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Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
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héritier.
    Ce Guitaut se bat à Corbie, grande bataille, grande reprise d'une place forte qui arracha aux griffes des Espagnols la clé de la route de Paris.
    Un Guitaut neveu est ami de Mme de Sévigné qui l'accueille en sa maison après l'incendie de son logis et cite dans sa correspondance plus de vingt fois son nom, toujours avec affection, souvent avec humour.
    Tous les Guitaut figurent dans les Historiettes du fringant et insolent Gédéon Tallemant des Réaux.
    Guitaut, Guitaut, encore Guitaut. Le nom traverse trois quarts d'un siècle encore en attente d'être baptisé Grand, mais qu'il verra naître et prospérer. Et se déliter par sa croissance et sa gloire mêmes. Retz le côtoie, on l'a vu, mais ne le remarque pas trop, tout empêtré qu'il est de sa myopie extravagante et de son talent qui le mènera à l'échec, sauf en littérature, évidemment. Retz le myope ne voit pas les lointains, les futurs, les conséquences.
    Richelieu renonça à acheter Guitaut, ce qui est une preuve de sa probité, et Mazarin s'en méfiera, ce qui est la confirmation de son état d'honnête homme.
    Guitaut se veut gascon, c'est la mode du temps pour qui regrette le règne du roi Henri et du parler franc frappé du roulement des galets en gaves. Gascon par son nom de Peichepeyrou, il est de Saintonges comme l'indique le fief de son père, seigneur de Mèche. qu'importe il suffit de friser sa moustache, d'avoir la botte usée mais cirée, la rapière longue à rayer les parquets, et l'on est un brave, sans avoir besoin d'être né au pays du feu Roi, dont le fantôme hante encore les esprits du peuple, et de quelques Grands, des maréchaux, des ducs et duchesses nés dans la b‚tar-dise des exploits du Vert-Galant et qui sont princes et princesses du sang reconnus, demi-frères et demi-súurs légitimés du Roi régnant, Louis le Treizième, auquel ils ont laissé la couronne, gardant pour eux - et pour elles, ô combien ! - la chaleur des sens venue du brasier qui ébouillantait les veines du Navarrais.
    Guitaut e˚t pu être d'Artagnan, avec les silences d'Athos (et sans doute les séductions d'Aramis, car on connaît de flatteuses bonnes fortunes à notre Guitaut), si Alexandre Dumas s'en était emparé. Mais non, et Guitaut resta Guitaut de l'ombre, et il en est très bien ainsi.
    Pourtant la justice de l'Histoire veut que ce fut Guitaut l'aîné, de garde au soir du 5 janvier 1649, au Palais-royal, qui aida la reine Anne, régente de France, et le petit roi Louis, dont ce même Guitaut h‚ta en quelque sorte la conception un soir de tempête sur Paris, à s'enfuir vers Saint-Germain-en-Laye.
    Dumas crédita d'Artagnan de cette affaire-là, et Alexandre le grand eut certes bien raison, mais c'est Guitaut qui organisa et commanda l'expédition à deux heures du matin, en grand secret, par un escalier dérobé, avec, encore et toujours, son neveu Comminges, le maréchal de Villeroy, Villequier, autre capitaine des gardes, la duchesse de Beauvais, première femme de chambre et célèbre " Cathau la Borgnesse ", qui dans les deux ans allait déniaiser le jeune roi. En cette nuit des rois, Guitaut commande, assisté de son lieutenant Comminges, à la sauvegarde de la monarchie et de la légalité.
    C'est un autre neveu Comminges - Guitaut l'aîné, qui gardait le Roi à la chasse et la Reine au Louvre, adorait ses neveux, et leur conseillait de prendre le nom de Comminges qui sonnait plus antique, mais eux, souvent, arborèrent le nom de l'oncle dont la renommée valait blason - qui grand maître de l'artillerie baptisa les bombardes et mortiers de gros calibres. Au motif que ce Guitaut-là passait pour mieux monté que son cheval. Cela fit sourire jusqu'au roi Louis XIV. Un exploit. Louis XIV s'attribua même le bon mot.
    Eh oui, les Guitaut, les Comminges furent traités avec familia-rité par leurs monarques. Saint-Simon soi-même rapporte le fait.
    Dire que cela lui plaît est une autre affaire.
    Notre grand petit duc qualifie les Guitaut-Comminges " d'une grosseur énorme ", il parle de réputation et d'entregent, non d'em-bonpoint, " de beaucoup d'esprit, d'assez de lettres, d'honneur et de valeur, fort du grand monde, et plus que fort libertins ". Il entendait par là une forme affirmée de liberté de pensée.
    Le Cominges dont Saint-Simon (il ne lui accorde qu'un m) prend la peine et trois pages pour signaler la mort en 1712 était fils et neveu d'un autre Comminges et de notre Guitaut, " tous deux gouverneurs de

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