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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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te suis reconnaissant pour tout ce que tu as fait, émir Baybars, mais même
si je le pouvais, je ne te donnerais pas un tel joyau.
    — Reconnaissant,
seigneur ?
    Baybars
parlait d’une voix légère, mais ses poings étaient serrés.
    — Si
je n’avais pas été là, vous ne seriez pas assis sur le trône, seigneur.
    Qutuz
se leva d’un bond, faisant voler les coussins.
    — Tu
t’oublies, émir ! Au nom d’Allah, je devrais te faire fouetter !
    Il
alla à grands pas vers le trône et monta sur l’estrade. Puis il s’assit et posa
ses mains sur les têtes de lion.
    — Je
vous demande pardon, seigneur, mais je crois mériter cette récompense.
    — Va-t’en
! cracha Qutuz. Va-t’en et ne reviens pas avant d’avoir réfléchi à ce qui
sépare un sultan d’un général. Tu n’auras jamais Alep, Baybars. Tu m’entends ? Jamais
!
    Baybars
vit que quelques-uns des gardes royaux s’étaient avancés, la main sur le
pommeau de leur sabre. Il se força à s’incliner devant Qutuz, puis sortit du
pavillon, le parchemin toujours serré dans son poing.
    Le
soleil s’était couché et les cadavres mongols brûlaient sur les bûchers.
Baybars traversa le camp au milieu des rires et des acclamations. Quand il
entra dans sa tente, il s’arrêta net. Un officier mamelouk s’y trouvait, un
homme maigre au nez épaté, dont le visage respirait l’honnêteté et la franchise.
    — Émir
! Je ne t’ai pas vu pendant le combat, mais on m’a raconté des dizaines
d’histoires à ton sujet.
    Baybars
tendit ses sabres à un serviteur qui attendait sur le côté. L’officier
s’approcha de lui et l’embrassa, puis il retourna s’asseoir sur une couche,
près d’un coffre où se trouvaient des plateaux de figues et de viandes épicées.
    — Dans
le camp, tous les hommes scandent ton nom. Enlève ton armure et bois avec moi
pour célébrer cet événement.
    — Il
n’est plus temps de célébrer, Omar.
    — Comment
cela ?
    Baybars
regarda ses serviteurs. Celui à qui il avait donné ses armes commençait à les
nettoyer. Deux autres ranimaient la braise et un quatrième versait de l’eau
dans une bassine.
    — Laissez-nous,
leur ordonna-t-il.
    Les
serviteurs eurent l’air étonné, mais en voyant l’expression sur le visage de
leur maître, ils se hâtèrent de décamper. Baybars lança le rouleau sur le
coffre et enleva son armure ensanglantée, qu’il laissa tomber sur le sable.
Puis il s’assit sur la couche et empoigna une coupe de koumys. Il but d’une
traite le lait de jument fermenté, qui lui adoucit la gorge.
    Omar
s’assit face à Baybars.
    — En
dix-huit ans, je ne t’ai jamais vu aussi en colère après une victoire. Quelle
en est la cause, mon ami ?
    — Qutuz.
    Omar
garda le silence pendant que Baybars lui expliquait le refus que lui avait
opposé le sultan. Quand l’émir eut fini, il secoua la tête.
    — De
toute évidence, Qutuz a peur de toi. Ta réputation te précède et il est
conscient de l’importance de l’armée quand il s’agit de détrôner le sultan.
Après tout, lui aussi a pris le pouvoir par la force. Il ne règne que depuis un
an et sa position n’est pas soutenue par tous les régiments. À mon avis, il
pense que tu aurais trop de pouvoir s’il te donnait Alep.
    Omar
leva les bras avec impuissance.
    — Mais
je ne vois pas ce que tu peux faire. La parole du sultan fait loi.
    — Il
doit mourir, grogna Baybars à voix basse.
    — Quoi?
    Baybars
le regarda droit dans les yeux.
    — Je
le tuerai et j’installerai sur le trône un autre souverain. Un souverain qui récompense
ses officiers. Un souverain qui leur apportera les victoires qu’ils méritent.
    Les
yeux d’Omar se portèrent vers l’entrée de la tente. Les battants étaient
ouverts et il pouvait voir dehors les lueurs des torches et les ombres des
hommes qui transportaient leur butin.
    — Tu
ne peux pas penser des choses pareilles, mur-mura-t-il. Dors un peu. Demain est
un autre jour, ta colère sera apaisée.
    — Tu
es un de mes meilleurs officiers, Omar, et tu es comme un frère pour moi. Mais
si c’est ce que tu crois, tu ne me connais pas. Tu étais là quand nous avons
tué Turan Chah l’Ayyoubide. J’ai enfoncé de mes propres mains la lame qui lui a
ôté la vie. Je peux le refaire.
    — Oui,
répondit calmement Omar, j’étais là.
    Et
il vit qu’il n’y avait aucun doute ni aucune hésitation dans les yeux de
Baybars.
    Omar
avait déjà vu ce regard dix ans plus tôt, après une

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