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Le Lis et le Lion

Le Lis et le Lion

Titel: Le Lis et le Lion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Druon
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du parti Mortimer, mais moins
inféodé que ne l’était Maltravers et de plus brillant esprit, ne pouvait, en
dépit du tracas causé, qu’approuver ce souci du jeune roi de défendre sa
dignité, en même temps que les intérêts de son royaume.
    Car non seulement l’hommage-lige
obligeait le vassal à se présenter sans armes ni couronne, mais encore il
impliquait, par le serment prononcé à genoux, que le vassal devenait, par
premier devoir, l’homme de son suzerain.
    — Par premier devoir, insistait
Édouard. Adonc, mes Lords, s’il survenait, tandis que nous avons guerre en
Ecosse, que le roi de France me veuille requérir pour sa guerre à lui, en
Flandre, en Lombardie ou ailleurs, je devrais tout quitter pour venir le
joindre, faute de quoi il aurait droit de saisir mon duché. Cela ne se peut.
    Un des barons de l’escorte, Lord
Montaigu, fut saisi d’une grande admiration pour un prince qui faisait montre
d’une sagesse si précoce, et d’une non moins précoce fermeté. Montaigu avait
vingt-huit ans.
    — Je pense que nous allons
avoir un bon roi, déclarait-il. J’ai plaisir à le servir.
    Désormais on le vit toujours auprès
d’Édouard III, lui fournissant conseil et appui.
    Et finalement le roi de seize ans
l’avait emporté. Les conseillers de Philippe de Valois, eux aussi, voulaient la
paix et surtout qu’on en finît de ces discussions. L’essentiel n’était-il pas
que le roi d’Angleterre fût venu ? On n’avait pas assemblé le royaume et
la moitié de l’Europe pour que l’entrevue se soldât par un échec.
    — Soit, qu’il rende l’hommage
simple, avait dit Philippe VI à son chancelier, comme s’il ne s’était agi
que de régler une figure de danse ou une entrée en tournoi. Je lui donne
raison ; à sa place, je ferais sans doute de même.
    C’est pourquoi, dans la cathédrale
emplie de seigneurs jusqu’au plus profond des chapelles latérales,
Édouard III s’avançait à présent, l’épée au flanc, le manteau brodé de
lions tombant à longs plis de ses épaules, et ses cils blonds baissés sous la
couronne. L’émotion ajoutait à la pâleur habituelle de son visage. Son extrême
jeunesse était plus frappante sous ces lourds ornements. Il y eut un moment où
toutes les femmes dans l’assistance, le cœur étreint de tendresse, furent
amoureuses de lui.
    Deux évêques et dix barons le
suivaient.
    Le roi de France, en manteau semé de
lis, était assis dans le chœur, un peu plus haut que les autres rois, reines et
princes souverains qui l’entouraient et formaient comme une pyramide de
couronnes. Il se leva, majestueux et courtois, pour accueillir son vassal qui
s’arrêta à trois pas de lui.
    Un grand rai de soleil, traversant
les vitraux, venait les toucher comme une épée céleste.
    Messire Miles de Noyers, chambellan,
maître au Parlement et maître à la Chambre aux deniers, se détacha des pairs et
grands officiers et se plaça entre les deux souverains. C’était un homme d’une
soixantaine d’années, au visage sérieux, et que ni son office ni ses vêtements
d’apparat ne semblaient impressionner. D’une voix forte et bien posée, il
dit :
    — Sire Édouard, le roi notre
maître et puissant seigneur n’entend point vous recevoir ici pour toutes les
choses qu’il tient et se doit de tenir en Gascogne et en Agenais, comme les
tenait et devait tenir le roi Charles IV, et qui ne sont point contenues
dans l’hommage.
    Alors Henri de Burghersh, chancelier
d’Édouard, s’approcha pour faire pendant à Miles de Noyers et répondit :
    — Sire Philippe, notre maître
et seigneur le roi d’Angleterre, ou tout autre pour lui et par lui, n’entend
renoncer à nul droit qu’il doit avoir en la duché de Guyenne et ses
appartenances, et entend qu’aucun droit nouveau ne soit, par cet hommage,
acquis au roi de France.
    Telles étaient les formules de
compromis, ambiguës à souhait, sur lesquelles on s’était mis d’accord, et qui,
ne précisant rien, ne réglaient rien. Chaque mot comportait un sous-entendu.
    Du côté français, on voulait
signifier que les terres de confins, saisies sous le règne précédent pendant la
campagne commandée par Charles de Valois, resteraient directement rattachées à
la couronne de France. Ce n’était que la confirmation d’un état de fait.
    Pour l’Angleterre, les termes
« tout autre pour lui et par lui » étaient une allusion à la minorité
du roi et à l’existence du Conseil

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