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Le lit d'Aliénor

Le lit d'Aliénor

Titel: Le lit d'Aliénor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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nous regarde !
    – Quelle importance. Je n’en pouvais plus.
    Au même instant une gerbe d’eau m’éclaboussa tout entière, lavant de même Camille, qui poussa un cri strident.
    – Petit chenapan !
    Mais l’enfant riait à gorge déployée en se tenant les côtes, ravi du bon tour qu’il venait de nous jouer. Son rire me fit du bien, et plus encore cette eau qui m’avait été d’un seul coup une brassée de fraîcheur. Alors remontèrent en moi des souvenirs lointains. Dans un sursaut de bonheur, je me baissai en avant pour emporter dans mes mains une brassée d’eau qui s’envola en direction du gamin.
    – Damoiselle ! s’indigna Camille, outrée.
    Mais déjà notre agresseur répondait, trouvant amusant qu’une dame aussi bien mise rie de sa farce et même s’en accommode en relançant le jeu. Sous les reproches de Camille, qui tentait d’échapper aux gerbes d’eau, s’ensuivit une guerre mouillée qui nous arracha de joyeux rires à tous deux. Au moment où je criais grâce, en me laissant choir sur le derrière dans l’eau jusqu’à taille, une voix glacée me cueillit dans le dos :
    – Levez-vous, damoiselle !
    Le ton était arrogant, agacé. Je tournai la tête, surprise, mon rire stoppé net. L’homme qui me tendait une main plus autoritaire que charitable était de taille moyenne, les yeux sombres et plutôt jeune. Ses cheveux bruns étaient retenus par un lien de soie et à son habit je jugeai aisément qu’il était de bonne noblesse.
    J’hésitai un instant, puis saisis cette poigne. Il me releva comme un fétu de paille.
    – Disparais ! lança-t-il, mauvais, au garnement, qui plongea dans l’eau boueuse sans demander son reste.
    – Voilà bien une désagréable façon de remercier cet enfant.
    – Libre à vous de vous couvrir de ridicule s’il vous en chante mais ailleurs que sur mes terres, répondit la voix pleine de reproches.
    Mon sang gronda dans mes veines. Dressant le menton, je répliquai :
    – Que monseigneur me pardonne d’avoir troublé son eau et sa tranquillité.
    Et, relevant mes jupons alourdis par le poids de l’eau, je passai devant lui pour regagner le chemin, suivie de Camille qui se lamentait. Je devais faire triste figure, mais je m’en moquais. Il y avait trop longtemps que je ne m’étais sentie aussi bien. C’est alors qu’un gant d’acier accrocha mon bras, me forçant à faire volte-face.
    – Savez-vous bien qui je suis, jeune impétueuse ?
    Le maître de céans me toisait avec colère. Sans doute n’appréciait-il pas mon humour, mais je n’en avais cure, quel qu’il pût être, il n’était qu’un vassal de Louis et j’étais mandatée par ce dernier pour une mission d’importance. D’ailleurs, déjà le capitaine des gardes s’élançait à ma rescousse, l’épée au poing.
    – Allons, messire, lâchez-moi avant que mes hommes ne voient en votre attitude quelque intention belliqueuse.
    Avisant la fleur de lys sur le pourpoint du capitaine, l’homme blêmit. Sans doute n’avait-il pas imaginé que cette escorte fût mienne.
    Il s’excusa aussitôt, tandis que, d’un geste, je faisais signe au capitaine de rengainer son arme.
    – Mille pardons, damoiselle. J’ignorais que vous fussiez convoyée par les gardes royaux.
    – J’ai donc eu beaucoup de chance, messire, encore que je n’ose croire que vous puissiez vous montrer discourtois, même avec une gueuse.
    Il me lança un regard hargneux. Cette fois, et parce que ce bain forcé m’avait fait un bien immense, j’éclatai de rire, tout en roulant mon bras trempé autour du sien :
    – Allons, paix, messire ! Regagnons la voie avant qu’un autre de ces chenapans ne vous prenne à votre tour pour cible. Je me nomme Loanna de Grimwald, dame d’honneur de la reine Aliénor, et je suis navrée de vous donner l’impression piteuse que vous voyez. La tentation était trop grande de rafraîchir notre route par pareille canicule.
    – Loanna de Grimwald, dites-vous ?
    Il marqua un temps d’arrêt et me fit face pour me détailler étrangement.
    – Par tous les saints du paradis, messire, allons-nous pouvoir atteindre cette via, ou faudra-t-il que vous m’arrêtiez à chaque pas ? À ce rythme je serai bientôt sèche et tout sera à recommencer.
    Mais il continuait de me fixer, comme s’il cherchait dans sa mémoire quelque chose qui m’échappait. Puis, soudain, son visage s’éclaira et un large sourire transforma ses traits.
    – Bon

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