Le livre du cercle

l’extérieur duquel
étaient entreposées des bottes de foin - les écuries.
    En
sortant du cimetière, ils virent un groupe de chevaliers devant le bâtiment en
face de l’écurie. Will vérifia que les croix sur sa tunique et sur celle de
Simon étaient bien cachées, puis il pénétra dans la cour.
    — Agis
normalement, souffla-t-il à Simon, qui jetait des regards furtifs aux hommes.
    Les
chevaliers ne prêtèrent aucune attention aux deux jeunes gens qui traversaient
la cour. Ils entrèrent dans l’écurie.
    Will
scruta à l’intérieur, tout en plissant les yeux le temps de s’accoutumer à
l’obscurité. Un garçon d’environ douze ans, assis sur un banc un peu plus loin,
était occupé à polir une rangée de selles.
    — Vérifie
le reste de l’écurie, murmura Will à Simon en s’approchant du garçon.
    — Vérifier?
demanda Simon d’un air perplexe, C’est-à-dire ?
    — Pour
être sûr qu’il n’y a personne d’autre, répondit Will en souriant.
    Le
garçon s’arrêta de polir les selles et leva les yeux dans leur direction.
    — Puis-je
vous aider, messire ? demanda-t-il d’une voix d’enfant, haut perchée.
    — J’espère
bien, répondit Will en continuant à sourire. Tu viens de seller quatre
destriers pour des chevaliers, n’est-ce pas ?
    — Oui,
messire, répondit le garçon en hochant la tête.
    — Peux-tu
me dire où ils se rendaient ?
    Le
garçon regardait Simon, qui avançait dans l’écurie en inspectant les stalles.
    — Qui
êtes-vous ? demanda-t-il en fronçant les sourcils. Je ne vous ai jamais vus
avant.
    — Nous
sommes nouveaux, dit Will. Ces chevaliers. Dis-moi où ils allaient.
    Le
garçon posa son chiffon, visiblement perplexe.
    — Je
pense que vous feriez mieux de demander au maréchal.
    Il
se leva et fit mine de sortir.
    — Je
vais aller le chercher, annonça-t-il.
    D’une
poigne solide, Will l’attrapa par le bras.
    — Pas
la peine de le déranger.
    — Lâchez-moi
! paniqua le garçon. Vous me faites mal !
    — Seigneur,
Will ! protesta Simon tandis que son ami tirait le garçon et le plaquait contre
la porte d’une stalle.
    Malgré
son jeune âge, il se débattait.
    — Je
ne vais pas te faire de mal, le rassura Will, mais j’ai besoin de savoir où
vont ces chevaliers. Tu dois me le dire, c’est très important.
    — Lâchez-moi,
s’il vous plaît, fit le garçon d’une petite voix.
    Ses
lèvres commençaient à trembler.
    — Will...
commença Simon, qui observait la scène, éberlué.
    Mais
Will lui jeta un regard noir et il se tut, effrayé par ce qu’il y lisait.
    — Dis-le-moi,
insista Will en ouvrant légèrement sa cape pour que le garçon puisse voir son
fauchon.
    — La...
La Rochelle, balbutia le garçon, effrayé. Ils vont à La Rochelle. Je les ai
entendus parler d’Acre et du grand maître.
    — Acre
?
    — C’est
tout ce que je sais, pleurnicha le garçon.
    Will
l’étudia un moment, puis il hocha la tête.
    — Entre
là-dedans, lui ordonna-t-il en déverrouillant la porte d’une stalle et en
poussant le garçon à l’intérieur.
    Le
garçon fit ce qu’on lui demandait. En quittant l’écurie, ils l’entendirent se
mettre à pleurer.
    — Je
n’arrive pas à croire que tu aies fait ça, marmonna Simon tandis qu’ils
traversaient le cimetière en sens inverse.
    — Il
n’a rien, répondit Will d’un air distrait.
    Simon
s’arrêta.
    — Tu
n’avais pas besoin de lui faire peur à ce point !
    Will
se retourna, regardant son ami d’un air impatient.
    — Allez,
Simon. Nous devons rentrer à la commanderie.
    Il
prit son ami par les épaules.
    — Je
n’ai pas fait ça par plaisir. J’y étais obligé, sinon il aurait fui et serait
allé chercher le maréchal, et où en serait-on maintenant? Probablement dans une
geôle, comme tu disais.
    Simon
ne dit rien, se contentant de le suivre en silence.
    Quand
ils passèrent la porte du Temple pour remonter la rue du même nom, la matinée
était finie. En ce début d’après-midi, le vent se faisait plus fort et des
nuages venus de l’est avançaient dans le ciel à toute vitesse, projetant leurs
ombres démesurées sur la colline. Ils arrivaient à proximité de la commanderie
quand la cloche de la chapelle se mit à sonner.
    Mais
ce n’était pas le lent et retentissant appel à la prière, c’était une alarme
frénétique. Will eut un mauvais pressentiment.
    Quand
Simon et lui pénétrèrent dans la cour principale, ils virent un groupe de
chevaliers entrer à la