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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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par leurs camarades,
les moins fortunés étant allongés sur les chariots qui cahotaient sur le sol
rocailleux.
    Baybars
se dirigea vers l’entrée du pavillon. Deux guerriers en cape blanche du
régiment Mu’izziyya, la garde royale, en surveillaient l’entrée. Ils
s’inclinèrent sur son passage.
    A
l’intérieur du pavillon, l’air était imprégné d’une odeur de bois de santal.
Une lumière douce et jaunâtre émanait des lampes à huile. Il fallut un moment à
Baybars pour s’accoutumer à l’obscurité, puis son regard se posa sur le trône,
installé sur une estrade en bois garnie de soie blanche. Somptueux, il était
recouvert de tissus brodés, et à l’extrémité de ses bras étaient sculptées deux
têtes de lion en or. Néanmoins, il était vide. Baybars scruta la pénombre et
aperçut une couche partiellement cachée derrière un paravent. Le sultan Qutuz,
maître des Mamelouks et souverain d’Egypte, reposait là, sur des coussins et
des draps. Il avait tiré sur lui son manteau broché de jade et sa barbe noire
luisait d’huile parfumée. Comme d’habitude, le sultan était très entouré.
Baybars pensait depuis longtemps que le statut de Qutuz était moins marqué par
la fine bande d’or au-dessus de ses sourcils que par la suite qui
l’accompagnait partout. Des serviteurs portant des plateaux de fruits et des
coupes remplies de liqueur d’hibiscus et de koumys se déplaçaient délicatement
entre les conseillers royaux et les divers généraux. Des gardes royaux du
régiment Mu’izziyya étaient tapis dans l’ombre.
    Une
bourrasque rafraîchit l’atmosphère du pavillon quand un messager entra pour
parler à l’un des généraux. Qutuz leva les yeux vers Baybars.
    — Émir,
lui dit-il. Avance.
    Il
attendit que Baybars approche de sa couche.
    — Je
te félicite, seigneur, poursuivit-il en le regardant s’incliner. Grâce à ton
plan, nous avons vaincu les Mongols pour la première fois.
    Tout
en se calant plus confortablement dans les coussins, Qutuz prit une coupe sur
un plateau qu’on lui présentait.
    — Quelle
devrait être notre prochaine action, selon toi? Certains de mes conseillers
suggèrent que nous nous retirions, dit-il en jetant un bref coup d’œil aux
hommes regroupés dans le coin du pavillon.
    Baybars
planta son regard dans celui du sultan.
    — Nous
devrions au contraire avancer pour obliger les dernières forces mongoles à se
battre, seigneur. Ils se sont enfuis vers l’est et les, rapports qui viennent
des frontières indiquent que le trône est disputé en Mongolie. Il faudrait
frapper en profitant de la confusion.
    — Cela
pourrait se révéler difficile, intervint l’un des généraux. Le chemin est long
et...
    — Non,
l’interrompit Qutuz. Baybars a raison. Si nous voulons que notre succès soit
total, nous devons frapper pendant que nous le pouvons.
    Il
fit un geste en direction d’un scribe assis à une table.
    — J’ai
écrit une lettre aux souverains occidentaux d’Acre, les informant de notre
victoire et demandant leur soutien pour cette campagne. Qu’un de tes officiers
se rende là-bas et la remette en main propre au grand maître des chevaliers
Teutoniques.
    Baybars
se saisit du rouleau avec réticence. Demander la permission d’entrer sur ces
territoires, des territoires volés, à l’ennemi qui les avait insultés, lui et
tous les Mamelouks durant leur brève halte en Acre quand ils se rendaient en
Palestine ! Alors que l’armée campait à l’extérieur des murs d’Acre, les
chevaliers Teutoniques, un ordre militaire du royaume germanique, avaient
convié Qutuz à festoyer à leur table, dans la forteresse. Le sultan leur avait
alors proposé une alliance militaire contre les Mongols. Les négociations entre
des forces chrétiennes et musulmanes n’avaient rien d’inhabituel. Beaucoup
d’alliances de ce genre avaient été forgées depuis l’époque où les premiers
croisés, sur l’appel de leur pape, étaient venus délivrer la terre du Christ
des infidèles, aiguillonnés aussi bien par la promesse de l’absolution dans la
vie future que par la perspective des terres et des richesses dans celle-ci.
Sur ces nouveaux rivages, ils avaient appris à négocier avec l’ennemi. Du
conflit était né le commerce, et même l’amitié. Mais à ce jour, même si les
souverains de l’Ouest permettaient aux Mamelouks de traverser leurs
territoires, ils continuaient de repousser les propositions

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