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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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d’alliance
militaire.
    Pendant
le festin, assis en silence aux côtés du sultan, Baybars avait observé,
maussade, les serviteurs musulmans apporter les plats. Dans la cité d’Acre, le
pouvoir était détenu par ceux que les musulmans appelaient al-Firinjah - les
Francs. Le terme était utilisé pour tous les hommes d’Occident qui se
battaient, quelle que fût leur nationalité. Car ils avaient deux choses en
commun : tous appartenaient à la Chrétienté romaine et aucun n’avait demandé
d’invitation pour venir. Dans les villes gouvernées par les Francs, les juifs
et les musulmans avaient le droit de travailler, de pratiquer leur religion et
d’organiser leurs propres administrations. Mais Baybars ressentait cette
tolérance apparente des Francs comme un affront. Les chrétiens romains avaient
pris leur Terre sainte par la force, ils faisaient du gras et vivaient heureux,
alors que son peuple était réduit en esclavage. Les souverains d’Acre pouvaient
bien essayer de se cacher derrière leur raffinement, leurs cheveux parfumés et
leurs habits de soie, Baybars voyait toujours sur eux la crasse occidentale. Et
tout le savon de la Palestine ne pourrait suffire à les en débarrasser.
    Il
dévisagea Qutuz.
    — Je
préférerais leur apporter la guerre qu’un message, seigneur.
    Qutuz
tambourinait du bout des doigts sur le rebord de sa couche.
    — Nous
devons concentrer nos forces sur un seul ennemi à la fois, émir. Les Mongols
doivent payer pour m’avoir insulté.
    — Et
pour les huit mille musulmans qu’ils ont tués à Bagdad ?
    — En
effet, répondit Qutuz.
    Il
vida la coupe, puis la tendit à un serviteur.
    — Au
moins, les Francs sont courtois avec moi.
    — Ils
sont courtois, seigneur, parce qu’ils ont peur de devoir abandonner des
territoires aux Mongols. Comme ils ne veulent pas manier leur épée, ils nous
laissent nous battre à leur place.
    Baybars
soutint le regard de Qutuz sans ciller. Un silence tendu s’était installé, que
dérangeaient uniquement les bruits feutrés des serviteurs et, en dehors du
pavillon, les sons assourdis venant du camp. Qutuz fut le premier à détourner
les yeux.
    — Exécute
mes ordres, émir.
    Baybars
préféra ne pas répondre. Il aurait le temps durant la campagne de rallier Qutuz
à ses vues.
    — Reste
la question de la récompense, seigneur.
    Qutuz
se redressa en hochant la tête et toute la tension sembla disparaître d’un
coup.
    — Les
prises de guerre doivent toujours profiter aux guerriers qui ont combattu,
Baybars.
    Il
fit un geste à l’intention d’un de ses conseillers.
    — Faites
remplir un coffre d’or pour l’émir.
    — Ce
n’est pas l’or que je convoite.
    Qutuz
parut surpris.
    — Non
? Alors, que veux-tu ?
    — Être
nommé gouverneur de la cité d’Alep, seigneur.
    Qutuz
garda le silence un moment. Derrière lui, les conseillers s’agitaient, mal à
l’aise. Puis le sultan se mit à rire.
    — Tu
demandes une ville tenue par les Mongols ?
    — Pas
pour longtemps. Nous avons écrasé un tiers de leurs forces et nous nous
apprêtons à marcher sur leurs citadelles pour finir ce que nous avons commencé.
    Le
sourire de Qutuz s’éteignit.
    — À
quoi joues-tu ?
    — Je
ne joue pas, seigneur.
    — Pourquoi
exiges-tu une telle récompense ? Que ferais-tu à Alep alors que ton plus grand
désir est de mener l’armée contre les chrétiens ?
    — Le
poste de gouverneur ne m’en dissuaderait pas.
    Qutuz
croisa les bras.
    — Émir,
dit-il d’une voix caressante que démentait la dureté de son regard, je ne
comprends pas pourquoi tu souhaites retourner dans un endroit aussi chargé de
souvenirs.
    Baybars
se raidit. Il savait que Qutuz s’arrangeait pour en savoir le plus long
possible sur ses officiers, mais il pensait que tout le monde ignorait ce qu’il
avait vécu à Alep.
    Voyant
qu’il avait touché un point sensible, Qutuz sourit légèrement.
    — Je
vous ai servi, seigneur, ainsi que vos prédécesseurs, depuis que j’ai dix-huit
ans.
    La
voix grave de Baybars remplissait le pavillon. Conseillers et serviteurs
s’arrêtèrent en plein milieu de ce qu’ils faisaient pour l’écouter.
    — J’ai
apporté la peur aux ennemis de l’Islam et j’ai fait triompher notre cause. J’ai
conduit nos troupes à la bataille de la Forbie, où nous avons tué cinq mille
chrétiens. J’ai participé à la capture de Louis, le roi des Francs, à
Mansourah, et tué trois cents de ses meilleurs chevaliers.
    — Et
je

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