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Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
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politique l'ennuie. Il préfère danser. Savez-vous que ce ballet est fort joli, j'en ai vu des répétitions.
    - Vraiment.
    - On y voit le petit Monsieur travesti en Aurore, je dois avouer qu'il est né pour être fille, il est à croquer.
    - On le dit assez fille, en effet, avec le comte de Guiche.
    - Et sa voix est belle.
    - Il chante aussi ?
    - Oui, il prépare l'arrivée du Roi qui apparaîtra en Soleil. Le costume est fort beau, resplendissant d'or.
    Mme de Chevreuse fit appeler sa fille, Charlotte, qui avait hérité
    des gr‚ces de sa mère et de ses yeux à fracasser les ‚mes.
    - Charlotte, voulez-vous chanter pour M. le cardinal de Retz ?
    - Oui, Madame.
    - L'entrée du Ballet de la nuit que nous vîmes répéter hier par le Roi, le petit Monsieur et M. de Villequier.
    - Ah, dit Gondi, le capitaine des gardes du corps danse aussi.
    - quand le Roi danse, mon ami, tout est mobilisé. Rappelez-vous comme le Cardinal, le grand, le mort, dansait mal !
    Gondi s'esclaffa.
    - On e˚t dit un cheval. Mais j'empêche mademoiselle votre fille de faire entendre son adorable voix.
    - Chantez, Charlotte. L'air de l'Aurore.
    Charlotte chanta.
    Le Soleil qui me suit, c'est le jeune Louis.
    La troupe des autres s'enfuit,
    Dès que ce Grand Roi s'avance,
    Les nobles clartés de la Nuit,
    qui triomphaient de son absence,
    osent soutenir sa présence.
    Tous ces volages feux s'en vont évanouis,
    Le Soleil qui me suit, c'est le jeune Louis.
    Gondi applaudit doucement, avec élégance. Charlotte de Chevreuse salua, rangea son luth, sa mère l'embrassa et la congédia.
    - qu'en pensez-vous ?
    - Flagorneur. Benserade chasse une pension !
    - Mais encore ?
    - La musique est jolie et la voix de mademoiselle votre fille a l'éclat de vos yeux, donc des siens.
    - Arrêtez vos galanteries. Avez-vous compris ?
    - Il y avait quelque chose à comprendre dans ces platitudes ?
    - Voyons, mon ami. Supprimez certains mots : " La troupe s'enfuit ", " Les nobles qui triomphaient en son absence n'osent soutenir sa présence ", " Tous ces volages s'en vont évanouis "...
    - De la politique en musique !
    - Oui, le triomphe sur la Fronde. Et cette célébration o˘ nous sommes tous conviés est en quelque sorte un pardon dont le Roi fait un spectacle.
    - Il n'est roi qu'au thé‚tre, dit-on.
    - On dit tout ! Et nous-mêmes avons tout dit, et des choses bien pires.
    La duchesse rit à fracasser le cristal.
    - Voyez, il faut paraître, le Roi même nous y invite, pour sa propre gloire.
    - Vous avez sans doute raison, Madame, vous avez su décryp-ter bien des secrets de l'histoire.
    Gondi décida de retourner au Louvre dès qu'il aurait écrit ses prêches de l'Avent.
    Il s'y rend. Dans un couloir il rencontre le Roi avec ses gardes qui sort de chez sa mère et dit à Villequier, son capitaine des gardes du corps :
    - Eh bien voilà, il me faut faire le Roi.
    Gondi sourit en son intérieur. Oui, faire et ne pas être. Petit pantin benêt. Le Roi le voit et s'approche de lui, souriant. Gondi salue.
    - Sire.
    - Ah, bonjour, monsieur le Cardinal.
    Le Roi est gai avec un grand regard d'enfant heureux après s'être ennuyé.
    - Avez-vous vu ma mère, monsieur de Retz ? Elle souhaitait vous parler. De la NoÎl, je crois, en votre cathédrale.
    - Non, Sire, je n'ai pas rencontré ni salué Sa Majesté.
    - Venez, je vous y mène.
    Et le Roi prend Gondi par le bras.
    - Savez-vous que nous allons donner le Ballet de la nuit, o˘
    curieusement je danse le rôle du Soleil ?
    Le Roi rit.
    - Le soleil en pleine nuit. M. de Benserade a de ces idées.
    Mais la comédie est fort jolie.
    Le père Paulin les rejoint.
    - Il est, Sire, l'heure de la messe.
    - Oui, mon Père, une seconde encore, je voudrais montrer les décors à M. de Retz.
    - Sire, Dieu passe avant la comédie.
    Vous avez raison, monsieur Paulin. Je vous suis.
    Et Louis se tourne vers M. de Villequier :
    - Capitaine, prenez soin que nul ne monte sur le thé‚tre.
    - Il en sera fait selon vos ordres, Sire.
    Et Villequier se tourne vers Gondi :
    - Suivez-moi, Monsieur, de par l'ordre du Roi.
    - quel ordre ? De me mener chez Sa Majesté la Reine ?
    - De vous arrêter. Au mot thé‚tre, avait ordonné Sa Majesté...
    le Roi.
    M. de Villequier le mena en ses appartements o˘ on servit au prisonnier un fort bon dîner. Puis, sur les trois heures, on le fit passer par la grande galerie du Louvre. Descendre vers le pavillon de Mademoiselle qui en était exilée. Et dans la cour, on lui retourna ses poches,

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