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Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
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d'or ; les trompettes en velours noir aussi et passementeries d'argent, les hérauts d'armes en cotte de velours cramoisi fleurdelysé, les pages coiffés de plumes bleues, blanches, rouges, le grand prévôt sur son cheval caparaçonné d'une housse d'or, le colonel des suisses en satin couleur de feu ; les gouverneurs des provinces désunies, les maréchaux de France, les grands officiers de la maison du Roi. Des haies de suisses et de gardes entre le Palais royal et celui du Parlement. Les fenêtres louées à
    des prix honteux d'être sans concurrence, les toits noirs de monde jusqu'au Pont-Neuf d'o˘ six personnes tombèrent en Seine et quatre se noyèrent.
    Et lui, monté sur un cheval barbe isabelle dont la fougue maîtrisée attestait la maîtrise de son cavalier à tenir les rênes d'un royaume. Le visage dont tout le joufflu de l'enfance avait disparu et qui affichait la gravité que certains avaient connue à son père et la majesté que tous reconnaissaient à sa mère.
    Louis croulait sous des broderies d'or qui interdisaient de connaître la couleur de son pourpoint. Il était beau, et se savait l'être, sans complaisance aucune. Il tenait son chapeau à la main plutôt que de s'en coiffer, car il saluait le peuple tout entier.
    Ce fut un cri d'amour mêlé d'un hurlement de joie.
    Il avait réussi, tout était oublié, seul le présent comptait ; le présent d'o˘ naissent tous les avenirs. Il brillait comme un soleil en cette matinée de 7 septembre, fête de saint Cloud.
    Suivait sa mère en un carrosse d'or avec son frère le petit Monsieur, son Féfé, et le grand Monsieur son oncle plus parfumé que jamais, plus souriant qu'après une trahison, plus aimable qu'après un pardon extirpé.
    Il allait vers le Parlement qu'il e˚t bien br˚lé la veille !
    Patientons.
    Il arrive.
    S'avance le prince de Conti, qui le salue bas et lui tend une missive de son frère le prince de Condé, qui présente ses excuses de ne pouvoir assister à la cérémonie.
    Louis XIV touche à peine l'épître du bout des doigts, ne la lit pas, la tend sans un regard à M. de Villeroy, encore son gouverneur pour quelques minutes. Le dédain répondant au mépris.
    Il y aura messe en la Sainte-Chapelle. Elle est célébrée par le confesseur de Sa Majesté en présence de M. le Coadjuteur dans le chúur. Louis ne voit personne ; du moins l'a-t-il décidé. Gondi un jour a trouvé l'enfant " sot ". Il verra à quelle aune il conviendra de mesurer sa propre sottise.
    La procession quitte les lieux saints pour la grande salle des lieux de la loi.
    Le chancelier fait son discours, très bref, Dieu merci.
    Alors sa mère, en velours noir, en diamants, s'agenouille sur les degrés qui montent en quatre rangs vers le trône o˘ siège le Roi. Les hérauts lui ont remis la couronne et l'épée de gloire.
    - Sire, voici la neuvième année que, par la volonté du défunt Roi mon seigneur et votre père, j'ai pris soin de votre éducation et du gouvernement de votre Etat. Dieu ayant par sa bonté donné
    bénédiction à mon travail et conservé votre personne qui m'est si chère et est si précieuse à vos sujets, à présent que la loi de votre royaume vous appelle au gouvernement de cette monarchie, je vous remets avec grande satisfaction la puissance qui m'avait été
    donnée pour la gouverner et j'espère que Dieu vous fera la gr‚ce de vous assister de son esprit de force et de prudence pour rendre votre règne heureux.
    Tous les parlementaires mettent genou en terre pour rendre hommage au souverain.
    Dans le même mouvement Louis se lève et relève sa mère, l'embrasse par deux fois, garde sa main en la sienne, la faisant monter au degré o˘ il se trouve, et force sa voix :
    - Madame, je vous remercie du soin qu'il vous a plu de prendre de mon éducation et de l'administration de mon royaume.
    Je vous prie de continuer à me donner vos bons avis et je désire qu'après moi vous soyez le chef de mon Conseil.
    Et le Roi baise une des deux plus belles mains de son royaume.
    Il faut retourner au palais, recevoir les hommages des fidèles et des traîtres, replonger dans le chaudron des réalités dont il a pu s'évader deux heures, en gloire.
    Condé n'était pas venu. Le lendemain Condé était là. Pour quoi faire ? Pour protester. Prince du sang, cousin du Roi, membre du Conseil, il refusait l'entrée en ce même Conseil à Chateauneuf, Mole et La Vieuville.
    Monsieur, élégant, souriant, appuya son cousin puis s'assombrit

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