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Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
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mois, le 6 septembre 1651, Louis XIV sera majeur.
    - Ne peut-on sortir d'ici ? demande Brienne.
    - Nous sortirons, dit Louis. quand je serai le maître j'irai o˘
    je voudrai, et je le serai bientôt.
    En attendant, au Parlement on se traite de " fils de putain "
    entre le clan Condé et le clan Gondi.
    On libère les princes qu'on avait éloignés jusqu'au Havre.
    Mazarin s'est chargé lui-même d'ouvrir les geôles. La duchesse de Longueville change d'amant et prend le duc de Nemours, comme Mme de Clèves dans le roman de la comtesse de La Fayette, mais avec plus d'ardeur et moins de pudeur.
    Mazarin sait qu'il doit partir. Un temps seulement. Il prépare tout devant la Reine, en l'absence du Roi qui écoute aux portes.
    Il prépare son exil. Se confie à Le Tellier, excellent administra-teur, puis se souvient d'un homme aux yeux creux, aux sourcils charbonneux, un homme tête baissée sur les papiers, un calcula-teur émérite, un comptable honnête, bien que parfois astucieux.
    Un tenace ; il vient de Reims o˘ ses parents tiennent négoce. Il est dans les bureaux de Le Tellier, o˘ il est chargé des biens du Cardinal. Un emploi de haute confiance.
    Si je dois quitter Paris, je lui donne procuration générale. Mais donner à un seul, c'est se livrer poings et mains liés, et tout permettre. Et puis le Parlement pourrait tout confisquer.
    A moins que...
    Ils seront deux à gérer mes biens ; le comptable Colbert, chez Le Tellier, et ce jeune procureur général qui vient d'acheter sa charge et qui a aidé dans l'armement d'un vaisseau de course, la Cardinale. Ce brillant esthète de Nicolas Fouquet.
    Le Cardinal les rencontre, séparément, ne parle pas à l'un de l'autre, signale simplement l'existence d'un second " conseiller ".
    Et dans une cassette met des joyaux de la Couronne. En prévision, en provisions.
    On veut des états généraux ; Gondi les veut, le Parlement les exige, Condé songe à s'en servir, Monsieur à les pirater. La Reine hésite ; les annonce pour septembre...
    Dans l'hôtel de Condé la presse à mazarinades tourne jour et nuit. Scarron y gagne quelque 2 000 livres pour quelques vers bien tournés mais se refuse, lui, à injurier la Reine ; il est son
    " Malade ".

    Mazarin décide de faire ses adieux. Il prend un manteau à Millet de Jeure, un chapeau à Guitaut, " pour me sentir en sécurité " dit-il au capitaine, et quitte Paris une nouvelle fois en cavalier. Il emporte aussi la cassette de la Couronne. Les adieux furent fort nobles, pas de larmes, de l'impassibilité ; le Roi y assista, salua son parrain. Il franchit la porte. Un mousquetaire l'y attendait, qu'on venait de licencier mais que Mazarin s'attachait, Charles de Batz Castelmore d'Artagnan. Il connaissait les routes jusqu'aux frontières, les ayant parcourues plus qu'à son saoul.
    Le Parlement avait gagné, la Reine avait cédé. Louis connut pour la première fois l'impatience ; et se le reprocha. La Reine régente était seule. Il lui fallait la soutenir. Mme de Sénecey n'avait-elle pas montré en un baiser qu'il était homme, et lui ne savait-il pas qu'il était roi ?
    Alors Louis comprit que sa mère aimait Mazarin ; chaque jour elle écrivait au ministre, chaque jour des lettres arrivaient de Br¸hl o˘ l'archevêque de Cologne l'avait logé au ch‚teau.
    Il chaparda des lettres, lui ou l'ingénieux Brienne. Ils lurent, le langage était codé. Une phrase le retint : " Je finirai en vous disant que jamais vous ne vous expliquez mieux et ne dites des choses plus obligeantes que quand vous retenez la plume et vous empê-chez de déclarer certains sentiments. Croyez, je vous en supplie, la même chose de moi et comptez-moi en tout temps et en toute rencontre pour votre serviteur obligé, et sans réserve, et pour dire quelque chose de plus. "
    Ainsi sa mère écrivait " des choses obligeantes " et " retenait sa plume pour déclarer certains sentiments ". Et le Cardinal ressentait " la même chose ", " quelque chose de plus :* ". Figuré
    dans leur code par cette étoile, ce quelque chose devait être céleste !
    Ces deux-là s'aimaient. Louis songea, se renferma, évita Brienne et Vivonne durant trois jours. Il rêvait d'une étoile à partager avec une femme.
    MADEMOISELLE A " TOU… " SON MARI
    Demain il sera roi mais ne peut dormir. La journée fut superbe, ensoleillée comme seul Paris sait l'être à l'automne avec ses ciels pommelés de nuages en moutons qui ne sauraient cacher le soleil.
    Le ciel est de

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