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Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
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depuis quelques jours et que la marquise, prude sans ostentation, sincèrement dévote sans provo-cation, laissait voir des seins qui, quoique petits, vrais seins de jeune fille, étaient joliment rehaussés par le buse comme pommes en un compotier.
    Ayant observé tout son so˚l le spectacle près des douves, Marie Catherine de La Rochefoucauld-Randan, marquise de Sénecey, oublia sa main sous le crispin du comte de Guitaut vers qui elle se tourna pour lui adresser deux mots qui n'étaient rien puisque le sourire qui les accompagnait était tout.

Hautefort chuchota à l'oreille de la Reine. La Reine leva les yeux au ciel comme en une prière muette. Et voyant que l'enfant commençait à s'ennuyer proposa que l'on aille écouter des violons dont ils raffolaient.
    - Soyez des nôtres, et accompagnez ces dames, cher capitaine.
    Il n'est pas bon que le Dauphin reste seul garçon parmi tant de ravissantes péronnelles.
    Guitaut rougit face au visage rieur de la Reine, salua et mena vers la salle des fêtes Mme de Sénecey.
    - Allons plutôt aux grottes, dit Marie. Il fait si chaud, Madame, les fontaines nous rafraîchiront.
    - Vous avez raison, des violons et des fontaines, des parterres verts, vous me rajeunissez, je vais me croire dans les jardins d'Aranjuez.
    Une grotte ! Guitaut trouva l'idée excellente. quel plus joli lieu que ces grottes aménagées par les frères Francine (nés Francini, Italiens de Florence auxquels un roi avait donné leurs lettres de
    " naturalité ", comme tout ce qui avait du talent en France) qui inventeraient et fabriqueraient, eux et leurs fils, les quinze cents pompes alimentant les bassins de Versailles d'un Dauphin enfin roi. Mais en ce jour de la Saint-Louis qui l'e˚t cru, qui l'e˚t dit ?
    Tout le monde avait la tête ailleurs qu'au futur.
    Les grottes dataient du roi Henri et figuraient une ravissante escapade. Le Vert-Galant les avait mises à profit pour autre chose que des promenades. Il y avait même conçu quelque frère b‚tard de Louis XILI, qui, lui, allait y rêver seul ou bien rem‚cher quelque déplaisir. Marie de Hautefort y avait persiflé, Mlle de La Fayette y avait pleuré et prié. Le Roi s'y était plaint au Cardinal de n'être point aimé.
    Elles étaient animées de personnages qui arrosaient parfois les promeneurs. La grotte de la Demoiselle qui jouait des orgues, celle du Dragon au jet puissant, celle de Neptune o˘ le dieu lançait l'eau à gros bouillons contre qui s'approchait trop au moment o˘
    il s'y attendait le moins. Celle-ci avait toutes les faveurs d'Henri IV qui y menait ses conquêtes afin de les ramener plus humides encore d'eau que de son dieu " guillery ".
    Creusées sous les terrasses, on pouvait à leur sortir descendre jusqu'à la Seine. Moyen discret de quitter ou gagner le ch‚teau quand on avait à faire ailleurs et qu'un bateau vous attendait.
    quand l'écurie était trop bien gardée pour emprunter discrètement un cheval, Cinq-Mars les utilisait pour rejoindre Marion. Et Guitaut lui-même avait employé ce chemin pour quelque mission que seul le roi Louis avait à connaître.
    En descendant les degrés qu'il avait tant pris, de jour et de nuit, Guitaut traîna ostensiblement la patte, pourtant sans douleur à
    cette heure et ce depuis des semaines. Il convenait de s'écarter de la troupe et des oreilles des dames voletant autour du Dauphin auquel elles annonçaient déjà les merveilles à découvrir.
    Guitaut dit entre ses dents mais la voix adoucie :
    - Faites-vous oublier, Madame, le Cardinal ne vous veut pas de bien.
    - Vous désirez m'oublier, capitaine ?
    Mme de Sénecey joua la coquette.
    - Madame !
    La marquise de Sénecey rit.
    - que je m'éloigne un peu du Dauphin et que je sois discrète chez la Reine, c'est cela ?
    - Oui, Madame, pour votre avenir.
    - Hélas, j'ai commandé des robes à Paris, elles sont d'été, d'automne radieux, et point faites pour une nonnette. J'ai envie de paraître. La piété n'interdit pas le plaisir de l'élégance. Est-ce péché que de plaire quand c'est la loi royale de la Cour ?
    - Non, je l'espère, mais je suis piètre théologien, ainsi que me l'a dit un jour le Père Caussin.
    - Mais vous croyez en Dieu, vous n'êtes pas libertin ?
    - Je ne suis ni un muguet ni un homme à la mode, Madame la marquise, ni de vêture, ni d'esprit.
    - Vous êtes à ma mode, cher Guitaut. Ce soir je prierai Dieu qu'il vous garde pour mon fidèle ami.
    - Dieu prévoit tout. Il me fait déjà cette gr‚ce

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