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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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joues
de Pierre.
    — S’ils
ne trouvent pas le livre là-bas, ils les dévêtiront et les attacheront à un
pieu sur la place principale. Ton père Jean, ta mère Éléonore et tes sœurs,
Aude et Catherine. Ils les badigeonneront d’huile et les feront brûler vifs,
avec une lenteur telle qu’ils verront leur chair calciner et leurs os noircir,
et...
    —
Non ! Mon Dieu ! Je l’ai mis dans mon sac tout à l’heure ! J’étais dans ma
chambre, je l’ai mis dans mon sac. Je le jure !
    Gilles,
qui n’avait pas entendu ce que Nicolas avait dit, parut impressionné par
l’expression d’épouvante sur le visage de Pierre.
    — Alors
où est-il? demanda le moine tandis que Nicolas se redressait.
    — Je
ne sais pas ! Il ne m’a pas quitté ! Il devrait être ici, je ne comprends pas
ce qui a pu...
    Pierre
n’acheva pas sa phrase.
    — Quoi
? le pressa Nicolas.
    Pierre
leva la tête.
    — Il
y avait une fille, une domestique. Elle est venue dans ma chambre, elle voulait
parler de poésie.
    — C’est
elle qui l’aurait pris ? C’est ce que tu penses ?
    — J’ai
quitté la chambre un moment. Elle n’a été seule que quelques secondes, mais...
    Pierre
hocha la tête.
    — Oui,
c’est elle qui doit l’avoir pris, affirma-t-il.
    — Qui
est-ce ? continua Gilles.
    — Grâce.
    — Un
instant, frère, lança Nicolas à Gilles, qui partait déjà. A quoi
ressemble-t-elle ? demanda-t-il à Pierre.
    — Grande.
Fine. Blonde, avec de longs cheveux. Jolie.
    Nicolas
s’approcha de Gilles.
    — Il
doit y avoir des centaines de domestiques, frère, fit-il calmement. Je vais trouver
l’intendant en chef et l’interroger à propos de cette fille. Je suggère que
vous emmeniez le troubadour dans sa chambre et que vous la fouilliez pour être
sûr qu’il n’a pas oublié le livre par mégarde. D’ailleurs, il ment peut-être,
il se peut qu’il l’ait simplement caché. En outre, je suppose que le roi est
maintenant au courant que nous sommes ici. Il voudra des explications.
    Gilles
appréciait modérément le ton directif de Nicolas, mais il hocha la tête avec
raideur en signe d’acceptation.
    — Très
bien. Mais si vous trouvez la fille, amenez-la-moi. Je veux l’interroger
moi-même.
    — Comme
vous voudrez.
    Nicolas
attendit que les chevaliers et les deux dominicains aient quitté la salle en
traînant Pierre derrière eux, puis il alla demander aux domestiques qui se
trouvaient encore là où étaient situés les quartiers de l’intendant. Ensuite,
il traversa un dédale de couloirs remplis de courtisans et de personnages à
l’allure officielle, ignorant les regards de curiosité que son manteau lui
attirait. Mais quand il arriva à la chambre de l’intendant - une pièce exiguë
mais bien aménagée au rez-de-chaussée -, celui-ci n’y était pas. Nicolas
s’arrêta un instant, se demandant s’il valait mieux chercher son homme dans le
palais ou l’attendre ici. Une légère brise passait à travers les fenêtres
flanquant le long couloir sinistre. Le crépuscule approchait et le ciel était
chargé de lourds nuages. Les fenêtres donnaient sur un passage étroit; entre
deux murs, qui séparait le palais de la Seine d’un côté, et des rues de la Cité
de l’autre. L’enceinte comportait quelques ouvertures, et l’une d’entre elles
menait vers les berges. Nicolas, que le mur n’empêchait pas de voir jusque-là,
vit une silhouette en cape grise quitter le palais à grandes enjambées en
longeant une rangée de chênes près du fleuve. L’homme jeta un bref coup d’œil
par-dessus son épaule, puis il disparut derrière les arbres. Malgré la lumière
déclinante de cette fin de journée, Nicolas avait parfaitement aperçu sa peau
bronzée.

 
    Chapitre 24
    Dans les rues, Paris
     
    1 er novembre 1266 après J.-C.
     
    Après
avoir pris un raccourci par les berges de la Seine pour couper vers le pont,
Hasan traversa le fleuve et pénétra dans les venelles tortueuses de la
capitale. Dans l’obscurité qui s’épaississait, il se fraya un chemin à travers
la foule de gens rentrant chez eux après leur journée de travail. Le vent, qui
n’avait cessé d’enfler durant l’après-midi, faisait claquer sa cape derrière
lui. Le sol boueux était labouré par les traces de pas et de sabots, ainsi que
par les profonds sillons qu’y avaient laissés les roues des charrettes. Dans le
ciel, de lourds nuages cuivrés menaçaient de crever. Se dirigeant vers la
muraille au nord, Hasan

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