Le livre du cercle
court
silence de réflexion.
Garin
le regarda droit dans les yeux.
— Utilisons
Elwen.
Chapitre 28
Dans les rues, Paris
2 novembre 1266 après
J.-C.
— Est-ce
que tu vas me dire précisément de quoi il s’agit ? demanda Simon d’une voix
haletante tout en luttant pour suivre Will.
La
rue était bondée et ils devaient sans cesse contourner les groupes de gens
agglutinés devant les étals. C’était jour de marché et la ville entière
semblait livrée aux marchands et aux négociants de tous acabits.
-—
Tu ne m’as pas tout dit, c’est évident.
— Je
ne peux pas t’en dire plus, répondit Will en lui jetant un coup d’œil.
Il
se sentait coupable de mêler Simon à tout ça sans même lui fournir
d’explication, mais Everard avait insisté pour qu’il emmène quelqu’un qui
puisse surveiller ses arrières. Simon était le seul à qui il pouvait confier
cette responsabilité les yeux fermés. Avoir son ami à ses côtés en ces
circonstances lui donnait un peu plus d’assurance.
— N’affronte
pas Navarre seul, l’avait averti le prêtre pendant que Will attachait le
fauchon à sa hanche, quand ils étaient revenus à la commanderie.
Il
avait posé sa main noueuse sur l’épaule de Will.
— Je
compte sur toi. Rapporte-moi le livre et je jure de te faire chevalier.
— Nicolas
de Navarre, un traître ? fit Simon, le souffle court.
La
course le mettait en sueur.
— J’ai
du mal à y croire, reprit-il. Ce livre qu’il a volé, qu’est-ce que c’est au
juste ?
— C’est
un texte d’une extrême importance qui appartient à Everard. On pense qu’il veut
le vendre, comme je t’ai dit, c’est pour ça que nous devons nous dépêcher.
— Et
c’est nous qu’il envoie pour le récupérer? dit Simon, incrédule. Je ne
comprends pas. Pourquoi est-ce qu’il n’envoie pas des chevaliers armés ? Est-ce
qu’il va poser des problèmes, Will ? Tu sais bien que je ne sais pas me battre.
— Ce
n’est pas pour ça que j’ai besoin de toi. Si nous sommes deux, Nicolas
cherchera moins la confrontation.
Will
espérait que ce serait vrai. Il pensait être bon à l’épée mais il n’avait
aucune idée des capacités de Nicolas, et surtout, il ne se faisait aucune
illusion sur ses chances face à une arbalète. D’ailleurs, il n’aurait
l’occasion de le savoir que si celui-ci s’était rendu à la commanderie des
Hospitaliers. S’il n’était pas là, Will n’avait aucune idée de l’endroit où il
pourrait le trouver.
— On
serait arrivés plus vite en cheval, dit Simon.
Will
préféra ne pas répondre. Simon n’était pas dans les écuries quand Everard et
lui étaient revenus du lazaret sans les deux palefrois avec lesquels ils
étaient partis. Everard avait dû expliquer au maître d’écurie que leurs
montures avaient été volées, et celui-ci avait refusé de leur donner de
nouveaux chevaux avant d’avoir rempli un rapport pour le visiteur. C’est pour
cette raison que
Simon
et lui couraient maintenant vers la commanderie de Saint-Jean.
Will
se détestait de mettre son ami en danger. Mais au-delà de sa culpabilité, il
avait l’esprit clair et déterminé. Il avait l’initiation en ligne de mire et,
pour la première fois depuis des années, pour la première fois tout court
peut-être, il avait un but. La promesse qu’il s’était faite d’aller en Terre
sainte et d’y retrouver son père n’était plus un rêve, désormais. C’était réel.
Encore plus important à ses yeux, il faisait enfin quelque chose dont son père
serait fier. L’absolution n’était pas seulement accessible : elle lui
paraissait inévitable. Quel meilleur moyen de réparer ses fautes qu’en sauvant
l’Anima Templi et qu’en amenant la paix en Outremer ? Quoi qu’il arrive, il
mettrait la main sur ce livre. Il ne laisserait pas Nicolas tout gâcher, aussi
compréhensible et justifiée que puisse sembler sa colère. Lui aussi attendait
ce moment depuis des années.
Ils
sortirent enfin de la foule du marché et accélérèrent leur course. Devant eux,
Will voyait les tours grises de la commanderie se dresser par-dessus les toits
des maisons et le mur d’enceinte. Il s’enveloppa de sa cape noire pour cacher
la croix rouge de sa tunique, puis s’engagea dans un passage débouchant sur une
rue qui longeait la commanderie. Simon luttait pour rester à sa hauteur. Au
bout de l’allée étroite, Will aperçut les grilles. Elles étaient ouvertes.
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