sales ébats.
    Ce n'est plus Mazarin qu'on brocarde, c'est la Reine qu'on insulte. De faux attentats contre un frondeur qui n'est que paille dans un pourpoint, contre le carrosse vide de Condé, deux coups de feux sont tirés. qui machine ? qui invente ? qui ment ? A qui profite le mensonge ? Nul n'a plus d'ami, tous sont ennemis. Chacun invente contre soi un complot, Gaston crie à son assassinat, Mazarin sait qu'on veut sa peau, interdit à la Reine de sortir sans une forte escorte, le Roi ne doit pas quitter Guitaut de la longueur d'une botte. On a surpris des échevins buvant à la santé de Cromwell !
    Condé, lui, enrage. Les nerfs ont pris le dessus ainsi que le fiel de sa si belle súur. L'ami cousin du Roi devient fou dangereux.
    Et Louis, qui ne digère pas Louison, vit comment se faisait la politique, selon du moins le génie de M. Mazarin.
    Il fit revenir, invités, l'oncle Gaston et sa fille Mademoiselle, qu'il dut faire danser tant qu'il put, ce qui le vexait, bien qu'il aim‚t la danse, la duchesse de Chevreuse, et donc les Lorraine, les Rohan. Même M. le Coadjuteur, le grand vaincu des émeutes de Paris. Louis grimaça mais apprit que Condé et tous ses princes

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