Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
Vom Netzwerk:
de m'en avoir inspiré l'idée ou, plutôt, l'espoir.
    - Je suis bonne croyante, on m'en moque ici parfois, sauf la Reine, bien s˚r, et une croyante se doit d'exaucer les vúux de Dieu qui sont autant de commandements. Capitaine, vous êtes mon tendre ami.
    Elle serra le bras de Guitaut, sa chevelure frôla la joue du soldat.
    Ils descendirent les derniers degrés en silence ; on entendait les fontaines dont on sentait la fraîcheur puis les orgues d'eaux de la grotte de la Demoiselle, accompagnées de roulements de tambours peu harmonieux : Louis Dieudonné avait retrouvé son jouet d'élection. Il poussait aussi des cris de joie.
    La marquise prit le bras de Guitaut.
    - Le Roi, c'est-à-dire le Cardinal, m'exilera, mon ami, il est vrai et je le sais. Je choisirai pour ma retraite ma campagne de Milly. Elle est proche de Fontainebleau. La Reine aime aussi ce ch‚teau et y établira souvent sa cour au grand plaisir de son royal époux qui y courre le cerf. Or combien de temps met un cavalier émérite pour franchir cinq lieues en forêt ?
    - Avec mon bon cheval, le temps d'un baiser de colombe, aurait dit M. de Luynes, Connétable des volières.
    - Comme ce baiser-ci ?
    OŸ L'AUTEUR DOIT qUELqUE AVEU AU LECTEUR
    Déjà, et sans aller plus avant, nous devons avouer une faiblesse pour M. de Guitaut. Et en rendre compte au lecteur.

    Guitaut est un nom qui rôde autour du roi Louis, de la reine Anne, des duchesses, dont celle de Chevreuse, ex-veuve du connétable de Luynes, mais aussi un nom qui claque comme un mousquet au plus fort des combats.
    Un nom de gentilhomme dont l'‚me est plus noble encore que la famille. Avec juste assez de faiblesses pour lui conserver la chair, le sang, et les nerfs, de l'humanité. Certainement courtisan, et pas moins soldat. Belle prestance, longue vie, il mourut à
    quatre-vingt-deux ans, doté de fière allure, ayant des neveux auxquels laisser des biens, des survivances et une réputation. Point d'enfant. François de Peichepeyrou-Comminges, seigneur de Guitaut, ne se maria jamais. Une sorte d'homme libre par sa solitude même, qui vaut principauté dans une société cadenassée.
    S'il n'est guère connu, dans tous les écrits du temps, surgit ça et là, en quelques lignes, par allusions, ou en quelques pages, le nom d'un Guitaut ; comme un emploi de second rang dans les tragédies et nobles comédies à la française, qui permet aux grands rôles de briller, mais le supprimerait-on que les actes de la pièce n'auraient plus d'étais et que les alexandrins avanceraient à
    cloche-pied.
    De second rang sans doute, mais omniprésent ; un Guitaut est capitaine aux gardes du roi Louis XILI et, ce dernier mort, la reine Anne le choisira pour commander aux siens. Voilà qui vaut brevet d'honnêteté et de confiance. Guitaut fut au-dessus des mesquine-ries conjugales bien que royales.
    Un Guitaut neveu arrête M. le Prince (Condé) et le prince de Conti, son frère, le plus courtoisement du monde et sans que ces Grands lui en veuillent jamais. Au contraire. Condé donnera ses chevau-légers à ce Guitaut, le préférant à la haute naissance d'un Bussy, qui ne le lui pardonnera pas.
    Un Guitaut arrête aussi un duc, M. de Longueville, un maréchal de France, du Daugnon, mieux, un petit-fils d'Henri IV, le duc de Beaufort, qui sont menés à la Bastille ou au donjon de Vincennes par cette tribu de grands silencieux.
    A l'aube de la Fronde, un conseiller au Parlement est mis en carrosse grillagé, M. Broussel. C'est une sottise politique, Paris s'enflamme. qui ose le dire dans cette Cour un peu effarée de sa propre audace ? Guitaut l'Ancien, qui grommelle : " Mon avis est de rendre ce vieux coquin de Broussel, mort ou vif. " On dispute mais on l'écoute. On parlemente avec ce Parlement qui se croit celui d'Angleterre. Et le futur cardinal de Retz, encore coadjuteur de son oncle l'archevêque de Paris sous son vrai nom de François Paul de Gondi, se vantera auprès des émeutiers d'avoir, lui, arraché la libération du vieux conseiller qui n'a rien compris et qui doit sa liberté à un grognement du capitaine qui a commandé
    son arrestation. Menée par son lieutenant, un de ses neveux, évidemment.
    Guitaut l'aîné a secouru la Reine blessée et enceinte qui a glissé
    sur les parquets trop cirés, pour une fois, de la salle du trône au Louvre. Chute qui déclenchera une fausse couche ; un espoir de Dauphin mourant du choc de sa mère contre un trône encore pour un temps sans

Weitere Kostenlose Bücher