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Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
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était sujet à
    des cauchemars épouvantables qui l'amenaient à pleurer nuitamment comme un enfant.
    On lui avait fait au moment du procès de Chateauneuf une niche cruelle. Chateauneuf emprisonné, des Jars qui n'était point ministre fut condamné à mort. On l'avait traîné jusqu'à l'échafaud, le bourreau lui avait lié les mains et bandé les yeux, mis la tête sur le billot. Alors l'exempt avait lu la sentence. Des Jars occupé
    à recommander son ‚me à Dieu dit avoir toutefois entendu Monsieur de Paris essayer de son pouce le tranchant de la hache. Le crissement de l'acier sur le grain grossier de la peau du bourreau le faisait encore aujourd'hui frissonner dans le dos et, donc, il n'écouta guère les premiers mots de l'exempt mais comprit tout à
    coup, terminant sa courte prière, que celui-ci lisait non pas la sentence de mort pour haute trahison et rébellion mais la gr‚ce accordée par le Roi, muant la décollation en prison. Gr‚ce due à
    quelques larmes et maints cris de la Reine qui, en bonne infante d'Espagne, pouvait passer dans la seconde de la piété éplorée aux imprécations de la Chimène de son cher Corneille.
    Ce bref séjour sur le billot hantait des Jars. Comme la visite des chambres de question et l'explication détaillée des utilisations de chaque instrument de M. La Poterie et d'Isaac de Laffémas hantaient parfois La Porte et lui laissaient la bouche sèche.
    Il reprit un verre du vin d'Espagne du maréchal de Bassompierre.
    - Des Jars est un brave, monsieur de La Porte. Il a connu la pire peur, la mort lui a chatouillé le cou au plus près. Et il ne craint pas de la risquer encore pour l'honneur de sa Reine. C'est un Roland, un Perceval, un héros à l'antique que notre chevalier.
    Il devrait rester dans l'Histoire.
    Des Jars y resterait, mais par la bande. Ami bientôt de Guitaut et de son neveu Comminges, durant la régence d'Anne d'Autriche, dont il sera au plus près, François de Rochechouart, chevalier puis commandeur des Jars, est aussi le cousin du marquis de Mortemart, qui sera gentilhomme de la Chambre du Roi, de ce Roi encore à naître dans les sept mois, dont le fils M. de Vivonne sera camarade de jeu du futur Louis XIV et la fille épousera le marquis de Montespan. De cette jeune et jolie marquise, on sait quel doux et fougueux usage ferait dans les vingt ans le futur bambin Louis le quatorzième.
    Aussi le chevalier des Jars occupait-il la place d'honneur à la table du maréchal de Bassompierre en ce jour de Chandeleur, o˘
    s'installait la compagnie : M. de Chavaille, lieutenant général d'Uzerche ; le comte d'Achon, qui avait projeté d'enlever Mme de Comballet, nièce trop aimée du Cardinal, songeant à l'échanger contre Montmorency, condamné à la décollation pour duel ; M. du Fargis, cousin du marquis de Rambouillet, ancien ambassadeur en Espagne, ami du comte de Cramail, amant de sa femme, dont les intrigues les faisaient se retrouver ici ensemble ; le maréchal de Vitry, fort sombre et silencieux, assassin, sur ordre d'un Roi allant sur ses dix-sept ans, de Concini, maréchal d'Ancre, ministre favori de Marie de Médicis. Son séjour ici résultait d'une gifle d˚ment assenée à l'évêque de Bordeaux, ‚ne mitre qui l'avait calomnié au sujet de la non-reprise des îles de Lérins aux Espagnols. On ne giflait pas un évêque, même vipérin et injuste, au temps de Louis le Pieux et du Cardinal. Etait aussi là M. Vautier, oublié, fort discret, qui avait été premier médecin de la reine mère Marie, et qui désormais s'intéressait plus à l'astronomie qu'à la chimie, que le lieutenant de police confondait trop souvent avec la distillation des poisons. Tous attendaient.
    - Enfin, vous voici, Bois d'Arcy. La chasse fut-elle bonne ?
    Le majordome du maréchal entra, apportant avec lui un exem-plaire de La Gazette de Théophraste Renaudot.
    Bois d'Arcy prit la pause devant l'assemblée et lut, de cette manière emphatique qui exaspérait La Porte mais que Bassompierre appréciait comme il avait aimé les pires cabotins jouant sur la scène de l'hôtel de Bourgogne :
    - " Saint-Germain, le 30 janvier. Les princes, seigneurs et gens de qualité sont allés conjouir Leurs Majestés à Saint-Germain sur l'espérance conçue d'une très heureuse nouvelle de laquelle, Dieu aidant, nous vous ferons part dans peu de temps. "
    - Si la Gazette le dit, il faut le croire, déclara M. de Cramail.
    Renaudot est protestant. Honnête, donc, comme un

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