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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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pénétra les allées labyrinthiques qui coupaient de part
en part le quartier des marchands. Le Livre du Graal était attaché dans son dos
grâce à sa ceinture, sous sa cape. Ayant vu les chevaux des Templiers attachés
à l’extérieur du palais, il préférait éviter les rues principales.
    La
plupart des ateliers du quartier étaient fermés, leurs propriétaires s’étant
retirés à l’étage, dans les pièces à vivre, afin de se préparer au service de
la Toussaint. Néanmoins, quelques boutiques montraient encore des signes
d’activités. En passant tour à tour devant les ateliers d’un forgeron, d’un
cordier et d’un tanneur, Hasan aperçut les lueurs des feux derrière les volets
fermés et il entendit le bruit du marteau sur l’enclume, d’un balai frottant le
sol et du raclement du métal contre le cuir. Il s’arrêta à un croisement. Le
chemin le plus rapide empruntait une ruelle longeant une église, mais son
entrée était presque entièrement bloquée par un tas de pierres et un
échafaudage installé sur la façade de l’édifice religieux. Après un bref moment
de réflexion, Hasan contourna les pierres et pénétra dans la ruelle, puis il
continua à progresser en sinuant entre les obstacles et en se frottant les yeux
à cause de la poussière tombant des pierres taillées dans la journée. Les
rafales de vent qui s’engouffraient dans le passage rendaient l’échafaudage
branlant. À son sommet, les flammes des torches couvraient les murs d’immenses
ombres mouvantes. Hasan entendit des voix, des rires, puis le cri d’un oiseau.
Après avoir passé l’échafaudage, il s’aperçut qu’un groupe de jeunes gens lui
barrait le chemin. Certains étaient debout, d’autres accroupis en cercle sur le
seuil d’une maison de maçon. Ils portaient tous des tabliers blancs. Les cris
venaient de deux coqs. En s’approchant, Hasan vit qu’on jetait les volatiles au
centre du cercle. Les cris devinrent encore plus aigus et les coqs commencèrent
à tourner l’un autour de l’autre en se donnant des coups de bec et en se
griffant au sang. Derrière l’attroupement, la ruelle débouchait sur une place,
d’où il arriverait rapidement au pont du Temple.
    Hasan
longea le mur à pas de velours pour dépasser le groupe tandis qu’un des
volatiles hurlait à la mort. Il y eut des cris d’acclamation et d’autres de
déception quand il finit par mourir. L’un des jeunes hommes s’empara des pièces
posées sur une barrique. Un autre, qui
    avait
perdu, un garçon qui n’avait sans doute même pas dix-huit ans, poussa un juron
et s’appuya le dos au mur. Il était maigre et avait un visage émacié couvert
d’une barbe de plusieurs jours et de longs cheveux noirs encadraient son
visage.
    Hasan
sentit des gouttes de pluie.
    — Excusez-moi,
murmura-t-il en se faufilant entre le jeune homme aux cheveux noirs et le reste
du groupe.
    Certains
d’entre eux levèrent les yeux dans sa direction.
    — Hé!
    Hasan
regarda derrière lui. Le jeune homme le fixait avec un regard mauvais,
suspicieux.
    — Vous
n’auriez pas dû passer par là. Vous auriez pu faire tomber l’échafaudage.
    — La
prochaine fois, je prendrai un autre chemin.
    Il y
eut un silence.
    — D’où
venez-vous ? demanda le jeune homme.
    Sans
répondre, Hasan continua sa progression au milieu des apprentis maçons qui se
distribuaient les mises.
    — Hé
! lança de nouveau le jeune homme.
    Hasan
regarda derrière lui et vit que le jeune homme s’était redressé. Le reste du
groupe avait maintenant les yeux tournés dans sa direction.
    — Je
vous ai demandé d’où vous venez.
    — De
Lisbonne, répondit Hasan en hochant poliment la tête. Bonne soirée à vous.
    — Si
vous venez de Lisbonne, moi je viens directement du Paradis.
    Hasan
ne s’arrêtait toujours pas. Il entendit un murmure de voix incohérent dans son
dos et quelques ricanements.
    — J’ai
déjà vu des hommes comme toi.
    Le
jeune homme avait parlé plus fort, avec l’envie évidente d’en découdre. Hasan
l’entendit piétiner dans la boue.
    — Ils
ne venaient pas de ce côté de la mer, insinua le garçon.
    Juste
avant d’arriver au bout de la ruelle, Hasan jeta un bref coup d’œil par-dessus
son épaule. Le jeune homme le suivait encore, sans se presser, mais avec
détermination. Plusieurs de ses compagnons lui avaient emboîté le pas. Le
groupe accaparé par le combat de coqs avait singulièrement diminué. Hasan
accéléra mais trois

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