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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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jeunes gens portant des tabliers de maçon apparurent à
l’extrémité de la ruelle, juste devant lui. Ils semblaient légèrement
essoufflés. Hasan comprit qu’ils faisaient partie du groupe. Ils avaient dû
traverser la maison et passer par une ruelle parallèle pour le prendre à
revers. Son appréhension se mua lentement en crainte. L’un des jeunes hommes
semblait nerveux, il reculait, mais les deux autres avaient l’air plus résolus.
    Hasan
s’arrêta.
    — Qu’est-ce
que vous me voulez ? leur demanda-t-il calmement. Je suis pressé.
    — On
ne dirait pas un accent de Lisbonne, Gui, dit l’un des jeunes hommes en face de
lui, s’adressant visiblement à celui qui l’avait provoqué en premier.
    Gui
s’avança avec le reste des apprentis et ils formèrent un cercle autour de
Hasan. Au total, ils étaient neuf. Deux d’entre eux tenaient des torches. Il
pleuvait de plus en plus. Au fond de la place, une gamine était assise sur une
marche devant une petite maison délabrée. Elle tenait dans ses mains une poupée
èn bois qu’elle s’amusait à faire marcher entre ses genoux. A part elle,
l’endroit était désert.
    — Je
connais des gens qui sont allés en Terre sainte, dit Gui d’une voix hostile et
méprisante. On m’a raconté ce que tes semblables font aux femmes et aux enfants
chrétiens là-bas. Et tu crois pouvoir venir ici et marcher dans nos rues,
traverser nos chantiers et nos maisons ?
    Le
roi oblige les juifs à porter des signes distinctifs. Où est le tien, Sarrasin
?
    — Je
suis chrétien, répondit Hasan.
    Il
parlait toujours avec calme, mais il sentait la menace fondre sur lui comme un
vent glacial. Il frémit intérieurement.
    — Tu
crois que notre Dieu voudrait de quelqu’un comme toi ? dit Gui en s’approchant
de lui. Un mouton noir dans Son troupeau ? Le mois dernier, la commanderie des
Hospitaliers a fait porter un message à ma mère. Le message lui apprenait que
son fils, mon frère, est mort le jour où les Sarrasins ont repris la forteresse
d’Arsouf, au royaume de Jérusalem. Il était apprenti maçon là-bas.
    Les
yeux tombant de Gui brillaient à la lumière des torches.
    — Je
ne l’ai jamais vu aussi heureux qu’en montant à bord du navire. Quand ton
sultan, celui que les chevaliers appellent l’Arbalète, en a eu fini avec les
Hospitaliers, il a tué tous ceux qui se trouvaient là. Mon frère a été décapité
et son corps a été brûlé. Il avait quatorze ans. Ma mère ne peut même plus
parler tant le chagrin l’a dévastée. Et toi, un de ses assassins, tu te crois
chez toi dans notre ville.
    — Je
suis désolé, dit Hasan d’une voix aussi posée que possible. Sincèrement. Moi
aussi je connais des gens, de bonnes personnes qui sont mortes dans cette
guerre. Mais je te promets que Baybars Bundukdari n’est pas mon sultan. Je n’ai
jamais combattu pour lui et je ne lui ai jamais fait allégeance. Je suis ici
depuis des années.
    — Il
ment, Gui, dit une voix derrière lui.
    — Je
le jure, répondit vivement Hasan en se tournant vers le jeune homme à l’air
farouche qui avait parlé. Je suis...
    Il
n’acheva pas sa phrase car quelqu’un venait de le pousser dans le dos. Perdant
l’équilibre, il tomba à genoux. Il voulut se relever mais il reçut un coup de
pied dans le flanc et il s’effondra, le souffle coupé. Sans même lui laisser le
temps de se recroqueviller, un déluge de coups sur sa tête, dans son dos et
dans les côtes s’abattit sur lui. Dans les reins, la violence des chocs était
amortie par la présence du livre coincé sous sa ceinture, mais il se tordit
bientôt de douleur dans la vase putride. Les coups finirent par s’arrêter. Gui
se pencha au-dessus de lui. Hasan aperçut son visage déformé par la haine juste
avant que son pied ne revienne le frapper en pleine tête. Il sentit son nez
casser sous l’impact, sa gorge fut instantanément envahie par le sang. Il
gargouilla, pris par la nausée. Quelqu’un criait.
    — Gui,
arrête ! Tu disais que tu voulais juste lui faire peur!
    Hasan
essayait de s’éloigner en rampant. Ses yeux pleuraient de manière
incontrôlable. La forme floue de Gui surgit de nouveau, menaçante. Il passa la
main sous sa cape et saisit la poignée de sa dague. Il la libéra, essuya le
sang qui lui brouillait la vue et tendit la lame vers les jambes de Gui.
    — Attention,
il a un couteau ! cria l’un des maçons.
    Gui
sauta de côté juste à temps pour éviter le coup, puis il

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