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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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recula. Les autres
avaient pris un peu de champ. Le front ruisselant de sang, peinant à respirer,
Hasan réussit néanmoins à se mettre debout, dague tendue droit devant lui. Il
ne voyait presque rien et des vagues de douleur traversaient son corps, mais il
pivota en chancelant pour faire face au groupe d’apprentis qui lui barrait le
chemin. Ils s’écartèrent, effrayés par la lame. Mais comme il essayait de
passer par la brèche ainsi créée, son pied glissa dans la boue et il retomba en
lâchant la dague. Un des maçons hurla quelque chose en se jetant sur lui et en
l’attrapant par les épaules pour l’empêcher de la récupérer.
    — Non
! protesta un autre en voyant Gui se précipiter sur l’arme.
    Celui-ci
essuya la boue en passant la lame sur son tablier et courut vers Hasan, toujours
cloué au sol.
    Une
douleur atroce transperça ses côtes. Gui venait de le poignarder. Il vit les
yeux du jeune homme, remplis d’une rage démente, s’arrondir tandis que la peur
se dessinait sur ses traits. Gui recula en titubant, abandonnant la dague enfoncée
dans le corps de son adversaire.
    — Seigneur,
Gui ! s’exclama l’un des jeunes hommes. Qu’as-tu fait ?
    — Viens
! cria un autre en le tirant par le bras. Partons !
    L’apprenti
qui tenait Hasan le relâcha pour fuir avec ses compagnons. Luttant contre la douleur,
celui-ci tenta de se relever mais il en était incapable et il rampa jusqu’à la
place. Sa main agrippait la poignée de la dague mais il n’avait pas la force de
l’ôter. Le sang jaillissait entre ses doigts tremblants. Le vent rabaissa la
capuche de sa cape. La fillette assise devant la maison le regardait sans
bouger.
    — A
l’aide ! lança-t-il faiblement.
    La
bouche arrondie de la fillette laissa soudain passer un cri, puis elle courut à
l’intérieur en tirant sa poupée par une jambe. Hasan grogna et allongea sa tête
dans la boue tandis que la porte de la maison se refermait. Il pensa à Everard
qui l’attendait à la commanderie. Dans son dos, Le Livre du Graal semblait peser autant qu’une pierre. Il sentit qu’il perdait conscience. Il se
vidait de son sang et ses poumons cherchaient désespérément de l’air. La pluie
dégoulinait le long de ses joues en se mélangeant au sang et aux larmes. Au
loin, les cloches de Notre-Dame commencèrent à sonner l’appel pour les vêpres,
bientôt suivies par les cloches de toutes les églises de la ville, convoquant
les citoyens de Paris aux prières de ce jour de fête.
    — D’après
ce qu’on nous a dit, ça devrait être dans le coin.
    L’homme
qui venait de parler, un certain Baudoin, possédait une musculature imposante
et un visage anguleux surmonté par des cheveux couleur paille. Il descendit de
cheval et passa les rênes à l’un de ses deux compagnons. L’eau ruisselait sur
sa cape écarlate de garde royal.
    — Donne-moi
ça, Lucas, dit-il en désignant la torche que tenait son camarade.
    — Nous
ferions mieux d’appeler le prévôt pour qu’ils s’occupent de cette affaire,
répondit ce dernier en lui tendant la torche.
    C’était
le plus jeune des trois.
    — Quelle
maudite pluie ! ajouta-t-il avec irritation.
    — Ce
n’est pas dans les attributions du prévôt d’enquêter sur les meurtres, répliqua
Baudoin en parcourant du regard la place entièrement plongée dans le noir.
    En
dehors du vent et de la pluie torrentielle, le calme qui régnait sur la place
était presque inquiétant. Il n’y avait aucune lumière aux fenêtres des
immeubles bas et délabrés qui l’entouraient. La plupart des habitants étaient
encore à l’église pour le service du soir. Baudoin s’avança en levant la torche
devant lui, mais la lumière erratique qu’elle diffusait ne suffisait pas à
percer les ténèbres. La pluie le faisait cligner des yeux.
    — C’est
à nous que revient ce triste privilège, dit-il en se tournant vers ses
camarades et en leur adressant une moue de circonstance. Les hommes du bon
vieux capitaine.
    — J’aimerais
bien le voir dehors par ce temps, celui-là, grogna le troisième homme. Je suis
sûr qu’il est posé sur son cul, bien au chaud près du feu.
    — Oh,
je suis sûr qu’il a assez de soucis comme ça, Aimery, avec tout le remue-ménage
causé par le troubadour. Ce soir, je pense qu’il mérite son salaire.
    — D’ailleurs,
rebondit immédiatement Lucas, qu’est-ce qui s’est passé au juste ? J’ai vu une
compagnie de chevaliers discuter avec le roi avant notre

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